Israël intensifie ses frappes à Rafah / Photo: AFP (AFP)

Des frappes aériennes israéliennes ont tué 67 Palestiniens dans la ville de Rafah, où 1,4 million de Palestiniens ont fui pour échapper à la guerre brutale d'Israël. Des femmes et des enfants figurent parmi les victimes des frappes aériennes, ont indiqué des responsables palestiniens.

Le groupe palestinien Hamas a déclaré que la réponse d'Israël à un accord pour un cessez-le-feu à Gaza ne contribuait pas à la conclusion d'un quelconque accord. Lors d'une conférence de presse, Oussama Hamdan, haut responsable du Hamas, a déclaré que son groupe avait examiné la réponse israélienne et la considérait comme un retour en arrière par rapport au cadre proposé, car elle "pose des conditions et des obstacles qui n'aident pas à parvenir à un accord pour mettre fin à l'agression contre notre peuple".

"La réponse de l'occupation (israélienne) à la proposition de Paris ne garantit pas la liberté de mouvement des résidents et le retour des personnes déplacées dans leurs maisons et leurs régions, et n'inclut pas non plus un retrait total de toutes les zones de la bande de Gaza", a déclaré M. Hamdan.

Il a ajouté que le comportement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu "confirme qu'il poursuit une politique d'évasion et d'atermoiement" et qu'il n'est pas sérieux quant à la conclusion d'un accord de cessez-le-feu.

Netanyahu a récemment ordonné à son armée de préparer une offensive sur Rafah, où sont massés 1,4 million de Palestiniens selon l'ONU, soit plus de la moitié de la population totale de l’enclave, la plupart ayant fui la guerre qui fait rage depuis quatre mois. Rafah, devenue un gigantesque campement, est le principal point d'entrée de l'aide humanitaire, insuffisante pour répondre aux besoins de la population qui vit, selon le Programme alimentaire mondial (PAM) dans des "conditions proches de la famine".

Pression internationale sur Israël

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, insistent sur leur opposition à une opération à grande échelle sans solution pour les civils coincés à la frontière fermée avec l'Egypte à l'extrême sud du territoire. Le président américain Joe Biden a réclamé, de la part des forces israéliennes, un plan "crédible" pour épargner la population palestinienne, en préalable à toute offensive, lors d'une rencontre lundi à la Maison Blanche avec le roi de Jordanie Abdallah II.

Le monarque, dont le pays est le deuxième Etat arabe à avoir signé un traité de paix avec Israël, en 1994, est allé plus loin. "Nous ne pouvons pas nous permettre une attaque israélienne sur Rafah", où la situation humanitaire est déjà "insupportable", a dit Abdallah II, qui a également appelé à "un cessez-le-feu durable immédiatement" dans la bande de Gaza.

L'offensive israélienne a fait 28.340 morts dans la bande de Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé à Gaza.

"Déplacement forcé"

Face aux craintes internationales d'une offensive militaire majeure, M. Netanyahu a affirmé, dimanche, qu'Israël ouvrirait à la population "un passage sécurisé" pour quitter Rafah, sans préciser vers quelle destination.

"Ils vont évacuer" les Palestiniens. "Où ? Sur la Lune ?", s'est interrogé à Bruxelles le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

L'ONU ne s'associera pas à "un déplacement forcé de population" à Rafah, a pour sa part prévenu le porte-parole du Secrétaire général de l'organisation.

La perspective d'une offensive est "terrifiante", s'est alarmé de son côté le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, tandis que le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan s'est dit "profondément inquiet" du sort des civils.

Le Hamas a prévenu, dimanche, qu'une offensive sur Rafah "torpillerait" tout accord sur les otages.

Environ 1,7 million de personnes, d'après l'ONU, sur un total de 2,4 millions d'habitants, ont fui leur foyer depuis le 7 octobre dans l’enclave palestinienne assiégée par Israël et plongé dans une crise humanitaire majeure.

Agences