Des personnes transportent, sur une charrette tirée par un âne, les corps de Palestiniens tués lors d'une frappe israélienne, à l'hôpital européen de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza. / Photo: Reuters (Reuters)

Au cours de la nuit, des témoins ont fait état de frappes israéliennes à proximité de l'hôpital Nasser de Khan Yunis alors que l'armée a pris d'assaut la cour de l'hôpital Al Amal, affilié au Croissant-Rouge palestinien à Khan Yunis après un siège de 10 jours. "Les forces d'occupation investissent actuellement la place de l'hôpital Al Amal [et sont] stationnées devant la porte extérieure du service de réception et d'urgence et tirent lourdement", a déclaré le Croissant-Rouge sur X.

Le ministère de la Santé à Gaza a dénombré 119 morts dans des frappes israéliennes de mercredi soir à jeudi matin, tandis que l'agence palestinienne Wafa a fait état de heurts violents à Toubas, en Cisjordanie occupée.

La guerre d'Israël contre Gaza a endommagé près de la moitié des bâtiments de l’enclave et l'a rendue inhabitable, selon les Nations unies. "Le niveau de destruction de la dernière opération militaire israélienne a rendu (Gaza) inhabitable", a déclaré la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement dans un rapport publié mercredi.

"En ce moment, ce qui est en train de se passer, c'est un massacre", a déclaré à l'AFP Léo Cans, chef de mission pour Médecins sans frontières (MSF) dans les Territoires palestiniens. "Ce n'est pas possible qu'aujourd'hui dans une guerre où les gens n'ont pas le droit de sortir, où les gens sont assiégés, où ils n'ont nulle part où aller, qu'on accepte de tuer 150 femmes et enfants par jour (...) Donc la première demande, c'est un cessez-le-feu immédiat et total", a-t-il ajouté.

L'UNRWA, la "colonne vertébrale" de l'aide à Gaza

Ajoutant à la détresse de la population civile, les opérations de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) sont menacées après que des pays donateurs ont suspendu leur contribution suite aux 'accusations d'Israël à l'encontre de 12 employés de l'agence soupçonnés d'implication dans l'attaque du 7 octobre.

Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a qualifié l’UNRWA de "colonne vertébrale de la réponse humanitaire à Gaza" et a appelé tous les pays à "garantir la continuité du travail de l'UNRWA qui sauve des vies".

"J'ai été personnellement horrifié par ces accusations", a déclaré Antonio Guterres à la Conférence internationale de la société civile à l'appui du peuple palestinien. "Hier, j'ai rencontré les donateurs afin d'écouter leurs préoccupations et d'exposer les mesures que nous prenons pour y répondre".

"Le système humanitaire à Gaza est en train de s'effondrer", a-t-il ajouté. "Je suis extrêmement préoccupé par les conditions inhumaines auxquelles sont confrontés les 2,2 millions d'habitants de Gaza, qui luttent pour survivre sans aucun élément de base".

Près de quatre mois après le début de la guerre qui a dévasté le territoire palestinien assiégé, la population "meurt de faim" et "est poussée au bord du gouffre", a dénoncé un responsable de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Michael Ryan.

Vers une trêve en trois phases ?

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, est, lui, attendu ce jeudi en Egypte pour discuter d'une initiative formulée lors d'une réunion le weekend dernier à Paris entre le directeur de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens, israéliens et qataris.

Selon un communiqué du Hamas, le mouvement examine une proposition en trois phases. La première porte sur une trêve de six semaines durant laquelle Israël devra libérer entre 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages retenus à Gaza et permettre à 200 à 300 camions d'aide d’entrer chaque jour dans le territoire palestinien.

Le journal Yedioth Ahronoth a rapporté que le Hamas insiste pour que le prochain accord comprenne la libération de trois prisonniers palestiniens, dont un seul affilié au mouvement. La liste présentée par le Hamas comprend des prisonniers connus tels que Marwan Barghouti, leader du Fatah, Ahmed Saadat, secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine, et Abdullah Barghouti, membre du Hamas et dirigeant de la branche militaire en Cisjordanie occupée.

Pour le moment, le Hamas réclame un cessez-le-feu total en tant que préalable à tout accord alors que le gouvernement israélien évoque une pause dans les combats mais pas la fin de son opération à Gaza.

En marge de la médiation menée par les Etats-Unis, le Qatar et l'Egypte, le président colombien Gustavo Petro, qui soutient ouvertement la cause palestinienne et accuse Israël de commettre actuellement un "génocide" à Gaza, a proposé la mise sur pied d'une "commission de paix composée de différents pays" pour assurer les libérations et la fin des hostilités.

TRT Français et agences