Drapeau de la Palestine  / Photo: Reuters / Photo: AA (AA)

D'après la liste fournie par l'Autorité palestinienne et les dernières annonces de gouvernements dans le monde, 146 pays sur les 193 Etats membres de l'ONU ont désormais reconnu l'Etat palestinien. Avant la Slovénie, trois autres pays européens (Espagne, Irlande et Norvège) et quatre pays des Caraïbes (Jamaïque, Trinité-et-Tobago, Barbade et Bahamas) avaient rejoint cette liste, dont sont absents la plupart des pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord, l'Australie, le Japon ou encore la Corée du Sud.

Mi-avril, les Etats-Unis ont eu recours à leur droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour bloquer une résolution visant à ce que la Palestine devienne un Etat membre à part entière de l'organisation internationale.

1988, premières reconnaissances

Le 15 novembre 1988, quelques mois après le début de la première Intifada - soulèvement palestinien contre l'occupation israélienne - le dirigeant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat, autoproclame "l'établissement de l'Etat de Palestine", avec Jérusalem pour capitale, à la tribune du Conseil national palestinien (CNP) qui tient lieu de Parlement en exil, à Alger. Quelques minutes plus tard, l'Algérie reconnaît officiellement le nouvel Etat.

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Une semaine après, 40 pays, dont la Chine, l'Inde, la Turquie et la plupart des pays arabes, ont fait la même démarche. Suivront presque tous les pays du continent africain et de l’ancien bloc soviétique.

Dans les années 2010 et 2011 principalement, la plupart des pays d'Amérique centrale et d'Amérique latine suivent, marquant leur distance sur la scène internationale avec les Etats-Unis, grand allié d'Israël.

2012, un pied à l'ONU

Sous la présidence de Mahmoud Abbas, successeur d'Arafat, mort en 2004, l'Autorité palestinienne instituée par les accords d'Oslo (1993) sur l'autonomie palestinienne lance une offensive diplomatique au niveau des institutions internationales.

Par un vote historique en novembre 2012, l'Etat de Palestine obtient le statut d'Etat observateur aux Nations unies. A défaut d'un statut de membre à part entière avec droit de vote, cela lui donne accès à des agences de l'ONU et des traités internationaux.

Forts de ce statut, les Palestiniens vont rejoindre en 2015 la Cour Pénale Internationale (CPI), ce qui permet l'ouverture d'enquêtes sur des opérations militaires israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés. Les Etats-Unis et Israël dénoncent cette décision.

L'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) avait ouvert la voie en admettant en octobre 2011 l'Etat de Palestine comme l'un de ses membres à part entière. Israël et les Etats-Unis quitteront l'organisation en 2018, les deux pays réintégreront l’organisation en 2023.

2014, la Suède pionnière dans l'UE

La Suède devient en 2014 le premier pays de l'UE à reconnaître l'Etat de Palestine, la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie et Chypre l'ayant fait avant de rejoindre l'Union européenne (UE). Cette décision de Stockholm entraîne des années de relations houleuses avec Israël.

2024, nouvel élan européen

Dans un élan conjoint, l'Espagne et l'Irlande, tous deux membres de l'UE, ainsi que la Norvège, ont formellement emboîté le pas à la Suède le 28 mai, alors qu'une reconnaissance formelle de l'Etat palestinien a longtemps été vue par les pays occidentaux comme devant résulter d'un processus de paix avec Israël.

Les chefs de gouvernement maltais et slovène s'étaient joints le 22 mars au Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et à leur homologue irlandais pour se dire, dans une déclaration commune, "prêts à reconnaître la Palestine" si "les circonstances sont les bonnes". Le 9 mai, le gouvernement slovène a lancé ce processus de reconnaissance sur lequel le Parlement doit se prononcer d'ici au 13 juin.

Le président français Emmanuel Macron a de son côté estimé que "la reconnaissance d'un Etat palestinien n'[était] pas un tabou pour la France". Il a souligné la semaine dernière qu'il était prêt à cette reconnaissance "à un moment utile" mais pas sous le coup de "l'émotion".

L'Australie a également évoqué en avril la possibilité d'une telle reconnaissance.

AFP