Yazzan al Bawwab aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 / Photo: Facebook Y. al Bawwab / Photo: DR (DR)

Six noms, pas un de plus, certains athlètes seront absents parce qu’ils ont été tués lors des bombardements à Gaza, d’autres n’ont pas pu s'entraîner durant ces six précieux derniers mois avant la compétition.

Nader Jayousi, le directeur technique du Comité Olympique Palestinien, est fier d’avoir réussi à maintenir une présence palestinienne aux JO de Paris malgré tout.

On estime à 170 le nombre de sportifs et entraîneurs tués dans la guerre que mène Israël à Gaza, dont Hani Al-Masdar le coach de l‘équipe nationale de football et Ibrahim Qusaya, joueur de volleyball de Gaza. Les infrastructures sportives sont complètement détruites dans la bande de Gaza.

“Nous avions préparé des sessions d'entraînement en dehors de la Palestine, il a fallu rapidement trouver des solutions supplémentaires après le 7 octobre. Nos athlètes sont partis à Bahreïn, au Qatar, au Kirghizistan, en Algérie s'entraîner. Nous avons aussi dû négocier pour faire sortir notre haltérophile Mohammed Hamada de Gaza. Ça a pris 40 jours. Donc si nous réussissons à envoyer plus de 5 athlètes, ce sera historique pour nous”, a déclaré Jayousi à TRT Français.

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Posted by Palestine Olympic Committee on Sunday, March 17, 2024

Le Comité espérait préparer et envoyer 28 athlètes palestiniens, après le 7 octobre, ils ont réduit le nombre à 12. Nader Jayousi imagine déjà la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques le 26 juillet prochain. “Je serai fier quand je les verrai défiler avec le drapeau palestinien. Ce sera un moment de fierté, un message de paix et aussi de force, ce sera un rêve devenu réalité.”

Mohamed Hamada, jeune haltérophile rêvait de Paris après sa participation aux jeux de Tokyo mais la guerre est arrivée. Il a perdu plus de 15kg durant les semaines passées à Gaza en début d’année, aujourd’hui il s’entraîne en Thaïlande et espère se qualifier en juin prochain. Yazan al Bawwab, 24 ans, a plus de chances. Il est assuré d’aller à Paris tout comme une autre descendante de réfugiés palestiniens basée, elle, aux Etats-Unis, Valérie Tarazi. Le nageur va participer au 100 mètres dos. Basé à Dubaï, il est bien conscient d’avoir de meilleures conditions de vie et d'entraînement que les autres athlètes palestiniens.

La Palestine sera présente aux JO de Paris

“Mais la situation à Gaza m’a vidé mentalement. J’avais vraiment du mal à me concentrer sur l'entraînement. Je dois aussi travailler à côté pour vivre. Le Comité olympique palestinien n’a pas énormément de moyens. Je m'entraîne six fois par semaine; je sais que ce n'est pas assez. Vous savez qu’il n’y a pas de piscine pour la nage sportive en Palestine, il n’y a pas de piscine de taille olympique. Le sport c’est un privilège en Palestine. Donc pour nous c’est déjà énorme d’aller à Paris, c’est un message, on ne rêve pas forcément de médailles.” a t-il confié à TRT Français.

Porter le drapeau palestinien à Paris

Si Yazan ne rêve pas de médaille, il se veut un porte-voix. “Je ferai de mon mieux. Nous avons besoin d’une voix, je veux être une voix pour mon peuple, mais j’ai déjà gagné avant d’entrer la compétition. Pour moi, aller à Paris c’est déjà une victoire.”

Il aimerait que son ami Mohamed Hamada qui s’est entraîné à Gaza malgré les bombardements soit le porte-drapeau de la délégation: “il est un message à lui tout seul. Ça devrait être lui. Il est si fort !”

La Palestine envoie des athlètes aux JO depuis 1996, en 2000 à Tokyo, ils étaient 5.

Cette année, la Palestine alignera selon les qualifications à ce jour, Layla Almasri en athlétisme, Yazan al Bazzab et Valérie Tarazi en natation, Omar Ismaël, le premier sportif palestinien à concourir en Taekwondo, Mohamed Dazidar pour le 800 mètres en athlétisme. Ils défileront parmi les 10 500 autres athlètes, avec parmi eux les athlètes israéliens.

Les athlètes israéliens défileront sous leur drapeau

Le comité international olympique a refusé de demander aux sportifs israéliens de défiler sous bannière neutre comme cela a été imposé aux athlètes russes pour cette édition 2024 des JO d’été.

Devant les demandes de certains députés français et associations qui voulaient le boycott des sportifs israéliens à cause du bilan humain de la guerre à Gaza, le Comité international olympique répond invariablement que les deux situations sont différentes, et pourtant les athlètes russes devaient ne pas avoir soutenu la guerre en Ukraine pour participer aux JO de Paris. Pour l’organisation basée à Lausanne, Israël n’a violé aucun règlement olympique et la politique ne doit pas interférer dans le sport.

Dans sa réponse à nos questions, le CIO déclare être de tout cœur avec les victimes du conflit et leurs familles. “Nous soutenons les Comités olympiques palestinien et israélien pour les aider à qualifier leurs athlètes et leur permettre de participer aux Jo de Paris.”

Le sport reste le sport. Nader Jayousi, le directeur technique du POC donne à peu près la même réponse. “Mon attention est portée sur mes athlètes, je ne fais pas de politique, ce n’est pas mon combat, “ conclut-il. Mais il ajoute: “Vous savez, les Palestiniens sont habitués aux difficultés, cela forge des athlètes au mental fort, rien ne peut nous faire plier. Omar Ismael s’est qualifié en mars dernier au tournoi de qualification asiatique à Tai’an en Chine en gagnant contre des sportifs mieux entraînés, mieux préparés, mais il a gagné parce qu’il a un mental fort. Gagner pour nous ce n’est pas un but personnel, c’est une mission pour notre pays.”

TRT Francais