La présidente taïwanaise se rend aux Etats-Unis, Pékin menace de riposter si McCarthy la rencontre / Photo: AFP (AFP)

"La pression extérieure n'entravera pas notre détermination" à être actifs sur la scène internationale, a déclaré Mme Tsai aux journalistes à l'aéroport avant son départ de Taïwan. "Nous sommes calmes et confiants. Nous ne cèderons pas et nous ne provoquerons pas (les autres)."

Le Belize et le Guatemala font partie des 13 pays à reconnaître officiellement Taïwan au détriment de Pékin, après que le Honduras a établi dimanche des relations diplomatiques avec la Chine.

La Chine considère l'île autonome comme une de ses provinces et entend la reprendre par la force si nécessaire. Au nom de son principe d'"une seule Chine", aucun pays n'est censé entretenir de liens officiels avec Pékin et Taipei en même temps.

Après une étape à New York, Mme Tsai poursuivra son déplacement de dix jours avant de rencontrer le président du Guatemala Alejandro Giammattei et le Premier ministre du Belize John Briceno, selon la présidence taïwanaise.

Elle s'arrêtera à Los Angeles lors de son trajet retour vers Taïwan.

Le président de la Chambre américaine des représentants Kevin McCarthy a déclaré qu'il rencontrerait Mme Tsai en Californie, ce qui a suscité des protestations de la part de Pékin. Les autorités taïwanaises n'ont pas confirmé la rencontre avec M. McCarthy, ni l'itinéraire de Mme Tsai à New York.

En 2022, une visite à Taïwan de la prédécesseure de M. McCarthy avait déclenché l'ire de Pékin qui avait en représailles organisé d'importantes manœuvres militaires autour de l'île. Taipei avait considéré que ces exercices visaient à préparer une invasion.

Le bureau des affaires taïwanaises de Pékin a qualifié mercredi de "provocation" l'étape de Mme Tsai aux Etats-Unis.

"Si elle contacte le président de la Chambre des représentants (Kevin) McCarthy, cela représentera une nouvelle provocation qui violera sérieusement le principe d'une seule Chine, portera atteinte à la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Chine, et détruira la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan", a déclaré Zhu Fenglian, porte-parole du Bureau des affaires de Taiwan, lors d'une conférence de presse.

"Nous nous opposons fermement à cela et prendrons des mesures pour riposter."

Des responsables américains ont déclaré que la Chine n'avait aucune raison de dramatiser et que le passage de la présidente taïwanaise aux Etats-Unis était conforme à une pratique de longue date.

Liens officiels et officieux

Des experts estiment que les escales de la présidente taïwanaise aux Etats-Unis surviennent à un moment clé, alors que Pékin a accru la pression militaire, économique et diplomatique sur l'île depuis l'arrivée au pouvoir de Mme Tsai en 2016, et récupéré depuis lors neuf de ses alliés diplomatiques.

"Les tentatives de Pékin de s'emparer de partenaires diplomatiques de Taïwan conduiront Taïwan à développer des liens plus étroits avec les Etats-Unis", estime James Lee, spécialiste des relations américano-taïwanaises à l'Académie Sinica, à Taïwan.

Washington, qui a pourtant accordé sa reconnaissance diplomatique à Pékin en 1979, est l'allié le plus puissant de l'île ainsi que son principal fournisseur d'armes.

Selon M. Lee, la force des liens officieux de Taïwan est tout aussi importante que celle des relations officielles.

"La perte de relations officielles avec des pays tiers sera compensée par l'approfondissement des relations non officielles de Taïwan", estime-t-il.

Pékin est non seulement hostile aux échanges officiels, mais s'oppose aussi aux visites de responsables politiques de pays avec lesquels Taipei entretient des relations non officielles.

Région stratégique

Mme Tsai se rend en Amérique latine au moment où Pékin a accru ses investissements dans la région, un terrain stratégique dans la bataille diplomatique qui oppose Taipei à Pékin depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

Taipei a dénoncé dimanche les "coercitions et intimidations" de la Chine pour lui prendre ses alliés, après l'annonce officielle à Pékin de l'établissement de relations diplomatiques entre le Honduras et la Chine.

Le Honduras, l'un des pays les plus pauvres d'Amérique latine, a opéré ce changement par nécessité économique, avait déclaré plus tôt le ministre hondurien des Affaires étrangères Enrique Reina.

Outre le Guatemala et le Belize, Taïwan entretient toujours des relations diplomatiques avec des pays d'Amérique latine et des Caraïbes, dont le Paraguay et Haïti, mais aussi avec des nations insulaires du Pacifique et le Vatican.

Agences