Fuite de documents classifiés: Washington recherche l’origine de la fuite et rassure les alliés / Photo: AA (AA)

Le président Joe Biden a été informé de cette situation, qui semble susciter une inquiétude croissante auprès de son administration, "en fin de semaine dernière", a déclaré son porte-parole John Kirby.

Parmi ces documents, dont la fuite en ligne a été révélée jeudi par le New York Times, l'un fait le point sur l'état du conflit en Ukraine début mars, d'autres évoquent la situation sur des fronts spécifiques, comme à Bakhmout, ou les cruciales défenses antiaériennes de Kiev.

Certains semblent aussi indiquer une collecte de renseignements opérée par les Etats-Unis et ciblant certains de leurs alliés: un document mentionne par exemple que des dirigeants du Mossad, le service de renseignement israélien, auraient défendu les manifestations contre la controversée réforme du système judiciaire en Israël.

L'AFP a consulté certains documents siglés "secret" ou "top secret", sans pouvoir confirmer leur authenticité.

S'il n'a pas voulu se prononcer sur l'authenticité de ces documents, John Kirby, responsable des communications stratégiques au conseil de sécurité nationale, a évoqué la préoccupation des autorités américaines.

"Nous ne savons pas qui est responsable de cela. Et nous ne savons pas s'ils ont davantage (de documents) à poster" en ligne, a-t-il dit, avant d'ajouter: "Est-ce que c'est un sujet de préoccupation pour nous? Absolument."

"Désinformation"

Le fait que ces documents circulent en ligne représente "un risque très grave pour la sécurité nationale et peut potentiellement alimenter la désinformation", a par ailleurs indiqué lundi à la presse un porte-parole du ministère américain de la Défense, Chris Meagher.

"Nous continuons d'enquêter sur la façon dont cela est arrivé, ainsi que sur l'ampleur du problème. Des mesures ont été prises pour analyser plus avant la manière dont ce type d'information a été distribuée et à qui", a-t-il ajouté.

Le ministère de la Justice a ouvert une enquête pénale distincte.

Le flot régulier de photographies de documents classifiés a été découvert sur Twitter, Telegram, Discord et autres plateformes ces derniers jours, bien que certains aient pu circuler en ligne pendant des semaines avant d'attirer l'attention médiatique.

Beaucoup d'entre elles ne sont plus disponibles sur les sites où elles sont initialement apparues, et les autorités américaines travaillent pour qu'elles soient toutes retirées.

Le ministre de la Défense lui-même, Lloyd Austin, n'a été informé du problème que le 6 avril au matin -- jour où la fuite a été révélée, plus tard dans la journée, par le New York Times --, a indiqué le porte-parole du Pentagone.

"Rassurer" les alliés

Des responsables américains ont pris contact avec les alliés de Washington à ce sujet, "y compris pour les rassurer sur notre engagement à protéger les renseignements et sur notre capacité à garantir nos partenariats", a assuré le porte-parole de la diplomatie américaine Vedant Patel.

Les commissions parlementaires concernées ont été informées, avait plus tôt indiqué le Pentagone.

Le porte-parole du ministère de la Défense, M. Meagher, a affirmé qu'une équipe travaillait à déterminer si les documents étaient authentiques, et a noté qu'en tout état de cause, les photos diffusées semblaient contenir des informations sensibles.

"Des photos semblent montrer des documents au format semblable à celui qui est utilisé pour fournir des mises à jour quotidiennes à nos hauts responsables des opérations liées à l'Ukraine et la Russie, ainsi que d'autres mises à jour de renseignement", a-t-il dit, mais certaines "semblent avoir été modifiées".

Au moins un des documents semble en effet avoir été altéré pour laisser croire que l'Ukraine aurait subi des pertes plus importantes que la Russie, quand le supposé original disait l'inverse.

"La divulgation d'informations classifiées et sensibles peut non seulement avoir d'énormes conséquences pour notre sécurité nationale, mais aussi mener des personnes à la mort", a averti Chris Meagher.

Un nombre "significatif" sont des faux, selon Séoul

Un "nombre significatif" des documents classifiés des renseignements américains sur la Corée du Sud, qui ont fuité ces dernières semaines parmi d'autres, ont été "falsifiés", a affirmé mardi la présidence sud-coréenne.

Certains des documents divulgués semblent indiquer que Washington collecte des renseignements sur la Corée du Sud.

Selon des informations de presse, plusieurs documents font état de préoccupations chez de hauts responsables de la sécurité nationale sud-coréenne, qui craignent de voir des armes et des munitions produites dans leur pays finir par être utilisées en Ukraine. Une telle éventualité constituerait une violation de la politique de Séoul, qui consiste à ne vendre aucune arme aux pays en guerre.

Au cours d'un appel téléphonique mardi, les ministres de la Défense américain et sud-coréen ont cependant estimé qu'"un nombre significatif des documents en question ont été falsifiés", selon un communiqué de la présidence sud-coréenne.

La fuite a poussé des responsables américains à rassurer leurs alliés tels que la Corée du Sud, qui a fourni une aide humanitaire et non létale à l'Ukraine après le début de l’offensive russe en 2022.

La révélation des prétendues discussions au sujet de l'Ukraine entre de hauts responsables de la sécurité nationale a suscité des critiques en Corée du Sud au sujet de la vulnérabilité des communications au sein des administrations-clés du pays, comme la présidence.

Le bureau du président Yoon Suk Yeol s'est cependant défendu mardi, affirmant qu'il disposait d'une "sécurité à toute épreuve" et que les accusations de mise sur écoute étaient des "mensonges insensés".

M. Yoon doit effectuer une visite d'Etat aux Etats-Unis en avril.

AFP