Séances: Questions au gouvernement; Débat sur le bilan de la loi de programmation militaire 2019-2025, à la demande du groupe MoDem / Photo: AFP (AFP)

"Madame Meloni, gouvernement d'extrême droite choisi par les amis de Mme (Marine) Le Pen, est incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue", a déclaré le ministre, interrogé dans l'émission "Les grandes gueules" de RMC sur des propos du président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella concernant la situation migratoire à la frontière franco-italienne.

"Oui, il y a un afflux de personnes migrantes et notamment de mineurs" dans le sud de la France, a reconnu Gérald Darmanin, qui en rejette la faute sur le voisin italien: "La vérité, c'est qu'il y a en Tunisie (...) une situation politique qui fait que beaucoup d'enfants notamment remontent par l'Italie et que l'Italie est incapable (...) de gérer cette pression migratoire", a-t-il insisté.

"Meloni, c'est comme Le Pen, elle se fait élire sur +vous allez voir ce que vous allez voir+ et puis ce qu'on voit c'est que ça (l'immigration) ne s'arrête pas et que ça s'amplifie", a poursuivi M. Darmanin à propos de la cheffe du gouvernement italien, confrontée selon lui à "une très grave crise migratoire".

Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani a annulé un déplacement prévu ce jeudi à Paris, à la suite des critiques du ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin sur la politique migratoire du gouvernement de Giorgia Meloni, a-t-on appris de source gouvernementale italienne.

"Border force"

De quoi déclencher une nouvelle crise diplomatique sur ce sujet brûlant ? En novembre déjà, les deux pays avaient connu une forte poussée de fièvre lorsque le gouvernement de Giorgia Meloni, à peine arrivé au pouvoir, avait refusé de laisser accoster le navire humanitaire de l'ONG SOS Méditerranée, qui avait fini par être accueilli pour la première fois par la France, à Toulon.

L'épisode avait suscité la colère de Paris, qui avait convoqué une réunion européenne pour que ce scénario inédit ne se reproduise pas.

Depuis, les traversées clandestines par bateaux s'accentuent, avec l'essor d'un nouveau couloir maritime entre la Tunisie et l'Italie, en première ligne aux portes de l'Europe.

Selon le ministère italien de l'Intérieur, plus de 36.000 personnes sont arrivées par la Méditerranée en Italie cette année, contre environ 9.000 durant la même période en 2022.

Dans ce contexte, la Première ministre française Elisabeth Borne a annoncé fin avril la mobilisation de 150 policiers et gendarmes "supplémentaires" dans les Alpes-Maritimes pour faire "face à une pression migratoire accrue à la frontière italienne", ainsi que la création d'une "border force", une force aux frontières.

"En Australie, ça marche très bien", a défendu jeudi Gérald Darmanin: "A la frontière, on interpelle les personnes et on leur fait passer des contrôles d'identité", a-t-il expliqué.

A la frontière franco-italienne, l'Etat doit "accompagner" et "travailler avec M. (Eric) Ciotti", le président des Républicains et député des Alpes-Maritimes qui a appelé récemment le gouvernement à mobiliser des "moyens massifs pour enrayer la submersion migratoire en cours à la frontière".

En amont, en Méditerranée, a assuré en avril l'Organisation internationale pour les migrations des Nations unies (OIM), le premier trimestre de l'année 2023 a été le plus meurtrier pour les migrants depuis 2017.

AFP