Législatives en France : Macron cible Mélenchon (AFP)

Plutôt en retrait depuis sa réélection le 24 avril, le président Macron est monté au créneau face à la montée en puissance de M. Mélenchon et de son alliance de partis de la gauche française qui pourraient l'empêcher d'avoir une majorité absolue dans la prochaine Assemblée nationale.

Il s'est rendu en région parisienne, à Clichy-sous-Bois, terre favorable à M. Mélenchon, où il a fustigé lors d'un bain de foule le projet de son opposant et assuré que le pays avait "besoin de stabilité et d'ambition".

"Il y a 35 fois le mot interdit. Leur projet explique aux gens qu'on va leur interdire de couper les arbres chez eux. Il y a 20 taxations nouvelles. Ce n'est pas un bon projet pour le pays", a lancé M. Macron, reprenant les arguments déroulés par son camp depuis le week-end face à cette alliance qui regroupe les socialistes, les communistes, les écologistes et le parti de M. Mélenchon, la France insoumise.

M. Macron devait continuer à faire campagne jeudi dans le sud-ouest du pays pour y évoquer la thématique de la sécurité.

Il s'agira seulement de son quatrième déplacement en France depuis son investiture pour un second mandat début mai, alors que l'atonie de la campagne a semé l'inquiétude dans son propre camp.

Le chef de file de la gauche radicale s'est imposé dans la campagne comme le principal opposant à M. Macron. À 70 ans, ce vieux routier de la vie politique française se dit convaincu de pouvoir conduire sa coalition à la victoire et d'imposer une cohabitation au président centriste libéral.

Le programme de Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième à la présidentielle, représente "une catastrophe pour la France", a estimé mercredi sur la chaîne CNews la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

En début de semaine, le chef du parti présidentiel, Stanislas Guérini, avait battu la charge contre le "cartel mélenchoniste", agitant la menace de "la sortie déguisée de l'Europe, la sortie de l'Otan" et "du nucléaire".

Ce front anti-Mélenchon intervient dans le sillage des résultats du vote au premier tour des Français résidents à l'étranger le week-end dernier, qui ont placé les candidats de la majorité présidentielle en tête mais où la coalition de M. Mélenchon s'est qualifiée dans 10 circonscriptions sur 11.

Et, selon les derniers sondages, la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) de M. Mélenchon est au coude-à-coude dans les intentions de vote avec la formation de M. Macron et ses alliés centristes (Ensemble!), autour de 25%.

M. Macron et ses alliés arriveraient en tête en nombre de sièges mais sans certitude d'obtenir la majorité absolue (289 députés), selon un sondage Ipsos/Cevipof pour Le Monde publié mercredi.

Faible intérêt

Les Français sont appelés à renouveler la totalité de l'Assemblée nationale, soit 577 députés, lors d'un scrutin à deux tours, les 12 et 19 juin.

Le sondeur Brice Teinturier souligne cependant leur "faible intérêt" pour cette élection, avec une abstention attendue entre 52% et 56% qui pourrait dépasser le record de 2017 (51,3%).

M. Mélenchon doit tenir mercredi soir en Normandie (Ouest), à Caen, son dernier grand meeting avant le premier tour de dimanche pour soutenir un candidat de 22 ans qui se présente face à la Première ministre Elisabeth Borne.

Mardi, Mme Borne avait jugé "choquants" les propos de M. Mélenchon selon lequel "la police tue" en France, tenus après la mort de la passagère d'une voiture, victime de tirs policiers lors d'un contrôle samedi à Paris.

"Je ne pense pas que des gens qui viennent du socialisme ou de forces politiques républicaines puissent tenir des propos sur la justice, sur la police comme ceux qu'a tenus Jean-Luc Mélenchon", a renchéri mercredi M. Macron alors que le drame a relancé les débats sur les violences policières

Cet affrontement entre le camp Macron et la gauche éclipse les autres partis et candidats dont la finaliste de la présidentielle, Marine Le Pen (extrême droite).

AFP