Des militaires ukrainiens participent à un exercice d'entraînement militaire dans la région de Donetsk, le 8 juin 2023. / Photo: AFP (AFP)

La vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Maliar, a publié lundi une photo montrant des soldats hissant le drapeau ukrainien dans le village de Storojeve, à Donetsk, et a remercié la 35e brigade de marines pour avoir libéré ce village.

Les autorités de Kiev ont instauré le silence sur leurs opérations et ont exhorté les Ukrainiens à ne divulguer aucune information susceptible de compromettre les chances d'une contre-offensive majeure, destinée à reprendre des territoires occupés dans le sud et l'est du pays.

La Russie estime que cette contre-offensive est un échec jusqu'à présent. Elle a publié des images de véhicules de combat et de chars de fabrication américaine et allemande détruits.

L'Ukraine a dit dimanche avoir libéré trois villages - Blahodatne, Neskutchne et Makarivka - situés à la limite de la région de Donetsk, à côté de la région de Zaporijjia.

L'avancée, si elle est confirmée, semble modeste, Makarivka se trouvant à environ 5 km de la ligne de front et à 90 km du pont terrestre qui relie la Russie à la péninsule annexée de Crimée, au sud de la mer d'Azov.

Selon des blogueurs militaires russes, les combats pour Makarivka font toujours rage, mais les forces ukrainiennes ont bien repris Blahodatne et Neskutchne.

L'état-major des forces armées ukrainiennes a fait état de 25 batailles au cours des dernières 24 heures près de Bakhmout, Avdiivka et Maryinka dans la région de Donetsk, et près de Bilohorivka dans la région de Louhansk.

Les forces ukrainiennes continuent de se battre sur les flancs de Bakhmout et ont repoussé les forces russes de 700 mètres, a précisé Serhi Tcherevatyi, porte-parole du commandement militaire de l'Est.

La Russie a construit de vastes fortifications pour se défendre contre une attaque des troupes ukrainiennes entraînées et équipées par les pays occidentaux.

Navire russe attaqué

Il s'agit des premiers gains territoriaux annoncés depuis des mois par l'Ukraine hormis les quelques centaines de mètres récemment repris en périphérie de Bakhmout, une ville dévastée de la région de Donetsk, dont Moscou avait revendiqué la conquête en mai.

Restant évasif, le président Zelensky avait admis samedi que son armée menait des "actions de contre-offensive", tout en ne voulant pas en parler en détail.

Son homologue russe Vladimir Poutine avait quant à lui assuré un jour plus tôt que la grande offensive ukrainienne attendue depuis des mois avait "commencé" mais que les forces de Kiev n'étaient "pas parvenues à atteindre leurs objectifs" après plusieurs jours de féroces combats.

Le ministère russe de la Défense a assuré que l'Ukraine avait attaqué, sans succès, dans la nuit de samedi à dimanche un navire de guerre russe qui patrouillait en mer Noire.

Selon lui, toutes les vedettes téléguidées ukrainiennes ont été détruites et le bâtiment russe, le Priazovié, n'a pas été endommagé.

Échange de prisonniers

Le ministère ukrainien de la Défense a annoncé lundi 12 juin 2023 qu’un échange de prisonniers avait eu lieu entre Kiev et Moscou. “95 défenseurs ukrainiens ont été libérés de la captivité russe”, a indiqué le communiqué, relayé sur les réseaux sociaux. Le nombre de soldats russes remis au Kremlin n’a en revanche pas été précisé. Le lieu de l’échange a été tenu secret.

Les évacuations continuent

Dans le sud de l'Ukraine, les évacuations se poursuivent après la soudaine montée des eaux causée par la destruction du barrage hydroélectrique de Kakhovka, dont les deux camps se rejettent la responsabilité.

D'après les derniers chiffres en date, dimanche soir, fournis par le ministre ukrainien de l'Intérieur Igor Klymenko, 2.722 personnes, dont 205 enfants, ont été évacuées de la région méridionale de Kherson et 982 autres, dont 167 enfants, de la province voisine de Mykolaïv.

Mais sept personnes ont péri et une trentaine sont toujours portées disparues à la suite de ces inondations dans les territoires qui se trouvent sous contrôle de Kiev.

Au total, 77 localités ont été envahies par les eaux, dont 14 dans les territoires occupés, a dit M. Klymenko, selon lequel 162.000 personnes sont en outre sans eau courante en amont du barrage de Kakhovka.

Dans les zones aux mains des Russes, les responsables installés par Moscou ont quant à eux fait état cette semaine de plus de 7.000 personnes évacuées ainsi que de huit morts et 13 disparus en liaison avec ce même drame.

A Kherson, la capitale régionale, l'eau a commencé à refluer dans certains quartiers, malgré la pluie, ont constaté des journalistes de l'AFP.

De premiers habitants de cette cité sont rentrés chez eux pour constater des dégâts, à l'exemple d'Oleksiï Guessine, 60 ans, qui revoit son épicerie dans le centre-ville pour la première fois en six jours.

Chaussé de bottes en caoutchouc, il enlève à la pelle les déchets et la terre qui s'y sont accumulés.

"Les dégâts sont considérables. Dans le magasin, j'avais de l'eau jusqu'à la poitrine, tout ce qui était en dessous a été endommagé", raconte-t-il à l'AFP.

Selon une employée du centre météorologique de Kherson, Laura Moussian, le niveau de l'eau a diminué localement d'1,7 mètre.

"Il pourrait y avoir à nouveau de fortes pluies, ce qui pourrait considérablement ralentir le rythme de la décrue", a-t-elle toutefois ajouté.

L'inquiétude porte aussi sur une possible contamination des eaux, celles-ci ayant englouti au moins trois cimetières, des terminaux de stockage de pétrole et des décharges, a dit le procureur général ukrainien Andriï Kostine.

Près de 450 tonnes d'huile de turbine se sont aussi déversées dans le Dniepr puis la mer Noire, a-t-il précisé.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a quant à elle réitéré dimanche, face à des données divergentes, sa demande d'accès au site où est mesuré le niveau de l'eau du réservoir servant à refroidir les réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporijjia, située à 150 km en amont du barrage détruit et occupée par les Russes.

Agences