Le projet à 20 milliards d'euros ne satisfaisant pas les oppositions (Reuters)

A partir d’aujourd’hui, les députés de cette nouvelle Assemblée sans majorité absolue vont examiner les deux textes proposés par le gouvernement qui comprennent les promesses présidentielles d’Emmanuel Macron. Le premier projet de loi contient le triplement de la “prime Macron”, la revalorisation de 4% des retraites et des minima sociaux ou celle de 3,5 % sur les aides au logement alors que le deuxième est composé du “pack pouvoir d’achat”. Le texte en points controversés, devrait faire l'objet de longs débats dans le nouvel hémicycle.

Même si le gouvernement se dit prêt à faire des compromis “dans le cadre budgétaire indiqué”, les débats s’annoncent mouvementés, le projet à 20 milliards d'euros ne satisfaisant pas les oppositions. Le Rassemblement national, Les Républicains et la Nupes ont prévu des amendements pour tenter d’imposer leurs idées.

Le carburant au cœur des débats

Alors que le prix du litre de carburant reste aux alentours de 2 euros, l’exécutif souhaite remplacer la remise de 18 centimes sur le litre de carburant par la mise en place d’une prime de 100 à 300 euros.

Les 62 députés Les Républicains (LR) proposent quant à eux de bloquer les prix du carburant à 1,5 euro le litre. Début juillet, le président du groupe LR Olivier Marleix a réclamé auprès de la Première ministre Élisabeth Borne, la “baisse du prix du carburant à 1,5 euro par litre”. Tandis que le Ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire défend son opposition à cette décision qui “fait exploser les dépenses publiques”, pour Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, bloquer le prix du litre du carburant « n’est pas tenable pour les finances publiques”.

Des aides spécifiques contre une baisse de TVA

Les 89 députés du Rassemblement National défendent une baisse de la TVA sur le carburant de 20 à 5,5% et une suppression totale de la TVA sur les produits de première nécessité.

Mais le gouvernement souhaite mettre en place des aides spécifiques. Parmi ces aides on retrouve un chèque alimentaire de 100 euros par foyer, une revalorisation des prestations sociales d'une hausse de 4 % telles que le Revenu de solidarité active (RSA), la prime d'activité, les allocations familiales, ou encore l'allocation adulte handicapée (AAH). S'agissant des aides personnalisées au logement (APL), l'augmentation sera de 3,5 %. La suppression de la redevance audiovisuelle, fruit de débat dans le pays, d’une somme annuelle de 138 euros en Métropole et 88 euros dans les Outre-mer est également en vue.

Smic à 1500 euros pour la Nupes

Parmi les mesures prévues pour pallier l’inflation qui atteint 5,8%, figurent la hausse de 3,5 % du point d'indice des fonctionnaires qui concernerait 5,9 millions de fonctionnaires et une augmentation de 4% des pensions de retraite.

Pour la Nupes, “le compte n’y est pas”. Les députés ont donc préparé leur propre texte “d’urgence sociale” qui comprend une hausse du Smic à 1 500 euros, un "vrai dégel" du point d'indice des fonctionnaires de 10%, et un "blocage des prix" des produits de premières nécessités.

Les élus LREM (Renaissance), MoDem et Horizons sont donc contraints de trouver des accords avec les oppositions. "Tout le week-end, les téléphones ont chauffé tous azimuts, on a consulté à gauche, on a consulté à droite (...), je suis convaincu qu'on va trouver un bon accord pour les Français", a dit le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

L’adoption définitive à l’issue d’une navette avec le Sénat est prévue au 7 août pour une entrée en vigueur de la plupart des mesures à la rentrée de septembre.

L’inflation risque de s’aggraver

Selon les dernières estimations de l'Insee, la hausse des prix à la consommation s'est accélérée au mois de juin pour atteindre 5,8% sur un an, contre 5,2% en mai. Selon l’institut, les prix risquent de continuer à augmenter dans les mois à venir. L’institut avait prévenu que l'inflation devrait atteindre 6,8% à l'automne, un niveau inédit depuis 1985.

68% des Français ne font "pas confiance" au gouvernement

La question du pouvoir d’achat est au cœur de la préoccupation des Français. Selon le baromètre Ecoscope OpinionWay-Square, les Français sont inquiets sur l’avenir de leur pouvoir d’achat. 74% d’entre eux estiment que l’économie française "va se dégrader dans les mois qui viennent". 68% des interrogées ne font "pas confiance" au gouvernement pour lutter contre l’inflation et défendre le pouvoir d’achat.

Selon un sondage réalisé par Harris Interactive, la première préoccupation des Français en ce qui concerne l’augmentation des prix est l’alimentation (42 %), devant l’énergie (29 %) et les transports du quotidien (14 %).

TRT Francais