Guerre en Ukraine: du gaz de TotalEnergies aurait servi de carburant à des avions de guerre russes (Others)

"Le géant pétrolier français exploite, avec son partenaire local Novatek, un gisement d’où sont extraits des condensats de gaz, un hydrocarbure liquide qui, une fois transformé en kérosène, sert à ravitailler des avions de combat russes engagés dans la guerre en Ukraine", indique le quotidien, se basant sur l'enquête de l'ONG Global Witness.

Selon les informations compilées par Global Witness, les condensats de gaz sont extraits d'un gisement exploité par l'entreprise Terneftegaz, détenue à 49% par TotalEnergies et à 51% par Novatek.

Dans un communiqué, le groupe pétrolier français dit qu'il "réfute catégoriquement l'ensemble des allégations infondées" contenues selon lui dans cet article.

"Non, TotalEnergies ne produit pas de kérosène pour l'armée russe. Non, TotalEnergies n'est aucunement associée à la fourniture de carburant à l'aviation militaire russe sous quelque forme que ce soit", assure le groupe.

TotalEnergies rappelle dans son communiqué son statut d'actionnaire minoritaire de Terneftegaz et explique ne pas être l'exploitant des installations mises en cause, "qui sont opérées par du personnel de Novatek au sein de Terneftegaz".

"TotalEnergies n'a ni contrôle, ni information sur les ventes qui sont ensuite faites par Novatek", ajoute le groupe.

Le Monde dit pourtant avoir réussi à "retracer la chaîne d'approvisionnement qui mène du gisement de gaz de Termokarstovoïe, en Sibérie, jusqu'à deux bases aériennes militaires (Morozovskaïa et Malchevo) abritant chacune un escadron d'avions de combat multirôle".

Selon Amnesty International et d'autres organisations de défense des droits humains, ces bases où stationnent des escadrons de chasseurs multirôles russes ont commis des "crimes de guerre", et servi à "mener des frappes contre la population civile ukrainienne, notamment le bombardement du Théâtre de Marioupol, qui aurait causé la mort d’environ 600 personnes, le 16 mars 2022".

"Total n'a pas nié que le condensat de gaz de sa coentreprise était finalement raffiné en carburant pour avion pour l'armée de l'air russe", a déclaré à Reuters Louis Wilson, conseiller de Global Witness. "L'ignorance n'est pas une excuse."

TotalEnergies est critiqué pour ne pas avoir suivi l'exemple d'autres grands groupes énergétiques comme Shell et BP, qui ont annoncé la cession de tous leurs actifs russes.


Beaune appelle à "faire la lumière"

Au lendemain des révélations du Monde, le ministre des Transports, Clément Beaune, a déclaré que des vérifications étaient nécessaires sur un éventuel détournement de sanctions contre la Russie.

"Moi je n'ai pas mené l'enquête, je n'ai pas personnellement (...) d'informations sur ce sujet. Il faut simplement faire la lumière, je n'ai pas à croire a priori tel ou tel. C'est un sujet extrêmement sérieux donc il faut bien vérifier que, volontairement ou involontairement, il n'y a pas de détournement soit des sanctions soit de l'énergie qu'une entreprise française ou autre produirait." a dit le ministre sur France 2.

L'entreprise française participe à d'importants projets de gaz naturel liquéfié (GNL) en Russie, comme Yamal LNG et Artic LNG 2.

Agences