Japon : le yen tombe à son plus bas niveau face au dollar depuis 1998 (AFP)

Peu après 04H00 GMT, le dollar est monté jusqu'à 135,19 yens, un record depuis octobre 1998. Depuis avril, le yen évoluait déjà à ses plus bas niveaux en vingt ans face au billet vert.

En cause, l'écart grandissant entre la politique monétaire de la Banque du Japon (BoJ), toujours ultra-accommodante, et celle de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui resserre son robinet à liquidités pour tenter de dompter l'inflation débridée aux Etats-Unis.

Les prix à la consommation aux Etats-Unis ont grimpé à 8,6% en mai sur un an, contre 8,3% en avril, du jamais vu depuis 1981, selon des données publiées vendredi qui ont déprimé les places financières mondiales, tout comme la Bourse de Tokyo lundi, dont l'indice vedette Nikkei lâchait 2,78% vers 04H30 GMT.

La flambée des prix du pétrole sur fond de la guerre en Ukraine nourrit aussi l'inflation américaine, tout en creusant le déficit commercial du Japon, un facteur aggravant pour le cours de sa monnaie nationale.

Traditionnellement, un yen faible est vu d'un bon oeil par le gouvernement nippon, la BoJ et les grandes firmes de l'archipel. Car cette tendance de change rend les exportations des entreprises japonaises plus compétitives et gonfle leurs bénéfices générés à l'étranger.

Mais ce discours devient de moins en moins accepté dans le pays, car le vif renchérissement des importations, amplifié par la chute du yen, fragilise le pouvoir d'achat des ménages nippons.

Dans un communiqué commun rarissime, le ministère nippon des Finances, la Banque du Japon et le gendarme financier japonais (FSA) ont déclaré vendredi dernier qu'ils prendraient des "mesures appropriées si nécessaire" contre la chute du yen, sans préciser lesquelles.

Une intervention unilatérale de Tokyo sur le marché des changes paraît toutefois improbable à l'heure actuelle, tout comme un revirement de la BoJ, qui juge que l'économie nippone est encore loin d'être mûre pour un resserrement monétaire.

L'inflation (hors produits frais) au Japon a atteint 2,1% en avril sur un an, un record national depuis 2015 mais loin des niveaux observés aux Etats-Unis ou en Europe.

Des analystes pensent néanmoins que la BoJ sera forcée d'ajuster sa politique de rachats obligataires si le plongeon du yen continue de s'accentuer.

AFP