Manifestation de militants pour la campagne BDS / Photo: AFP (AFP)

C’est l’épilogue de 15 ans de condamnations, relaxes et procédures judiciaires. Cette décision de la Cour d’appel de Paris entérine en fait une décision de la Cour européenne des droits de l’homme qui date de juin 2020. La CEDH avait conclu à l’unanimité que la France avait violé l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui garantit la liberté d’expression, en condamnant 11 militants pour incitation à la discrimination économique.

Anne Tuaillon, présidente de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) est, bien entendu, satisfaite. “La Cour confirme ce que nous disons depuis toujours, le boycott fait partie de notre liberté d’expression”, a déclaré Mme Tuaillon dans une interview à TRT français. De ce fait, le boycott est désormais légal en France mais il doit viser un État, ou dénoncer une politique. Dans le cas de la Cisjordanie, le BDS dénonce la colonisation.

Le mouvement Boycott, Désinvestissements, Sanctions (BDS) contre la colonisation menée par Israël est né en 2005, il se développe en 2009 en France. La justice est alors systématiquement sollicitée pour empêcher les appels au boycott. Pendant plus de 10 ans, les associations juives (Licra, à titre d’exemple) portent plainte pour “entrave à l'exercice normal d'une activité économique”, ce qui constitue une “infraction” ou pour “incitation à la haine".

Boycott des produits iseaéliens est légal : l'association France Palestine Solidarités réagit (Compte X de Anne Tuaillon)

En 2015, la France devient l’un des rares pays au monde où il est interdit pour une association d’appeler à boycotter les produits d’un autre pays.

Ainsi, la cour d’appel de Colmar a condamné en octobre 2015 quatorze militants du mouvement "Boycott, désinvestissement, sanctions" (BDS) pour avoir participé à une manifestation dans un magasin Carrefour à Illzach, près de Mulhouse (Haut-Rhin), “ appelant au boycott des produits en provenance d’Israël ”. Ils portaient des tee-shirts avec le slogan “Palestine vivra, boycott Israël” et distribuaient des tracts.

Le boycott de Carrefour continue

Anne Tuaillon conclut: “Nous nous attachons toujours à ce que le droit soit appliqué. La décision de la Cour d’appel de Paris est seulement la traduction dans le droit français de l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme. Maintenant, il est important que les militants de Mulhouse soient dédommagés.” Les personnes condamnées en 2015 avaient dû payer plus de 20 000 euros aux parties plaignantes.

Affiche de la dernière campagne BDS en France (BDS France)

Cette décision redonne de l’espoir au mouvement BDS. “Le boycott est efficace de deux façons. C’est mauvais pour l’image des entreprises et la mobilisation des consommateurs pousse les entreprises à se désinvestir de partenariats avec Israël”, insiste la présidente de l’AFPS qui soutient la campagne BDS.

Elle précise que la campagne initiée en décembre dernier contre le groupe commercial Carrefour va être relancée. “Carrefour affirme qu’il n’a pas de magasins en Cisjordanie mais leurs produits sont vendus dans les colonies et une société Carrefour Israël existe bel et bien”, rappelle Anne Tuaillon.

Les anti-boycott surveillent le net

Une journaliste israélienne a repéré l'application et l’a qualifiée de dangereuse et d’anti-israélienne. Les événements se sont immédiatement emballés. Chedy Al Tabaa a été la cible d'une campagne de harcèlement sur le net. Son numéro de téléphone ainsi que son adresse privée ont été divulgués sur des comptes Telegram sionistes. “J’ai reçu des messages du type : on va s’occuper de toi si tu ne retires pas ton application.” Le jeune homme de 26 ans a porté plainte et pris un avocat mais il avoue avoir eu peur pour sa famille. Il ne s’attendait pas à un tel déchaînement. “La police a fait son travail, elle a trouvé l’origine des comptes Facebook qui m’ont menacé, ils étaient tous basés en Israël, donc ils ne peuvent pas faire grand-chose”.

Aujourd’hui, les choses se sont calmées. Chedy Al Tabaa a reçu une proposition d’achat pour son application, mais -surprise !- la société intéressée est basée à Tel Aviv. “Je ne vais donc pas vendre mon application”, confie Chedy Al Tabaa d’un ton moqueur. “Je veux maintenant plus que jamais développer mon application pour que les consommateurs puissent l’utiliser. Vous direz bien qu’elle est en plusieurs langues, n’est-ce pas ?”, s’enquiert-il.

Boycott X a été téléchargée 240 000 fois à ce jour.

TRT Francais