En 29 heures de JT, 5 minutes seulement réservées aux Gazaouis sur TF1 et France 2 (Others)

Une analyse minutieuse menée par l’émission ”Arrêt sur Images” des JT de TF1 et France 2 depuis le 4 février, a mis en lumière un déséquilibre flagrant quant à la couverture médiatique de la situation à Gaza.

Se basant sur les travaux de Célia Chirol, spécialiste en sociologie des médias et créatrice du blog "À la TV sur ma TV", qui a entrepris une étude sur la façon dont les grands médias télévisuels abordent la crise à Gaza du 8 au 14 janvier 2023, Arrêt sur Images indique que sur les 20 journaux télévisés examinés, seules 29 secondes au total ont été consacrées à Gaza et au sort des Palestiniens.

De manière plus détaillée, TF1 a alloué 5 secondes à ce sujet, M6 y a consacré 10 secondes, et France 2 lui a réservé 14 secondes. Cette étude a également révélé que 5 minutes ont été accordées aux ressortissants israéliens, alors que des sujets triviaux comme "le froid hivernal" ou "le dernier clip de Jennifer Lopez" ont suscité davantage d'intérêt journalistique.

Réitérant son analyse un mois plus tard, lors de l'hommage aux victimes françaises du 7 Octobre, Célia Chirol a constaté une nouvelle fois une sous-représentation flagrante de la situation à Gaza.

Dans l'ensemble des journaux télévisés étudiés, seule une brève de 7 secondes dans le 19:45 de M6 a mentionné les bombardements sur Rafah et le nombre de victimes palestiniennes.

Le reste de la couverture se concentrait principalement sur le Hamas lors de l'hommage, ignorant largement les événements tragiques se déroulant à Gaza.

En 29 heures de JT, seulement 5 minutes

S’inspirant des travaux de Célia Chirol, une analyse plus récente menée par Arrêt Sur Images sur une période de dix jours à partir du 4 février, confirme cette tendance.

Sur 46 JT de TF1 et de France 2, pour près de 30 heures d’antenne, aucun ne consacre de séquence dédiée au sort des Gazaouis. Seul le JT de France 2 a abordé la situation à Gaza lors de deux occasions, totalisant 5 minutes d'antenne.

Une couverture limitée à quelques segments, dont l'un traitait des protestations officielles entourant une offensive militaire israélienne à Rafah, et l'autre des derniers moments de vie d'une jeune fille gazaouie de six ans tuée lors d'un raid aérien.

Mais aucun journal, d'aucune chaîne, n'a fait état sur cette période du bilan chiffré du nombre total de morts à Gaza, plus de 28 000 à ce jour, dont 5000 enfants.

“Selon le Hamas”

Une des rares fois où il est question d'évoquer la centaine de victimes des bombardements israéliens à Rafah, la voix off du JT de TF1, prend bien soin de préciser que c’est, “selon le Hamas”.

A l’opposé, les otages israéliens et les annonces de l'État hébreu bénéficient d'une attention médiatique beaucoup plus considérable.

Plusieurs séquences ont été diffusées dans l'ensemble des journaux, mettant en avant l'hommage rendu “aux victimes françaises du Hamas” et l'annonce de la libération de deux otages israéliens à Rafah, avec un accent particulier mis sur les opérations militaires et les déclarations de l'armée israélienne.

Les JT ont aussi largement couvert, notamment le 13 heures de TF1, le tunnel mis en avant par l'armée israélienne sous les bureaux de l'UNWRA, l'agence des Nations-Unies pour les réfugiés palestiniens et deux longs reportages ont été consacrés aux proches des otages israéliens aux journaux de 20 heures de TF1 et de France 2, la veille de l'hommage français.

En somme, un peu plus de 26 minutes ont été dédiées aux otages du 7 Octobre ou à des actualités provenant d'Israël, en seulement 2 JT.

Cependant, l’annonce du gouvernement quant à un prochain “temps mémoriel” pour les victimes françaises des bombardements israéliens à Gaza a complètement été passée sous silence.

Cette sous-représentation de la crise humanitaire à Gaza dans les médias du service public, interroge autant sur la partialité de l’Etat français, dans la guerre que mène Israël contre les Palestiniens, que sur la liberté d’expression en France, où les journalistes ne cessent de subir pressions et intimidations lorsqu’il s’agit d’évoquer les crimes commis à l'encontre des Gazaouis.

TRT Francais