France: le patron de la police conteste le placement en détention d’un policier / Photo: AP (AP)

Le patron de la police française déclarait dans une interview au journal Le Parisien "qu’avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison, même s’il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail".

"Le savoir en prison m'empêche de dormir", a-t-il assuré dans les colonnes du quotidien, considérant que "dans ce type d’affaires, le placement sous mandat de dépôt n’est pas la solution".

Le DGPN s’exprimait au lendemain d’une visite à Marseille où il a rencontré les équipes de la police nationale, alors qu’une fronde s’organise justement pour protester contre la mise en examen de quatre policiers pour des faits de “violences en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique avec usage ou menace d’une arme”, et dont l’un est désormais emprisonné.

Des propos “gravissimes”

Après les propos controversés de M. Veaux, le président du tribunal de Marseille a appelé lundi à "la mesure", soulignant que "l'indépendance de la justice (était) un principe constitutionnel".

Plus tôt, les deux principaux syndicats de magistrats ont jugé "gravissimes" les propos du patron de la police nationale.

"Il y a un principe fondamental dans une démocratie: la loi est la même pour tous", a souligné auprès de l'AFP la présidente du Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche), Kim Reuflet.

Les dires du patron de la police nationale sont "scandaleux" et "gravissimes dans un état de droit", a également réagi Cécile Mamelin, vice-présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire).

Le patron des socialistes, Olivier Faure, a lui jugé "gravissimes" ces déclarations. "Toute la hiérarchie policière se place au-dessus de la justice & des règles de la détention provisoire et le ministre de l'Intérieur est en arrêt maladie ! Ce qui se joue là, c’est la démocratie et le respect de l'Etat de droit", a-t-il poursuivi.

L'ancien candidat à la présidentielle et leader de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, a appelé lundi "au respect des institutions républicaines les policiers entrés en sécession factieuse", dans une publication sur son blog.

Depuis la détention de leur collègue, plusieurs centaines de policiers de la cité phocéenne se sont mis en arrêt maladie, selon une source syndicale, ou n'assument plus que des missions d'urgence et essentielles en signe de protestation.

Ce mouvement de protestation est difficilement quantifiable et son étendue sur le territoire relative mais les syndicats de police assurent que la "colère est là".

Dès jeudi soir, jusqu'à 250 d'entre eux s'étaient réunis devant le palais de justice de Marseille et avaient chaudement applaudi leur collègue emmené en voiture, selon des images largement diffusées sur les réseaux sociaux.

Rappel des faits

Pour rappel, dans la nuit du 1er au 2 juillet, les révoltes urbaines ont donné lieu à des heurts particulièrement violents notamment dans le secteur du Vieux-Port.

Alors qu’il rentrait chez lui après avoir terminé le travail, Hedi, 22 ans, a été violemment passé à tabac et visé par un tir de flashball qu’il attribue à des policiers en civil.

Laissé pour mort, il a pu être pris en charge à l’hôpital grâce à son ami présent sur place, et être ensuite opéré.

Une enquête de l’IGPN (Inspection générale de la police nationale) qui a été rapidement ouverte pour identifier les fonctionnaires impliqués, a permis d’aboutir au placement en garde à vue de quatre policiers dont l’un est incarcéré.

Dans la même nuit, Mohamed Bendriss, un ressortissant algérien de 27 ans, a été tué par un tir de flashball après avoir filmé un contrôle de police à proximité du Vieux-Port.

Agences