France: appel à la "responsabilité collective" pour éviter le rationnement de l'électricité (AFP)

Le gouvernement français en a appelé à la "responsabilité collective", ce vendredi, afin d'éviter des mesures de rationnement de l'électricité pour l'hiver prochain.

À l'issue du Conseil de défense sur la crise énergétique, réuni par le président Emmanuel Macron, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a tenu une conférence de presse.

"Le conseil de ce matin [...] a permis de faire le point sur l'état d'avancement des travaux engagés avant l'été et de définir les prochaines étapes de ces travaux pour préparer l'hiver", a-t-elle déclaré avant de préciser que "le gouvernement a anticipé la situation depuis plusieurs mois" et de souligner que celui-ci a "sécurisé nos stocks de gaz [...] aujourd'hui remplis à 92 %".

Elle a également indiqué que le gouvernement a "renforcé et diversifié nos approvisionnements en gaz en provenance d'autres pays", ajoutant que la Première ministre Élisabeth Borne a "lancé un plan de sobriété énergétique en juin dernier, dont l'objectif est de réduire de 10 %, notre consommation d'énergie".

La ministre a indiqué que ce conseil de défense a permis d'aborder quatre volets : "l'approvisionnement énergétique", "la solidarité européenne", "la sobriété choisie pour éviter les coupures subies", et enfin "le calendrier et la méthode".

Les livraisons de gaz russe et l'arrêt des réacteurs

Faisant remarquer que les "livraisons de gaz russe sont au plus bas", elle a cependant précisé qu'elles "ne sont pas coupées", ajoutant que les terminaux méthaniers français "tournent à plein régime" et que la France a "quasiment atteint" ses "objectifs de remplissage".

Sur l'électricité, Agnès Pannier-Runacher a rapporté que "32 réacteurs sont à l'arrêt, dont certains pour corrosion sous contrainte et d'autres pour les maintenances habituelles", ajoutant que "EDF s'est engagé à redémarrer tous les réacteurs pour cet hiver".

La solidarité européenne

Concernant le volet de la solidarité européenne, la ministre a déclaré que la France n'est pas le seul pays européen à être confronté à cette crise énergétique et que "tous les autres pays européens" y sont confrontés.

Notant que "la solidarité en matières de gaz et d'électricité permet d'assurer la sécurité d'approvisionnement de la France et de l'Europe", Pannier-Runacher a indiqué que le conseil a davantage "examiné les relations avec l'Allemagne et l'Espagne", avec qui la France a "d'importants échanges de gaz et d'électricité", estimant que "cette solidarité réciproque devra être renforcée dès cet hiver".

La sobriété choisie

Sur le volet de "la sobriété choisie pour éviter les coupures subies", elle a noté que le gouvernement a "déjà mobilisé l'État, les collectivités locales, et les entreprises", précisant que "chaque acteur a vocation de construire sa [propre] feuille de route".

La ministre a ajouté que "la réussite du plan de sobriété nécessitera la mobilisation de tous", soulignant que "l'État prendra sa part et sera exemplaire".

Plaidant pour des "efforts collectifs, proportionnés et raisonnables", la ministre a tenu à "rappeler que la sobriété, c'est la chasse au gaspillage, c'est l'attention au chauffage, à l'éclairage.

"Ce n'est pas demander aux entreprises de baisser leur production ou leur activité", a-t-elle ajouté avant de souligner que "ces mesures sont indispensables pour ne pas avoir à mettre en place des mesures plus contraignantes.

Le calendrier et la méthode

Indiquant que "dès la semaine prochaine", le gouvernement va "poursuivre les travaux sur le plan de sobriété en partageant les recommandations remontées par les différents secteurs", la ministre a précisé que le gouvernement mettra également en place "des mesures plus contraignantes en concertation avec les acteurs concernés".

Agnès Pannier-Runacher a ajouté que le gouvernement "poussera également un agenda européen", annonçant qu'elle participera "au conseil extraordinaire des ministres européens de l'Énergie", vendredi 9 septembre, "à l'occasion duquel la Commission européenne nous fera des propositions que nous examinerons pour agir face à l'emballement des prix" de l'énergie, soulignant la détermination de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, "de prendre des mesures dans ce sens".

La ministre a également annoncé un travail de coopération avec l'Allemagne "pour renforcer nos échanges en gaz et en électricité".

À la mi-septembre, les "gestionnaires de réseaux préciseront leur scénario pour cet hiver", permettant au gouvernement d'agir en fonction de cette évaluation, ainsi que d'un rapport de situation au début du mois d'octobre".

Une baisse de la consommation

Au micro de RTL, ce vendredi, la directrice générale d'Engie, Catherine MacGregor s'est dite "relativement sereine" quant à la situation du gaz en France pour l'hiver prochain, rapportant que la consommation de gaz des particuliers en France a baissé "d'environ 4 à 5 %" depuis le début de la guerre en Ukraine, soit le 24 février.

"On voit déjà des signaux de demande où les gens commencent à faire attention, et ça c'est très encourageant", a ajouté la patronne du premier fournisseur de gaz en France.

Dans son discours d’ouverture de la Rencontre des entrepreneurs de France (Ref) organisée par le Mouvement des entreprises de France (Medef), lundi dernier, la Première ministre Élisabeth Borne avait déclaré que la France devrait se "préparer" à la mise en place de "rationnements" d’énergie pour l'hiver prochain, soulignant qu'en cas de mise en œuvre de rationnements d’énergie, "les entreprises seraient les premières touchées".

Hausse des prix de l'énergie

Mardi dernier, la Première ministre avait annoncé une hausse des prix de l'électricité et du gaz, qui devrait intervenir janvier 2023.

Invitée de l'émission « Quotidien », la cheffe du gouvernement avait souligné les efforts fournis par son cabinet pour maîtriser la hausse des prix de l'énergie, notamment à travers le "bouclier tarifaire".

Elle a, ensuite, concédé, qu'"on ne va pas geler les prix éternellement. Il y aura certainement des hausses du prix de l'électricité et du gaz au début de 2023", a-t-elle expliqué, avant d'ajouter que des "mesures particulières" seront mises en place pour les ménages les plus modestes.