Une vue générale de la chambre haute du parlement est photographiée à Alger. / Photo: Reuters (Reuters)

A son arrivée au pouvoir en 2019, le président Abdelmadjid Tebboune a fermé quasiment tous les espaces politiques et médiatiques. Les autorités n’ont jamais assumé publiquement cette fermeture, évoquant souvent la nécessité du "respect des lois" en vigueur dans le pays. Mais les partis politiques, y compris ceux proches du pouvoir, n’ont pas été autorisés à mener des activités publiques, surtout dans les salles publiques. C’est le cas du Rassemblement pour la Culture et la démocratie (RCD, opposition laïque) qui appelle à l’avènement d’une transition politique dans le pays. Durant des mois, il n’a pas réussi à organiser une rencontre publique. Pis, en 2022, l’administration a même interdit, sans motif, une "université d’été" que cette formation devait organiser. Ce parti n’a pu obtenir le renouvellement de son agrément qu’après une année de démarches. C’est aussi le sort réservé à d’autres partis. Mais il y a pire : des formations, à l’image du Parti socialiste des Travailleurs (PST, trotskyste) et le Mouvement démocratique et social (MDS, ancien parti communiste) sont suspendus par la justice. Ils sont accusés de "ne pas être conformes à la loi".

Au sein des partis du pouvoir, notamment le parti du Front de Libération national (FLN, ancien parti unique) et le Rassemblement national démocratique (RND, parti nationaliste), les activités étaient quasiment gelées. L’ancien parti unique, soutien de M Tebboune, n’avait même pas pu organiser son congrès, l’administration ayant refusé de lui donner une autorisation. "Je préfère m’appuyer sur la société civile", avait notamment justifié le président Abdelmadjid Tebboune. Mais en novembre, l’administration a finalement donné au FLN l’autorisation de tenir son congrès du FLN. Depuis, le parti organise de temps en temps de petites activités, toutes couvertes par les médias officiels contrairement aux partis de l’opposition qui n’ont jamais accès à la télévision et radios d’Etat. Même les médias privés ne couvrent plus leurs activités.

Pendant de longs mois, les rares activités partisanes se passaient loin des projecteurs des médias. Ces derniers auraient reçu des instructions verbales de ne pas couvrir les activités politiques. Et cela se poursuit pour beaucoup de partis. «Le problème est qu’aucun média ne couvre nos activités. Donc, pour les Algériens, nous n’existons que dans les réseaux sociaux", se désole Habib Brahmia, premier secrétaire national de Jil Jadid (nouvelle génération, un parti progressiste de l’opposition modérée). "La couverture médiatique de nos activités est quasiment nulle", abonde pour sa part Rachid Hassani, chargé de Communication du RCD qui vient d’organiser une session de son Conseil national dans une salle publique, alors qu’il en était interdit depuis de longues années.

Pour certains observateurs, ces changements mineurs dans l’attitude des autorités seraient liés aux échéances politiques futures. Pour Habib Brahmia, 2024 «est une année électorale" qui nécessite donc une activité politique plus intense. Ce qui a "contraint" les autorités à laisser un peu plus d’espaces aux partis politiques. "C’est juste une manœuvre des autorités pour passer les élections" présidentielles de décembre prochain, explique le politologue Samaïl Maaraf. Selon lui, "les autorités n’ont aucune volonté d’ouvrir" le champ politique et médiatique. La preuve est que «nous sommes toujours interdits de médias et les rares fois où nous sommes invités dans les médias publics, c’est pour nous poser des questions sur des questions internationales de sorte à ce que nous apparaissions comme des soutiens des autorités", explique Habib Brahmia.

En prévision de cette année électorale, les autorités ont entamé, depuis quelques mois, des discussions avec certains partis politiques. Le chef de l’Etat a ainsi reçu certains leaders politiques, dont la secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT, opposition de la gauche ouvrière), Louisa Hanoune. Cette dernière a affirmé, récemment, avoir aperçu "des signes d’ouverture" des autorités, preuve en est que contrairement aux autres partis de l’opposition, ses activités suscitent l’intérêt des médias.

Mais d’autres partis politiques refusent de participer à ces discussions. C’est le cas de l’Union pour le changement et le progrès (UCP, opposition laïque) et du RCD qui "refuse de participer à des rencontres sans but politique, ni agenda", affirme Rachid Hassani qui estime que si son parti n’est pas "contre le dialogue", il appelle à "un dialogue sérieux et sincère" de la part des autorités. Ces dernières sont d’ailleurs attendues sur cette question comme sur d’autres dans les prochains jours.

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