Liberté d’expression en Occident: des journalistes pro-palestiniens licenciés / Photo: Reuters (Reuters)

Le célèbre caricaturiste Steve Bell, a été brusquement licencié, après 42 ans de service pour Le Guardian, à la suite de la publication d'une caricature du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Bell a expliqué que la caricature mettant en scène Netanyahu s'apprêtant à se faire opérer, avec les contours de Gaza visible sur son ventre, a été rejetée pour avoir prétendument évoqué en filigrane le thème antisémite de la "livre de chair", en référence au personnage juif Shylock dans le Marchand de Venise de Shakespeare.

Loin d'être antisémite, la caricature s'inspire en fait de celle de David Levine, datant de 1966 et représentant le président américain Lyndon Johnson, célèbre pour avoir soulevé sa chemise afin de montrer la cicatrice laissée par son opération de la vésicule biliaire.

"Cela n'a aucun sens, car il n'y a aucune référence à cette pièce dans ma caricature. L'image elle-même a été inspirée par la caricature du regretté et grand David Levine représentant le président Lyndon Johnson (LBJ) montrant sa cicatrice d'opération, dessiné sous la forme d'une carte du Viêt Nam", a expliqué Bell.

“La guerre non déclarée des États-Unis dans ce pays d'Asie du Sud-Est s'est avérée être l'un des problèmes les plus épineux auxquels Johnson a été confronté, et l'un de ceux qui lui ont causé le plus de tort, un peu comme le conflit de Gaza pour Netanyahu”, estime le caricaturiste.

“Nous avons pris la décision de ne pas renouveler son contrat. Les dessins de Steve Bell ont joué un rôle important dans Le Guardian au cours des 40 dernières années, nous le remercions et lui souhaitons une bonne continuation", a déclaré un porte-parole du Guardian News and Media concernant ce licenciement soudain.

Un journaliste sportif de Phlliyvoice licencié

Le journaliste sportif de PhillyVoice, Jackson Frank, a été licencié après avoir tweeté sa "solidarité" avec la Palestine après les bombardements ininterrompus de la bande de Gaza par l’armée israélienne, depuis l’opération lancée le 7 octobre par le bras armé du Hamas contre des colonies et positions à l’intérieur des territoires occupés.

Jackson Frank, qui couvrait l'équipe de basket-ball professionnelle des Philadelphia 76ers, "n'est plus employé par PhillyVoice.com" après avoir exprimé son soutien à la cause palestinienne sur la plateforme X, a déclaré au New York Post Hal Donnelly, directeur du site.

Pourtant, il ne faisait que répondre à un tweet de l'équipe de basket qui, elle, n'hésitait pas à afficher son soutien à Israël avec le hashtag #StandWithIsrael:

"Nous sommes aux côtés du peuple d'Israël et nous nous joignons à lui pour pleurer les centaines de vies innocentes perdues à cause du terrorisme aux mains du Hamas"

La BBC lance une enquête sur 7 journalistes

La BBC a lancé une enquête "urgente" sur sept journalistes travaillant pour son service arabe au Moyen-Orient après qu'ils ont exprimé leur solidarité avec la Palestine sur les réseaux sociaux.

Six reporters et un pigiste ont été accusés de “partialité anti-israélienne”, et la société financée par les contribuables a déjà confirmé que l'un d'entre eux ne travaillerait plus pour la BBC.

Mahmoud Sheleib, Aya Hossam, Sally Nabil, Salma Khattab, Sanaa Khouri, Nada Abdelsamad et Amr Fekry, sont les sept journalistes faisant l'objet d'une enquête, a rapporté dimanche le quotidien MailOnline.

L'un des journalistes est accusé d’avoir qualifié de "matin d'espoir", les attaques du Hamas le 7 octobre, d’autres d’avoir “liké” des posts qualifiant les sionistes d’“usurpateur” ou encore décrivant le Hamas comme des “combattants de la liberté” et non pas de “terroristes”.

Pour autant, Deborah Turness, directrice générale de BBC News and Current Affairs, a défendu la position éditoriale de la chaîne britannique en évitant de qualifier le Hamas de terroriste, affirmant que "ce n'est pas à [nous] de déclarer si un groupe est terroriste ou non".

Ce n’est pas la première fois qu’après une crise israélo-palestinienne, des journalistes font face à des licenciements dans des grandes chaînes d’informations en Occident.

En 2018, Marc Lamont Hill avait été licencié de la CNN après avoir plaidé pour une “Palestine libre”, tandis qu’en 2021 le Guardian a licencié Nathan Robinson pour avoir critiqué une aide militaire des Etats-Unis à Israël. En 2022 Katie Halper a connu le même sort, alors qu’elle travaillait pour The Hill Tv, après avoir qualifié l’Etat israélien de “régime d’apartheid”.


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