France: Le FLNC revendique 45 attentats avant la visite de Darmanin en Corse / Photo: AFP (AFP)

Le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) a tenu une conférence de presse clandestine, vendredi, annonçant sa responsabilité dans 45 attentats depuis octobre dernier. Cette déclaration intervient peu de temps avant la visite du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, en Corse, pour discuter de l'autonomie de la région.

Selon le rapport de Corse-Matin, la conférence s'est tenue dans une atmosphère rappelant les événements historiques du groupe, avec des hommes armés et masqués. Le groupe indépendantiste corse a critiqué la notion d'autonomie proposée par le gouvernement français, la jugeant insuffisante pour protéger l'identité et les droits du peuple corse.

S'appuyant sur les propos du président Emmanuel Macron tenus en septembre 2023, le FLNC a rejeté la notion d'une "communauté insulaire" au lieu d'une reconnaissance distincte du peuple corse. Le groupe a également souligné l'augmentation démographique significative en Corse, majoritairement due à l'arrivée de résidents français, qualifiant ce phénomène de "colonisation dite de peuplement".

"Elle est la plus pernicieuse et toujours un choix stratégique du colonisateur. La position de la Corse sous la tutelle française est une formidable hypocrisie", a déclaré le porte-parole du groupe, lisant un communiqué.

Bien que le discours ait abordé des sujets locaux, tels que la politique insulaire et la plateforme patriotique A Chjama Patriotta, l'accent a été mis sur le manque de consensus politique en Corse et les restrictions imposées par le gouvernement français. Le FLNC a prévenu qu'il pourrait chercher un soutien international pour défendre les droits des Corses.

Dans une dimension internationale, le FLNC a exprimé son soutien continu à la cause palestinienne, se positionnant en faveur du droit à l'autodétermination et à l'indépendance des peuples, conformément au droit international.

Engagements de Macron et Attal

Pour rappel, le Premier ministre français, Gabriel Attal, a confirmé, mercredi 24 janvier à l'Assemblée nationale, les engagements pris par l'Exécutif concernant l'autonomie de la Corse. "Ces engagements, nous les tiendrons", a-t-il assuré, en réponse à une question du député Michel Castellani, membre du parti autonomiste Femu a Corsica.

Le Premier ministre a déclaré que son gouvernement entend poursuivre les travaux pour faire apparaître dans la Constitution française la mention de la Corse, en reconnaissant une "communauté insulaire, historique, linguistique et culturelle". Il a rappelé l'engagement du chef d'État français, Emmanuel Macron, qui "lie" son gouvernement, et a mentionné les "responsabilités nouvelles" qui seront conférées à la collectivité de Corse, "en tirant les leçons des insuffisances du statut actuel".

Attal a évoqué la possibilité “d'adapter les règles et même les lois", reflétant ainsi l'ambition du président Macron. "Nous pouvons, si les élus de Corse le décident, bâtir une forme d'autonomie à la Corse, c'est-à-dire une autonomie pour l'île et dans la République", a-t-il expliqué. Le dialogue avec les élus corses a déjà commencé, a-t-il ajouté, en soulignant l'importance de poursuivre ces échanges.

L'enseignement du corse, la création d'un service public favorisant le bilinguisme, la réponse au défi immobilier sur l'île, la création d'une métropole pour Ajaccio, et le renforcement de la chambre des territoires font partie des sujets qui seront abordés. Attal a également évoqué la révision du mode de scrutin pour les élections territoriales, une discussion impliquant toutes les formations politiques insulaires.

Le Premier ministre français a conclu en mentionnant la visite du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, en Corse, début février, afin d'évaluer les progrès dans les discussions et recueillir les contributions des acteurs locaux. Sur cette base, le gouvernement prévoit de proposer au parlement les textes constitutionnels et organiques nécessaires pour concrétiser cette vision d'une "Corse autonome au sein de la République".

AA