Les Britanniques sur le point de connaître le nom du nouveau Premier ministre (Reuters)

L'issue du vote, ouvert aux quelque 200.000 membres du Parti conservateur, laisse peu de place au suspense tant la cheffe de la diplomatie Liz Truss est en avance dans les sondages face à l'ancien ministre des Finances Rishi Sunak.

La ministre de 47 ans, restée fidèle jusqu'au bout à Boris Johnson quand les démissions au sein de l'exécutif se comptaient par dizaines début juillet, deviendra sauf coup de théâtre la quatrième Première ministre britannique depuis le référendum du Brexit en 2016, la troisième femme à ce poste après Margaret Thatcher et Theresa May dans l'histoire du Royaume-Uni.

Après la fin du vote des adhérents vendredi soir, l'annonce du successeur de Boris Johnson, poussé à la démission après une série de scandales et de mensonges, est prévue à 12H30 (11H30 GMT).

Le nouveau locataire de Downing Street prend ses fonctions dans un contexte économique et social explosif, avec une inflation qui dépasse les 10% et devrait encore considérablement augmenter, et une hausse exorbitante des factures d'énergie qui menace les familles comme les écoles, les hôpitaux et les entreprises.

Inflation et grogne sociale

La politique économique s'est naturellement retrouvée au centre de cette longue campagne, marquée très à droite, mais a parfois semblé déconnectée de l'aggravation dramatique de la crise pendant l'été.

Liz Truss a séduit en promettant des baisses d'impôt massives et adoptant un ton très dur contre les syndicats. De son côté, Rishi Sunak, richissime ancien banquier, a perdu des points en prônant un réalisme économique loin des "contes de fées" et a été vu comme un technocrate donneur de leçons incapable de comprendre les difficultés des ménages britanniques.

Dimanche, Mme Truss a assuré sur la BBC qu'élue, elle agirait "dès la première semaine" pour aider les Britanniques avec leurs factures d'énergie, refusant toutefois de préciser la nature concrète des mesures qu'elle comptait prendre.

Elle a aussi souligné qu'elle présenterait "d'ici un mois" un projet de réforme fiscale pour faire face à la crise.

Si elle a séduit la base du parti au pouvoir depuis 12 ans au Royaume-Uni, 52% des Britanniques estiment qu'elle sera une piètre voire terrible Première ministre selon un récent sondage YouGov. Pas sûr donc que ces vagues promesses suffisent à calmer la grogne sociale qui agite le pays comme jamais depuis les années Thatcher (1979-1990).

Le pays a connu ce qui a été qualifié d'"été du mécontentement", avec de multiples grèves dans les transports, les services postaux, les hôpitaux, chez les avocats pénalistes et d'autres secteurs encore.

Agir vite

Et ce dans une période de quasi-vacance du pouvoir, avec un Premier ministre démissionnaire qui a brillé par son absence, refusant de prendre des mesures pour soulager les Britanniques, ratant des réunions importantes et partant à deux reprises en voyage à l'étranger avec sa famille.

Mais si les deux candidats conservateurs se sont évertués à prôner un "changement" après l'ère Johnson marquée par les scandales, l'ancien Premier ministre manque déjà à une partie des adhérents du Parti conservateur - plus masculins, âgés et blancs que la moyenne des Britanniques.

Boris Johnson a refusé de soutenir publiquement l'un ou l'autre des prétendants et estimé dimanche dans un message d'adieu dans le Sunday Express qu'il était temps de "soutenir le nouveau dirigeant de tout notre coeur", estimant qu'ils étaient tous les deux "plus que capables" d'occuper le poste.

Il n'a toutefois pas écarté un retour en politique.

Il ira dès mardi remettre sa démission à Elizabeth II dans sa résidence d'été de Balmoral en Ecosse, une première pour la souveraine de 96 ans qui a du mal à se déplacer et ne fera pas le voyage à Londres.

Son successeur suivra pour devenir le 15e chef de gouvernement des 70 ans de règne de la monarque, avant de rentrer à Londres pour prononcer son premier discours devant le 10, Downing Street, former son gouvernement et affronter mercredi le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer pour la première fois au Parlement.

AFP