La popularité de Boris Johnson, 57 ans dont bientôt trois à Downing Street, s'est effondrée après ce scandale qui lui a valu une amende et des appels à la démission (AP)

Les Britanniques ont commencé à voter jeudi lors d'élections locales qui donneront une idée des dégâts du scandale du "partygate" pour le Parti conservateur de Boris Johnson et s'annoncent décisives pour l'Irlande du Nord où les républicains du Sinn Fein espèrent une victoire historique.

Des milliers de sièges sont en jeu dans des conseils locaux en Angleterre, Ecosse et au Pays de Galles, ce qui permettra aux électeurs de s'exprimer dans les urnes pour la première fois après des mois de révélations sur les fêtes tenues à Downing Street pendant les confinements.

Et pourrait ainsi, en cas de mauvais résultats, convaincre certains députés attentistes de la majorité de retirer leur soutien à Boris Johnson, déterminé à rester au pouvoir malgré l'amende reçue, inédite pour un Premier ministre en exercice.

Loin des déchirements de Westminster, c'est un séisme politique qui s'annonce en Irlande du Nord où les sondages donnent le Sinn Fein en tête de l'Assemblée locale pour la première fois en 100 ans d'histoire de la province britannique de 1,9 million d'habitants, sous tensions depuis le Brexit.

Les bureaux de vote ont ouvert à 06H00 GMT et fermeront à 21H00 GMT, avec de premiers résultats connus dans la nuit de jeudi à vendredi en Angleterre puis s'étalant les jours suivants.

"Otage"

En Irlande du Nord, le vote pourrait redéfinir le Royaume-Uni. Le dernier sondage de la campagne donne une avance de huit points au Sinn Fein, partisan d'une réunification avec la République d'Irlande, devant les unionistes du DUP, premier parti de l'assemblée sortante, au coude à coude avec le parti centriste Alliance.

Une victoire du Sinn Fein, l'ex-vitrine politique de l'Armée républicaine irlandaise, propulserait sa vice-pré sidente Michelle O'Neill au poste de cheffe du gouvernement local, censé réunir nationalistes et unionistes en vertu de l'accord de paix de 1998.

Mais elle pourrait aussi aboutir à une paralysie.

Lors du dernier débat électoral mardi sur la BBC, le chef du DUP Jeffrey Donaldson a averti que sa formation refuserait de former un nouvel exécutif si le gouvernement britannique ne suspend pas le statut spécial post-Brexit de la province qui, pour les loyalistes, porte atteinte aux liens avec le reste du Royaume-Uni.

Michelle O'Neill l'a accusé de "prendre en otage" les Nord-Irlandais.

Elle a assuré que son parti, qui a mené campagne à gauche en insistant sur la crise du pouvoir d'achat, n'était pas "obsédé" par un vote en vue d'une réunification.

Commerçante dans un quartier unioniste de Belfast, Alaine Allen a exprimé à l'AFP son inquiétude concernant une possible victoire du Sinn Fein mais s'est montrée critique du DUP: "j'espère qu'ils vont gagner mais personne ne travaille vraiment pour le peuple".

Inflation

Dans le reste du Royaume-Uni, ces élections locales, qui mobilisent généralement très peu, révéleront l'état d'esprit des électeurs envers les conservateurs au pouvoir, après des critiques sur leur gestion de la pandémie, leurs mesures jugées insuffisantes pour aider les ménages étranglés par l'inflation et le "partygate".

La popularité de Boris Johnson, 57 ans dont bientôt trois à Downing Street, s'est effondrée après ce scandale qui lui a valu une amende et des appels à la démission. Il a pour l'instant traversé la tempête, mettant en avant son rôle moteur dans le soutien occidental à l'Ukraine, mais des résultats calamiteux jeudi pourraient changer la donne.

Aggravant son cas, il a été mis en d ifficultés à la télévision en fin de campagne sur le sujet du pouvoir d'achat.

Le Labour, principal parti d'opposition, espère bien tirer profit de ses faiblesses, même si son chef, Keir Starmer, 59 ans, a lui-même été accusé d'avoir enfreint les règles sanitaires pour avoir partagé bières et currys avec son équipe lors d'un déplacement en avril 2021.

Le Parti travailliste espère gagner des sièges à Londres, notamment dans des bastions traditionnellement conservateurs tels que Westminster, Wandsworth, Kensington et Chelsea.

Le Labour veut également reconquérir ses anciens fiefs devenus conservateurs lors des dernières élections en 2019 dans le Nord et le centre de l'Angleterre.

A Dudley (Nord), Bob, un ouvrier retraité votera travailliste pour "protester", a-t-il expliqué à l'AFP: "ce qui rend les gens fous, c'est le coût de la vie, la nourriture coûte de plus en plus cher, l'énergie aussi".

TRT Français et agences