Contactées par l’Agence Anadolu, deux autres femmes racontent avoir subi le même sort mais ne souhaitent pas témoigner par crainte de l’exposition et de la polémique (Reuters)

Cet été 2022 ne déroge donc pas à la règle, puisqu’après la vive polémique sur l’interdiction des maillots couvrants dans les piscines municipales à Grenoble, c’est désormais sur la Côte d’Azur, que se poursuit le feuilleton.

Et pour cause, la mairie de Mandelieu-la-Napoule a pris un arrêté municipal passé inaperçu depuis début juin et interdisant le port du burkini sur les plages publiques de la commune.

Ces derniers jours, plusieurs femmes en burkini, venues prendre le soleil et profiter des plages alors que le département est en vigilance orange canicule, assurent avoir été enjointes de quitter les lieux sans quoi elles seraient verbalisées.

"Deux policiers se sont approchés et m’ont expliqué que je ne pouvais pas rester sur la plage en raison d’une décision municipale", témoigne Kahyna, 24 ans, qui précise que les agents "ont malgré tout été très courtois et polis".

La jeune femme affirme qu’ils ne lui ont néanmoins "pas laissé le choix" et qu’elle a dû "quitter la plage du Robinson pour ne pas être verbalisée".

Contactées par l’Agence Anadolu, deux autres femmes racontent avoir subi le même sort mais ne souhaitent pas témoigner par crainte de l’exposition et de la polémique.

S’agissant du volet juridique de cette épineuse question du burkini, la loi est pourtant claire et le Conseil d’État français, plus haute juridiction administrative du pays, a déjà statué sur le sujet.

Dans une ordonnance datée du 26 août 2016, il avait invalidé l’interdiction du port du burkini en considérant qu’une telle mesure portait "une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle".

La justice administrative avait par ailleurs rappelé, s’agissant de l’argument du potentiel trouble à l’ordre public invoqué pour interdire le burkini, que si le maire est bien chargé du "maintien de l’ordre dans la commune, il doit concilier l’accomplissement de sa mission avec le respect des libertés garanties par les lois".

Malgré cette décision connue de tous et très médiatisée au moment des faits, l’arrêté adopté le 9 juin dernier par la mairie mandolocienne invoque à nouveau "le trouble à l’ordre public".

L’interdiction municipale porte en effet sur les tenues "susceptibles d’entraîner (…) des troubles à l’ordre public, voire des affrontements violents" et celles dont il est considéré qu’elles seraient "non respectueuses des règles d’hygiène et de sécurité des baignades adaptées au domaine public maritime, susceptibles d’entraver ses mouvements lors de la baignade et de compliquer les opérations de sauvetage en cas de noyade".

Malgré cette description qui laisse une relative libre interprétation du texte aux agents de police pour le faire appliquer, ces derniers sont clairs.

Contactée par téléphone par l’Agence Anadolu, la police municipale confirme qu’il "n’y a que le port du burkini qui, sur Mandelieu, n’est pas autorisé" et ce jusqu’à la fin du mois d’août.

À noter que ce n’est pas la première fois que la ville de Mandelieu-la-Napoule s’illustre avec une question liée aux femmes musulmanes.

En avril 2017, le maire Henry Leroy, qui n’est autre que l’oncle de l’actuel maire de la ville Sébastien Leroy, avait adressé un courrier à l’enseigne de prêt-à-porter H&M, pour lui demander d’interdire le port du foulard par ses salariés, invoquant "la neutralité religieuse" et "l’identité républicaine".

AA