Gaza, “un fardeau qui pèse lourdement sur la conscience mondiale”, affirme le MAE turc / Photo: AA (AA)

"Nous sommes confrontés à l'impératif de mettre un terme à cette immense tragédie et à ce massacre qui frappe nos frères et sœurs à Gaza, et de prendre des mesures concrètes dans ce sens le plus rapidement possible", a déclaré Fidan lors d'une conférence de presse à Washington.

En visite aux États-Unis pour deux jours, Fidan a rencontré le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, pour discuter des relations bilatérales, ainsi que des enjeux régionaux et internationaux, avec un focus particulier sur la crise à Gaza.

Durant sa visite, une session du Mécanisme stratégique Turquie-États-Unis s'est tenue, et Fidan a eu des entretiens avec plusieurs hauts responsables américains, dont le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, le président de la commission des relations étrangères du Sénat américain, Benjamin Cardin, et Phil Gordon, conseiller à la sécurité nationale de la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris.

Fidan a exprimé l'alignement de la Turquie avec les préoccupations internationales concernant l'urgence de l'aide humanitaire à Gaza.

"Cette unanimité est sans précédent dans l'histoire des crises mondiales", a-t-il souligné, ajoutant que des pays comme la Turquie plaident pour un cessez-le-feu ininterrompu et permanent.

Il a mis en évidence que les organisations internationales, notamment l'ONU, ainsi que de nombreux pays, se sentent impuissants face à la détérioration de la situation humanitaire à Gaza.

La proposition américaine d'établir un port temporaire à Gaza pour acheminer l'aide découle de la mobilisation internationale, selon Fidan.

"Cela pèse non seulement sur la conscience mondiale, mais risque aussi de provoquer une réaction imprévisible et forte au sein des sociétés à travers le monde", a-t-il expliqué.

Le ministre a critiqué certains pays pour leur indifférence et leur sourde oreille face aux actions d'Israël.

"Le massacre délibéré de plus de 30 000 civils innocents à Gaza constitue un tournant dans l'histoire de l'oppression, et la poursuite de cette crise est devenue insoutenable", a-t-il affirmé.

Depuis le début de son offensive militaire à Gaza en réponse à une attaque du 7 octobre 2023 par le groupe palestinien Hamas, Israël a tué plus de 30 000 Palestiniens. La majorité des 2,3 millions d'habitants de Gaza ont été déplacés, beaucoup souffrent de la faim, exacerbant une crise humanitaire déjà critique.

Lutte contre le terrorisme

Fidan a également abordé le soutien continu des États-Unis à l'organisation terroriste YPG/PKK en Syrie.

"Nous avons de nouveau exprimé notre mécontentement quant aux liens entre les États-Unis et le YPG en Syrie, ainsi que le danger stratégique que cela représente pour nos deux pays et nos relations au sein de l'OTAN", a-t-il précisé.

Il a souligné avoir clairement communiqué aux interlocuteurs américains que l'organisation terroriste Fethullah (FETO), responsable de la tentative de coup d'État en 2016 en Turquie, continue de représenter une menace et que les États-Unis doivent agir en conséquence.

La Turquie persistera dans sa lutte contre tous les groupes terroristes qui menacent sa sécurité, à l'intérieur comme à l'extérieur de ses frontières, dans le respect du droit national et international, a appuyé Fidan.

"Rien ne nous empêchera d'agir en ce sens", a-t-il fait savoir.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé mercredi la détermination de la Turquie à combattre le terrorisme.

"Notre objectif est d'établir une zone de sécurité de 30 à 40 kilomètres le long de notre frontière avec la Syrie. Nous avons prévu des mesures qui plongeront dans le cauchemar ceux qui espèrent affaiblir la Turquie en établissant un zone de terrorsime à nos frontières sud", a averti Erdogan.

La Turquie reproche depuis longtemps aux États-Unis de coopérer avec le PKK/YPG sous couvert de combattre Daech/ISIS, arguant qu'il est absurde d'utiliser un groupe terroriste pour en combattre un autre.

Ankara a mené trois opérations antiterroristes transfrontalières réussies en Syrie depuis 2016 (Bouclier de l'Euphrate, Rameau d'olivier, Source de paix) pour empêcher l'établissement d'un corridor terroriste et faciliter le retour pacifique des résidents.

Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les États-Unis et l'Union européenne, a mené une campagne de violence de plus de 35 ans contre la Turquie, faisant plus de 40 000 victimes, dont des femmes, des enfants et des bébés.

Il est à souligner que le YPG est la branche syrienne du PKK.

AA