Interdiction du voile lors des JO de Paris: incompréhension des Français / Photo: Reuters (Reuters)

Cette position contraire à celle du Comité international olympique (CIO) intervient après l’interdiction du port de l’abaya dans les écoles, ainsi que de la décision, en juin dernier, du Conseil d’État de maintenir l’interdiction du voile dans les compétitions organisées par la Fédération française de football (FFF).

Au sein des instances onusiennes, cette position a interpellé le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l'ONU qui a rejeté ces “restrictions à l’expression des religions ou des convictions”.

"De manière générale, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme estime que personne ne devrait imposer à une femme ce qu’elle doit porter ou non", a réagi la porte-parole du Commissariat Maria Hurtado, ajoutant que "les restrictions à l’expression des religions ou des convictions, comme le choix de vêtements, ne sont acceptables que dans des circonstances très spécifiques qui répondent de manière proportionnelle et nécessaire à des préoccupations légitimes en matière de sécurité publique, d’ordre public, de santé publique ou de moralité".

Anadolu (AA) est allée à la rencontre des Français pour demander leur avis sur cette décision controversée de leur gouvernement.

"Je tombe des nues"

Interrogé ce jeudi par AA, Julien*, qui n'était pas au courant de cette décision, estime que celle-ci "va dans la même direction que l'[interdiction de l']abaya" dans les établissements scolaires.

"Ce sont des décisions ridicules et qui n'ont pas de sens en 2023, sans doute pour nous faire oublier que les JO ne sont pas prêts et détourner l'attention des vrais sujets. Je pense que ça n'a aucun sens", a-t-il ajouté.

Même effet surprise pour Marie*, qui est "tombée des nues" lorsqu'elle a appris la nouvelle.

"Je ne vois pas au nom de quoi les athlètes ne peuvent pas porter le voile", s'est-elle indignée.

Également au micro de AA, Alexandre* a tenu à souligner "que la France est un pays démocratique où toutes les religions sont admises et les bienvenues", précisant que le "port du voile pour [...] les athlètes françaises ne pose aucun problème pour [lui].

"Je pense que toute personne est libre de pouvoir porter les habits qu'elle a envie de porter en représentant la France comme elle le souhaite", a tenu à souligner Alexandre.

Pour sa part, Aymeric* a jugé qu'il est "dommage" que la ministre des Sports ait pris une telle décision.

"Je trouve dommage que des idéologies politiques et religieuses interfèrent ainsi dans des compétitions sportives, qui, justement, sont censées rassembler et non pas diviser", a-t-il fait valoir.

"Bien que ce soit son rôle de légiférer là-dessus, je trouve assez dommage sa prise de position sur le sujet", ajoute-t-il estimant que cette décision "repose sur une base idéologique" et qu'il s'agit "a minima, [d']une prise de position idéologique de la part de la ministre, et peut-être même du gouvernement, à part entière".

* Les prénoms ont été modifiés à la demande des personnes interrogées

AA