Climat: des engagements "très loin" d'être suffisants avant la COP, avertit l'ONU (Reuters)

Loin de limiter la hausse des températures à 1,5°C ou 2°C, les deux chiffres phares du traité, les plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre des 193 parties signataires "pourraient mettre le monde sur la voie d'un réchauffement de 2,5°C d'ici la fin du siècle", avertit l'agence onusienne chargée du climat dans sa dernière synthèse des engagements reçus.

Lors de la dernière conférence mondiale sur le climat, la COP26 tenue il y a un an à Glasgow, les pays s'étaient pourtant engagés à rehausser chaque année leurs "contributions déterminées au niveau national" (NDC), au lieu de tous les cinq ans comme le prévoyait l'accord signé en 2015.

Mais au 23 septembre, date limite pour qu'elles soient prises en compte avant la nouvelle conférence qui se tiendra du 6 au 18 novembre dans la ville égyptienne de Charm el-Cheikh, seuls 24 pays avaient soumis une NDC nouvelle ou renforcée. Un chiffre "décevant" a reconnu le patron de l'ONU Climat, Simon Stiell.

"Nous sommes très loin du niveau et de la rapidité de réduction d'émissions nécessaires pour nous mettre sur la voie d'un monde à 1,5°C" de hausse des températures au maximum, a-t-il souligné dans un commentaire écrit sur cette synthèse.

"Pour maintenir cet objectif (de 1,5°C) en vie, les gouvernements doivent renforcer leurs plans maintenant et les mettre en oeuvre dans les huit prochaines années", insiste le responsable onusien.

Car selon les experts de l'ONU, les émissions mondiales doivent baisser de 45% d'ici 2030, par rapport aux niveaux de 2010, pour tenir cet objectif, fixé par rapport aux températures moyennes de l'ère-préindustrielle, quand l'humanité a commencé à utiliser massivement des énergies fossiles, produisant des gaz à effet de serre qui causent le réchauffement.

Mais la nouvelle synthèse des NDC calcule que les engagements actuels mèneraient au contraire à une augmentation de 10,6% des émissions sur cette même période.

"Relancer la lutte"

A quelques jours de la COP27 à Charm el-Cheikh, qui verra des dizaines de milliers de délégués et "plus de 90" dirigeants du monde entier, selon l'Egypte, se pencher sur l'avenir climatique de la planète, cette publication sonne comme un nouvel avertissement alors que les effets du changement climatique se sont fait sentir comme jamais en 2022, avec de nombreux pays frappés par des sécheresses, méga-feux, canicules, inondations, ou autres catastrophes.

"La COP27 est l'occasion pour les leaders du monde de relancer la lutte contre le changement climatique", a insisté M. Stiell, appelant à "passer des négociations à la mise en oeuvre et à avancer vers les transformations profondes qui doivent se produire dans tous les secteurs face à l'urgence climatique".

Le dernier rapport des experts climatiques de l'ONU (Giec), publié en 2021/22, a mis en garde sur le peu de temps restant pour assurer un "avenir vivable" à l'humanité.

Mais insistant sur la nécessité de ne pas baisser les bras, les scientifiques soulignent que chaque fraction de degré de réchauffement évité compte, et appellent les gouvernements à s'engager plus fortement dans la réduction des émissions.

"Le rapport (sur les NDC) et celui du Giec sont d'utiles rappels", a abondé mercredi le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, qui présidera la COP27. "Il est indispensable de relever les ambitions et de les mettre urgemment en oeuvre (...) pour nous protéger d'impacts climatiques sévères et de pertes et dommages dévastateurs", a-t-il déclaré dans un communiqué.

AFP