Israël persiste dans ses attaques sur Rafah, défiant mises en garde et avertissements internationaux / Photo: Reuters (Reuters)

"Nous combattrons jusqu'à la victoire complète, ce qui implique une action puissante à Rafah et ce, après avoir permis à la population civile de quitter les zones de combat", a déclaré mercredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu sur son compte Telegram.

Les violences se concentrent actuellement sur le sud de la bande de Gaza assiégée et dévastée, en particulier la ville de Khan Younès, où des milliers de déplacés ont trouvé abri dans les hôpitaux, qui restent les cibles privilégiées de l'armée israélienne.

L’OMS alerte sur le désastre sanitaire

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a une nouvelle fois dénoncé mercredi la situation des hôpitaux de Gaza, "complètement submergés, débordés et insuffisamment approvisionnés".

Le personnel doit procéder à des amputations, faute de moyens pour soigner les patients, a témoigné de Gaza le représentant local de l'OMS, Rik Peeperkorn.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a réitéré jeudi "son extrême inquiétude pour la vie et le bien-être des otages retenus à Gaza depuis plus de quatre mois".

Le ministère de la Santé de Gaza a fait état jeudi d'un bilan de 107 morts, "en majorité des femmes et des enfants", au cours de la nuit dans des attaques israéliennes.

Une personne a été tuée et plusieurs ont été blessées par des bombardements sur le département d'orthopédie de l'hôpital Nasser à Khan Younès, a indiqué le ministère.

Environ 1,4 million de personnes, selon l'ONU, soit plus de la moitié de la population de Gaza, dont beaucoup déplacées à plusieurs reprises par la guerre, s'entassent à Rafah, à la frontière avec l'Egypte, transformée en un gigantesque campement, dans l'angoisse de l'offensive annoncée depuis plusieurs jours par Benjamin Netanyahu.

Rafah est en outre le principal point d'entrée de l'aide humanitaire depuis l'Egypte, insuffisante pour répondre aux besoins d'une population menacée en plein hiver par la famine et les épidémies.

"Nulle part où aller"

Après les Etats-Unis, principal allié d'Israël, qui disent s'opposer à une offensive sur Rafah sans "garanties" pour la sécurité des civils, l'Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande ont mis en garde jeudi le gouvernement Netanyahu en garde contre une opération "catastrophique" à Rafah.

"Il n'y a tout simplement nulle part où aller" pour les quelque 1,5 millions de Palestiniens bloqués à la frontière, soulignent ces trois pays du Commonwealth, exhortant le Premier ministre israélien à "ne pas s'engager dans cette voie".

Les négociations en vue d'une trêve incluant de nouvelles libérations d'otages du Hamas, au pouvoir à Gaza, et de Palestiniens détenus par Israël se poursuivent néanmoins en parallèle au Caire, sous médiation du Qatar et de l'Egypte.

Après une réunion mardi au Caire à laquelle participaient le chef du Mossad, les services secrets israéliens, David Barnea, le directeur de la CIA, William Burns, le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, et des responsables égyptiens, ces tractations devaient se poursuivre jusqu'à vendredi.

Une délégation du Hamas, selon une source du mouvement, était attendue mercredi au Caire pour rencontrer des responsables qataris et égyptiens.

Le Premier ministre israélien a évoqué dans un communiqué "des exigences délirantes du Hamas" qui bloqueraient les négociations, sans autre précision.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, dont l'Autorité gouverne les zones autonomes de Cisjordanie, a appelé mercredi le Hamas à conclure "rapidement" un accord de trêve, notamment pour "éviter une attaque" sur Rafah qui ferait "des milliers de victimes".

Depuis une incursion transfrontalière du groupe palestinien Hamas le 7 octobre, tuant environ 1 200 personnes, l'offensive israélienne dans la bande de Gaza a fait plus de 28 500 morts et causé des destructions massives et des pénuries de produits de première nécessité.

La guerre israélienne contre Gaza a poussé 85 % de la population du territoire vers le déplacement interne, en raison de pénuries aiguës de nourriture, d'eau potable et de médicaments, tandis que 60 % de l'infrastructure de l'enclave a été endommagée ou détruite, selon l'ONU.

Agences