France: l'école a tendance à renforcer les inégalités sociales, selon une étude / Photo: AFP (AFP)

Depuis la rentrée, plusieurs études attirent l’attention sur les inégalités sociales, la pauvreté et les difficultés auxquelles font face les élèves en milieu scolaire. Dernier en date, le rapport de France Stratégie établit une corrélation entre les rémunérations en milieu de vie active et les caractéristiques "héritées" que sont le milieu social où l’on est né, le genre, l’endroit où l’on a grandi, et l’ascendance migratoire.

Le rapport a suscité de vives réactions au sein des milieux éducatifs: malgré les moyens mis en place, le système éducatif français peine toujours à compenser les inégalités liées à l’origine sociale, et la France occupe une position peu enviable au sein de l'OCDE en raison des résultats peu convaincants dans ce domaine, d’autant plus que la “perception des inégalités est plus forte dans l’Hexagone que dans des pays pourtant plus inégalitaires”.

Ainsi l'école n’arrive pas à atténuer les inégalités sociales, mais contribue au contraire à les renforcer tout au long de la scolarité. L'origine sociale est la variable qui a le plus d'impact sur les trajectoires scolaires, devant l'ascendance migratoire et le genre.

Le rapport indique que malgré de bonnes performances en début de leur parcours scolaire, les enfants issus de milieux modestes connaissent généralement des trajectoires plus chaotiques avec des perspectives de réussite nettement moins prometteuses. En termes spécifiques, seuls 10 % des enfants ayant des parents cadres ou exerçant des professions intellectuelles supérieures se retrouvent parmi le quart des élèves ayant les résultats les plus faibles, tandis qu'environ un tiers des enfants issus de familles d'ouvriers se trouvent dans cette catégorie.

Dans le parcours scolaire des enfants, la période du collège est identifiée comme un facteur qui amplifie les disparités scolaires. Il est noté que "des performances bonnes en sixième ne garantissent pas une scolarité réussie pour les élèves issus de milieux défavorisés." Plusieurs explications sous-tendent cette observation: contrairement à l'école primaire, il existe une réduction de la diversité sociale, principalement due à une augmentation significative du nombre d'élèves issus de milieux aisés fréquentant des écoles privées ou contournant les zones géographiques pour éviter une scolarisation dans leur établissement de résidence.

Quant aux élèves de milieux favorisés, même en difficulté scolaire, ils bénéficient de "phénomènes de compensation" qui leur permettent de conjurer la probabilité d’un échec scolaire.

En d'autres termes, un contexte socio-économique privilégié constitue une barrière contre l'insuccès scolaire. En conséquence, 62 % des jeunes issus de familles d'ouvriers non qualifiés réussissent à obtenir leur baccalauréat, dont seulement 34 % suivent la voie générale et technologique, tandis que ce taux atteint 94 % pour les enfants de cadres.

A cela peut s’ajouter, une insuffisance de diversité intrinsèque au sein des enceintes éducatives. En moyenne, il est observé que les élèves provenant de milieux favorisés côtoient un nombre double de pairs issus de familles aisées par rapport à leurs camarades issus de milieux moyens et modestes. Néanmoins, il est crucial de souligner que la mixité sociale joue un rôle substantiel dans l'augmentation significative de la probabilité pour les élèves d’origines modestes de poursuivre des études supérieures. Cette dynamique influe également et de manière durable sur leurs aspirations, ambitions, et même sur leurs réseaux sociaux.

Une réforme qui creuse les inégalités

Au stade du lycée, où les choix de spécialisation gagnent en importance, les disparités persistent et, selon les constatations, la réforme du lycée entreprise sous l'égide de l'ancien ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a même accentué ces disparités. Auparavant, les élèves issus de milieux très favorisés étaient sur-représentés dans la filière S (scientifique), largement perçue comme la voie privilégiée pour accéder par la suite aux "voies royales" de l'enseignement supérieur.

Aujourd’hui, bien que ces filières aient été réformées, les élèves issus des milieux les plus aisés ont tendance à recréer ces dynamiques de choix d'options qui ressemblent à l'ancienne filière S. En revanche, les élèves issus de milieux plus modestes optent souvent pour des parcours plus diversifiés et peuvent sembler “moins valorisés lors de l'orientation vers l'enseignement supérieur”, comme le souligne le rapport. En conséquence, ces disparités se reflètent par la suite dans le monde professionnel et tout au long de leur vie.

TRT Français et agences