French journalist, writer and co-founder of the free and independent online media outlet Mediapart Edwy Plenel poses in the newsroom at their office in Paris / Photo: Reuters (Reuters)

Une ordonnance du tribunal judiciaire de Paris, rendue en urgence vendredi 18 novembre, à la demande du maire de Saint-Étienne (centre-est) Gaël Perdriau, "est une décision sans précédent de mémoire de juriste et de journaliste", a déclaré à l'AFP le directeur de Mediapart, Edwy Plenel.

L'ordonnance fait injonction de ne pas publier "de nouvelles révélations sur les pratiques politiques du maire de Saint-Étienne, appuyées notamment sur les mêmes enregistrements qui nous ont permis de révéler le scandale du chantage à la sextape dont a été victime son premier adjoint centriste, Gilles Artigues", affirme M. Plenel.

Selon le texte de l'ordonnance, Mediapart ne peut "publier tout ou partie de l’enregistrement illicite réalisé le 27 novembre 2017" dans le bureau du maire "sur tous supports" et ce "sous astreinte de 10.000 euros par extrait publié".

Ce qui choque surtout le média, c’est que “cette décision soit prise sans audience publique ni débat contradictoire, dans le secret d’un échange entre seulement deux personnes : l’avocat du demandeur et le président du tribunal”.

L'affaire a débuté début août quand Mediapart a publié les confessions de l'ancien compagnon d'un adjoint municipal de droite s'accusant d'avoir piégé le premier adjoint Gilles Artigues en le faisant filmer pour le faire chanter dans une chambre d'hôtel avec un escort boy.

Le parquet de Lyon a ouvert une enquête après une plainte pour chantage de Gilles Artigues. Différents protagonistes de l'affaire, dont le maire, son adjoint et son directeur de cabinet ont été placés en garde à vue puis relâchés, des téléphones et des ordinateurs ont été saisis. Les enregistrements publiés par Médiapart ont été faits par M. Artigues et ont été versés au dossier, selon les informations de l'AFP.

Le scandale a poussé M. Perdriau à limoger son directeur de cabinet puis à renoncer à ses fonctions représentatives à la ville et à la Métropole de Saint-Etienne, tandis que l'adjoint municipal accusé d'avoir tourné la vidéo compromettante démissionnait.

D'après Mediapart, M. Perdriau a invoqué "une atteinte à la vie privée" pour bloquer la publication de nouvelles révélations.

Les avocats de Mediapart "mettent en œuvre tous les recours juridiques possibles pour mettre fin rapidement à cette censure", a précisé Edwy Plenel.

Un cas similaire au mois d’octobre

En France, le 6 octobre dernier, il y avait eu un cas similaire, mais avec des recours à d’autres dispositions de la loi de commerce qui avaient été utilisées par le groupe Altice, propriété de l’homme d’affaires franco-israélien, Patrick Drahi.

En effet, le tribunal de commerce de Nanterre (Paris), au nom du secret des affaires, avait interdit le média Reflets.info à publier « de nouvelles informations » sur le groupe.

Médiapart s'inquiète des retombées de cet évènement "sans précédent est une attaque contre la liberté de la presse".



Agences