Emmanuel Macron promet de restaurer l'ordre en France et poursuivre l'aide à l'Ukraine / Photo: AFP (AFP)

"Le plus grand risque à mes yeux est la guerre d'agression russe en Ukraine. Nous ne pouvons pas laisser la Russie gagner car alors la sécurité même de l'Europe et de tout le voisinage russe serait remise en cause", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse qui a duré plus de deux heures.

A ce titre, le président français a annoncé une prochaine visite en février en Ukraine, ajoutant que la France allait procéder "à des livraisons nouvelles: une quarantaine de missiles (longue portée) Scalp et plusieurs centaines de bombes" pour Kiev.

Près de deux années après l’offensive russe, alors que la situation sur le front ukrainien semble stable depuis plusieurs mois et que l'Occident montre des signes croissants d'usure, Emmanuel Macron a également exprimé sa position sur l'autre conflit majeur en cours. Il a averti Israël quant à la persistance de frappes insuffisamment précises à Gaza.

Quelque 24.285 personnes, selon le ministère de la santé à Gaza, ont été tuées par les bombardements et opérations militaires israéliennes, depuis le 7 octobre.

"Poursuivre aujourd'hui les opérations telles qu'elles sont conduites, c'est prendre un risque dans la durée, compte tenu de ce que cela fait naître dans toute la région, pour la sécurité d'Israël même", a fait valoir Emmanuel Macron.

Alors que les craintes grandissent quant à un embrasement régional, l'Iran et les mouvements qu'il soutient intensifiant leurs attaques en solidarité avec Gaza, Paris a "décidé de ne pas se joindre" aux frappes de la coalition américano-britannique contre les Houthis au Yémen pour "éviter toute escalade", a justifié M. Macron.

“Education et "civisme"

Le chef de l'Etat français, en difficulté un an et demi après le début de son second quinquennat, a par ailleurs annoncé une batterie de mesures en France, particulièrement dans le domaine de l'Éducation.

Il a ainsi indiqué que la tenue unique pour les élèves - débat récurrent, et très connoté politiquement, en France - serait expérimentée dès cette année dans une centaine d'établissements scolaires volontaires. Il s'est également prononcé pour l'enseignement de l'hymne national, la Marseillaise, "dès le primaire" (6-11 ans), autre mesure plutôt demandée à droite.

L'Education nationale, présentée comme la "mère des batailles" du second mandat, est vent debout contre sa nouvelle ministre Amélie Oudéa-Castéra, qui, à peine nommée, a justifié la scolarisation de ses enfants dans le privé avec des propos jugés méprisants pour les enseignants du public.

“Ordre”

Huée mardi matin à son entrée puis à sa sortie d'une école publique parisienne dans laquelle l'un de ses enfants a été brièvement scolarisé, Mme Oudéa-Castéra a présenté ses "excuses" aux enseignants qu'elle "regrette" d'avoir "blessés". Le président a défendu sa ministre, qui "a eu raison de s'excuser", et l'a assurée de son "indulgence".

Emmanuel Macron a également promis de l'"ordre", en "contrôlant mieux nos frontières, en luttant contre les incivilités grâce à un doublement de la présence policière dans nos rues, en luttant contre la drogue, en luttant contre l'islam radical". Il a annoncé vouloir "dix opérations par semaine" en France contre le trafic de drogue.

Depuis le début du deuxième quinquennat, les difficultés s'accumulent pour le chef de l'Etat, qui ne dispose que d'une majorité relative à l'Assemblée nationale, et fait face à la montée de l'extrême droite qu'il avait pourtant promis de défaire.

Le Rassemblement national (RN, extrême droite), principal parti d'opposition et favori des prochaines élections européennes, est "le parti de la colère facile", a-t-il tancé, "le parti de l'appauvrissement collectif", "le parti du transformisme" sur les questions européennes, où sa ligne politique évolue.

Les oppositions ont critiqué le discours du chef de l'Etat, la cheffe des écologistes Marine Tondelier dénonçant un "discours de politique générale lunaire et parternaliste".

Le patron des Républicains (droite) Eric Ciotti a déploré que "les ambitions" soient "aussi monumentales que les annonces sont modestes", tandis que la leader d'extrême droite Marine Le Pen a critiqué "un énième et interminable bavardage, un entre-soi sans hauteur, sans vision et surtout sans solutions aux problèmes critiques des Français".

Agences