A BBC presenter reports from outside the BBC headquarters in London / Photo: Reuters (Reuters)

Le document, intitulé Media Bias Gaza 2023-24, met en lumière de "graves partialités dans le traitement médiatique" du conflit israélo-palestinien au Royaume-Uni, souligne le Centre for Media Monitoring (CfMM), une initiative du Conseil musulman de Grande-Bretagne (MCB).

Cette analyse approfondie constate que la majorité des chaînes de télévision britanniques favorisent de manière disproportionnée "le droit d'Israël à se défendre", éclipsant considérablement les droits des Palestiniens dans une proportion de cinq à un.

"Lors des émissions télévisées, les perspectives israéliennes étaient mises en avant près de trois fois plus souvent que celles des Palestiniens. Sur les plateformes d'actualités en ligne, cette proportion atteignait presque le double", indique le rapport.

Ce dernier ajoute que les médias emploient un "langage émotif" pour décrire les Israéliens comme victimes d'attaques onze fois plus souvent que les Palestiniens. Par ailleurs, 76% des articles en ligne cadrent le conflit comme une "guerre Israël-Hamas", tandis que seulement 24% évoquent la "Palestine" ou les "Palestiniens", signalant ainsi une absence de contexte notable.

"Les voix pro-palestiniennes sont mal représentées et diabolisées par les médias, perpétuant ainsi des stéréotypes préjudiciables", déclare le rapport. Il précise que les chaînes d'information et les publications britanniques conservatrices sont particulièrement enclines à dépeindre à tort les manifestants pro-palestiniens comme antisémites, violents ou soutenant le Hamas.

Le rapport révèle également que sur 361 clips d'actualités télévisées analysés, les termes "décapité" et "bébés" apparaissent fréquemment, et près de la moitié de ces mentions se trouvent sur les chaînes conservatrices britanniques Talk TV (27%) et GB News (20%), Sky News représentant 14% de ces références. Cette étude, qui a examiné 176 627 clips télévisés diffusés par plus de 13 chaînes et 25 515 articles de plus de 28 sites d'actualités en ligne britanniques, constate aussi que les reportages télévisés mentionnent les perspectives israéliennes presque trois fois plus (4 311 mentions) que les perspectives palestiniennes (1 598 mentions).

Dans le domaine de l'actualité en ligne, les chiffres montrent une disproportion similaire (2 983 mentions contre 1 737).

Le rapport souligne une tendance inquiétante dans l'usage du langage médiatique, mettant en exergue de manière disproportionnée la souffrance israélienne tout en minimisant les victimes palestiniennes.

Il aborde également la question de l'islamophobie, notamment après une augmentation de 335% des crimes haineux islamophobes depuis le 7 octobre.

"Fondamentalement, les Palestiniens devraient être représentés comme des êtres humains jouissant pleinement de droits inaliénables, à l'instar de tous les peuples. Cela implique également de reconnaître comment ces droits ont été restreints dans un conflit perpétuel qui remonte à plusieurs décennies avant le 7 octobre 2023", explique Faisal Hanif, auteur principal du rapport.

"Alors que les organisations médiatiques abordent les complexités du conflit, il est primordial de respecter les principes d'équité, de précision et d'inclusivité, en veillant à ce que toutes les voix soient entendues et toutes les perspectives représentées", affirme Rizwana Hamid, directrice du CfMM.

Il est utile de rappeler qu’Israël a lancé une offensive militaire meurtrière contre la bande de Gaza suite à une attaque, le 7 octobre 2023, par le groupe palestinien Hamas, que Tel Aviv accuse d'avoir tué près de 1 200 personnes.

Plus de 30 700 Palestiniens ont été massacrés et plus de 72 000 autres blessés, dans un contexte de destruction massive et de pénuries.

Israël a également imposé un blocus dévastateur sur la bande de Gaza, plongeant sa population, notamment dans le nord, dans une situation de quasi-famine.

Le conflit a forcé 85% de la population de Gaza à se déplacer à l'intérieur de l'enclave, face à des pénuries sévères de nourriture, d'eau potable et de médicaments, et à l’endommagement ou la destruction de 60% des infrastructures, selon l'ONU.

Israël est accusé de génocide devant la Cour internationale de Justice (CIJ). Une décision provisoire en janvier dernier a enjoint Tel Aviv de cesser ses actes génocidaires et de prendre des mesures pour garantir l'acheminement de l'aide humanitaire aux civils de Gaza.

AA