Etats-Unis: Trump dénonce une persécution lors de son procès / Photo: Reuters (Reuters)

"Non coupable", a dit l'ancien locataire républicain de la Maison blanche, insistant sur le premier mot, à la juge Moxila Upadhyaya, alors que le procureur spécial Jack Smith, qui supervise l'enquête fédérale sur les émeutes sanglantes du 6 janvier 2021 au Capitole de Washington, se trouvait au premier rang dans la salle.

L'audience, qui a duré environ une demi-heure, s'est déroulée dans un tribunal se trouvant à un kilomètre à peine du Capitole, où des partisans de Donald Trump ont mené un assaut dans le but d'empêcher le Congrès de certifier la victoire électorale de Joe Biden.

Aux yeux des procureurs, Donald Trump a mené des efforts sans précédent pour nuire aux piliers de la démocratie américaine. L'ancien président est accusé de complot visant à commettre une fraude au détriment des Etats-Unis, de subornation de témoins, de conspiration contre les droits des citoyens et de complot pour faire obstruction à une procédure officielle.

Le plus important chef d'inculpation est passible d'une peine allant jusqu'à 20 ans d'emprisonnement.

C'est la troisième fois depuis avril dernier que Donald Trump, 77 ans, se présente devant la justice et plaide non coupable d'accusations le visant, à quinze mois de l'élection présidentielle de 2024 pour laquelle il est candidat et fait figure de favori pour l'investiture du Parti républicain.

Il répète que les procédures judiciaires à son encontre sont une "chasse aux sorcières" destinée à l'empêcher de revenir à la Maison blanche.

"Jour tres triste pour l'Amerique"

"C'est un jour très triste pour l'Amérique", a-t-il déclaré devant des journalistes à l'issue de l'audience, avant de prendre place à bord de l'avion privé devant le ramener à sa demeure de Bedminster, dans le New Jersey.

"C'est une persécution d'un opposant politique", a ajouté Donald Trump, premier président de l'histoire du pays à avoir été inculpé au pénal.

Il fut aussi le premier locataire de la Maison blanche à être visé par deux procédures de destitution ("impeachment"), dont une en 2019 pour avoir fait pression sur l'Ukraine pour qu'elle mène une enquête contre Joe Biden, alors son rival annoncé pour l'élection présidentielle de 2020.

Dans l'acte d'inculpation de 45 pages dévoilé mardi, Jack Smith accuse notamment Donald Trump et des alliés d'avoir promu de fausses accusations selon lesquelles le scrutin de 2020 était truqué, et d'avoir fait pression sur des représentants locaux et fédéraux pour qu'ils modifient les résultats électoraux.

Il est attendu que la date du procès soit fixée lors d'une audience programmée le 28 août, pour laquelle la présence de Donald Trump ne sera pas requise, a indiqué la juge Moxila Upadhyaya.

L'avocat de Donald Trump, John Lauro, a déposé une objection, estimant que l'ampleur de l'affaire et la quantité des documents concernés nécessitait beaucoup de temps.

Donald Trump est reparti du tribunal sans restrictions sur ses déplacements. Comme conditions, il lui a notamment été ordonné de ne pas discuter de l'affaire avec un quelconque témoin, à moins que les avocats ne soient présents.

Toujours grand favori pour les Républicains

Plus tôt cette année, l'ancien président républicain a notamment plaidé non coupable d'accusations fédérales selon lesquelles il a conservé illicitement des documents confidentiels après son départ de la Maison blanche.

Il pourrait bientôt être inculpé aussi en Géorgie, où le parquet boucle une enquête sur les efforts présumés de Trump pour faire inverser le résultat du vote de 2020 dans l'Etat.

Les soucis judiciaires de Donald Trump semblent avoir peu affecté son statut de favori dans la course à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2024.

Un sondage Reuters/Ipsos réalisé mardi, après sa nouvelle inculpation, montre que 47% des électeurs du Parti républicain ont déclaré qu'ils voteraient pour Donald Trump l'an prochain, loin devant les intentions de vote dont est crédité son premier rival, le gouverneur de Floride Ron DeSantis.

Trois-quarts des sondés ont dit être d'accord avec le fait que les accusations relèvent de motivations politiques, indiquant que le discours victimaire de Donald Trump résonne auprès de sa base électorale.

Cependant, la même enquête d'opinion montre que la moitié des électeurs républicains entendent ne pas soutenir Donald Trump pour l'élection présidentielle s'il venait à être reconnu coupable d'un crime.

Dans les rangs des républicains, les principaux politiciens - dont plusieurs candidats à l'investiture du parti l'an prochain - défendent Donald Trump ou se refusent de le critiquer réellement, choisissant plutôt d'accuser l'administration Biden de se servir du département de la Justice contre un opposant.

Joe Biden a refusé de commenter l'inculpation de Donald Trump.

Plus de 1.000 personnes ont été inculpées pour leur implication dans l'assaut contre le Capitole, dont des membres de groupes d'extrême droite qui ont été condamnés pour complot séditieux.

Les incidents sont survenus peu après que Donald Trump a exhorté dans un discours ses partisans à "se battre comme des diables" pour "empêcher le vol" de l'élection présidentielle.

Reuters