La BM avait approuvé un prêt de 120 millions de dollars pour soutenir l'accès au financement des PME en Tunisie / Photo: Reuters (Reuters)

Le groupe de la Banque mondiale a annoncé, lundi, la suspension, jusqu’à nouvel ordre, des “discussions sur le cadre de partenariat avec la Tunisie”, qui visent à obtenir des prêts et des financements d'un montant de 520 millions de dollars.

C’est ce qui ressort d'un courrier interne adressé par le président de l’institution financière, David Malpass, à ses équipes “à la suite des récents événements en Tunisie (en allusion aux attaques anti-migrants dans le pays, ndlr), qui préoccupent profondément le Groupe de la Banque mondiale et son personnel”.

Dans son courrier, Malpass a fait savoir qu'il avait “décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre les discussions sur le cadre de partenariat de la BM avec la Tunisie, qui détermine les orientations stratégiques des activités opérationnelles à moyen terme (2023-2027)”.

“Le dialogue et le contact avec les autorités tunisiennes vont se poursuivre”, ajoute le président de la Banque mondiale, sans pour autant indiquer de date pour la reprise des discussions concernant le cadre de partenariat et les opérations du groupe avec la Tunisie.

Lundi, le chef de la diplomatie tunisienne, Nabil Ammar, a rejeté les accusations de “racisme anti-migrant” portées à l’encontre de la Tunisie, visée selon lui par une “campagne préméditée qui attente à son image et à ses intérêts”.

De son côté, Malpass a souligné dans son courrier que “la sécurité et l'inclusion des migrants et minorités font partie des valeurs centrales d'inclusion, de respect et d'anti-racisme” de la Banque mondiale.

“La direction du Groupe de la Banque mondiale l'a clairement fait savoir au gouvernement tunisien, et nous avons également pris acte des mesures positives prises par le gouvernement pour atténuer les conséquences de la situation”, poursuit-il.

Le président tunisien Kaïs Saïed avait évoqué, lors d’un Conseil national de sécurité, des “masses incontrôlées et des hordes de migrants clandestins” en provenance de l’Afrique subsaharienne avec comme objectif de “transformer la composition démographique de la Tunisie”.

Ces propos avaient provoqué un tollé en Tunisie dans les rangs de la société civile et de larges franges de la population, ainsi que des réactions de certaines chancelleries africaines établies en Tunisie et de l’Union africaine.

Le 8 février 2023, la BM a approuvé un prêt de 120 millions de dollars pour soutenir l'accès au financement des PME en Tunisie.

Le 15 février, la Tunisie a annoncé que la Banque mondiale envisage de lui accorder un prêt de 400 millions de dollars pour financer des réformes à dimension sociale.

La Tunisie cherche à regagner la confiance de ses bailleurs de fonds internationaux, affectée par l’instabilité politique et la lenteur de la mise en œuvre des réformes.

AA