Le métro londonien paralysé par une nouvelle grève / Photo: Reuters (Reuters)

Le plus vieux métro du monde était presque entièrement paralysé jeudi matin, avec la plupart des lignes totalement à l'arrêt et quelques-unes avec un service très réduit.

Seule la toute jeune Elizabeth Line, inaugurée en mai dernier et partiellement automatisée, fonctionnait quasi normalement, avec seulement quelques stations fermées au coeur de la capitale.

Le métro londonien transporte en temps ordinaire jusqu'à 5 millions de passagers par jour, mais a été secoué par plusieurs mouvements de grève ces derniers mois.

Si certains Londoniens ont opté pour le télétravail, dont la pratique s'est largement diffusée depuis la pandémie de Covid-19, beaucoup se sont rabattus sur le vélo, la voiture mais aussi les bus, bondés jeudi.

Au nord-est de la capitale, à la station Blackhorse Road sur la ligne Victoria, les usagers arrivaient à pas pressé, puis s’arrêtaient net devant les panneaux et rubans barrant l'entrée vers les plateformes, avant de se plonger dans leur téléphone portable, tapotant nerveusement pour tenter de trouver des trajets alternatifs.

Daniel Osei, 26 ans, qui travaille dans une école du quartier de Fulham, soutient sur le principe la grève mais estime qu'il "y a vraiment eu beaucoup de grèves" depuis le printemps. "Il semble que ça n'ait pas autant d'impact sur le gouvernement" et le budget qu'il alloue à TfL (Transport for London) "que sur les usagers", note-t-il.

- "tous inquiets" -Pema Monaghan, écrivaine de 28 ans, dit soutenir les grévistes, même si ses déplacements de la journée seront compliqués: "ils défendent leurs conditions de travail et leur paie. Nous sommes tous inquiets pour notre paie" vu l'inflation de plus de 10% au Royaume-Uni, dit-elle.

Plus à l'ouest de la ville, à la station Kentish Town, sur la ligne Northern, Nicco Hogg, 36 ans et contrôleur de transports se trouvait au milieu d'un périple interminable: "la grève ajoute 90 minutes à mon trajet" qui va prendre environ trois heures pour rejoindre son lieu de travail.

"J'ai pris la voiture, le train et maintenant je dois pédaler", énumère-t-il, son vélo à la main.

Le syndicat national RMT (Rail, Maritime and Transport) qui a appelé à la grève, s'oppose notamment à la suppression de 600 postes dans les stations de métro et à un projet de TfL de modifier son financement des pensions de retraite des agents, selon un communiqué.

Plombé par la pandémie, TfL a conclu fin août un accord de financement avec le gouvernement, qui ne comble toutefois pas les besoins de l'opérateur public.

"Ces attaques (du statut des salariés) sont profondément injustes et complètement inutiles", estime le syndicat, qui affirme avoir fait des propositions pour suspendre la grève qui ont été rejetées par TfL.

- inflation record en Europe -Selon Sharon Graham, secrétaire générale du syndicat Unite qui a aussi appelé à la grève, "TfL attaque inutilement les pensions et les salaires de nos membres, ce que Unite ne peut tout simplement pas accepter", a-t-elle affirmé dans un communiqué.

"Aucune proposition pour changer le système de pensions ou les conditions n'ont été faites", avait assuré de son côté Glynn Barton, un responsable de TfL, dans une déclaration mardi après l'échec des négociations avec les syndicats.

Cette grève intervient aussi au moment où le Royaume-Uni connait une multiplication des mouvements sociaux dans un contexte d'inflation record et de crise du coût de la vie.

Mercredi, les infirmières ont voté une grève nationale inédite pour réclamer de meilleurs salaires.

Les mêmes revendications agitent d'autres pays d'Europe, traversés eux aussi par des mouvements sociaux, à l'image de Paris, où le métro est aussi très perturbé jeudi par une grève à l'appel de tous les syndicats qui réclament des hausses de salaire.

AFP