À gauche le gardien de but argentin Martinez arborant une poupée à l'effigie de Mbappé, à droite l'attaquant français Mbappé (Others)

Insultes, cercueil, photos brulées, les joueurs et supporters argentins ne cessent de s’en prendre à Kylian Mbappé, et c’est encore pire depuis qu’ils ont gagné. Ça avait débuté avant même le coup d’envoi de la coupe du Monde. Avec une vidéo partagée des dizaines de milliers de fois, et qui n’a toujours pas fini d’offusquer sur la toile. On y voyait des supporters argentins, fredonnant un hymne ouvertement raciste et homophobe envers les joueurs noirs de l’équipe de France. "Ils jouent pour la France, mais ils viennent tous d’Angola", chantonnaient-ils, hilares, au micro d’une TV argentine, "on va les faire courir ces t****(insulte transphobe), comme cette p*** de Mbappé. Sa mère est Nigériane, son père est Camerounais, mais sur son passeport: nationalité française" gloussaient-ils, sans susciter de réelle désapprobation du journaliste qui les interrogeait, et ne sachant visiblement pas faire la différence entre le Nigeria et l’Algérie, véritable pays d’origine de la mère de Kylian Mbappé. Si le chambrage fait partie du sport, le racisme lui, détruit son esprit.

On imagine que les joueurs de l’équipe de France sont également tombés sur ces multiples vidéos et commentaires de supporters argentins (y compris de Français ayant décidé de soutenir l’Argentine) présentant cette équipe comme véritablement représentative "del pueblo" du peuple. Mais pas dans le sens sociologique du ballon d’or "du peuple" de Benzema, plutôt dans celui ethnocentré d’un Eric Zemmour. Comme l’affirmait un tweet du parti d’extreme droite Argentine "La libertad Avanza". Répondant à cette question posée par le Washington Post : "pourquoi l’Argentine n’a pas plus de joueurs noirs ?" par un ironique "parce que nous sommes un pays, pas un film Disney". Faisant référence à la petite sirène incarnée par une actrice noire, dernier Disney ayant suscité une vague d'injures racistes, et niant par la même occasion l’identité afro-descendante de l’Argentine.

Ambiance scandale

L’ambiance d’avant-match n’était donc pas du tout bon enfant. Sur le terrain, le climat était ainsi tendu entre Lionel Messi et Kylian Mbappé, les deux coéquipiers du PSG, opposés durant la finale la France-Argentine. Un show railleur, bien loin de la bromance entre Hakimi et Mbappé lors du match précédent de l’équipe de France face au Maroc. Les images d’un Kylian consolant son adversaire Achraf, avaient émues de nombreux internautes tant leur amitié sincère, enjolivait la douloureuse défaite marocaine. Des images là encore bien éloignée du spectacle que nous avaient offert les joueurs argentins quelques jours auparavant face aux Pays Bas. Match qui s’est terminé en bagarre générale après l’envoi d’un ballon surpuissant sur le banc néerlandais par l’Argentin Léandro Parades. Un geste vivement critiqué, donnant lieu à une fin de match électrique. Et des images d’un Messi vulgaire, insultant l’un de ses adversaires, alors qu’il était en train de répondre aux questions d’une journaliste.

"Se llama obsession"

Si l’Albiceleste est connue pour son chambrage sur et hors du terrain, cette fois quelques limites semblent avoir été dépassées. Outre le geste graveleux et sans intérêt du goal argentin Emiliano Martinez lors de la remise de son prix de meilleur gardien du tournoi, certains internautes se sont demandé s’il n’avait pas développé une obsession malsaine pour Kylian Mbappé. Malgré sa victoire, le gardien ne semble toujours pas remis des quatre buts que lui a infligé l’attaquant français, de huit ans son cadet. Il a multiplié les moqueries : d’abord dans les vestiaires en réclamant "une minute de silence pour la mort de Mbappé", puis lors du retour de la sélection en Argentine, où il arborait un poupon sur lequel il a pris le soin d’accoler une photo du visage de Kylian Mbappé, mimant des gestes sexuels. Pendant que des supporters venus les acclamer prenaient le soin eux, de brûler un cercueil à l’effigie du joueur. Ambiance quelque peu morbide pour une victoire.

Alors selon certains médias français, s’ils ont la dent dure contre le jeune joueur Bondynois, c’est parce qu’en mai dernier il avait affirmé que le football sud-américain "n’était pas aussi avancé qu’en Europe". Citation extraite d’une interview donnée à une chaine Brésilienne où il estimait que les équipes européennes avaient de meilleures compétitions. Phrase à laquelle Emiliano Martinez avait rétorqué, la veille de la finale : «Il ne connaît pas assez le football. Il n'a jamais joué en Amérique du Sud. Quand tu n'as pas cette expérience, il vaut peut-être mieux ne pas en parler». S'il en était resté là, sa victoire en aurait été grandie.

TRT Francais