Des militants de cette région clé du Midwest avaient lancé la campagne "Listen to Michigan" / Photo: AFP (AFP)

Joe Biden a remporté mardi la primaire démocrate du Michigan, mais a été sévèrement sanctionné pour son soutien à Israël dans cet État à forte population musulmane et arabe, un résultat qui pourrait être de mauvais augure pour ses chances de réélection.

Selon de premières estimations, plus de 50.000 votes "non engagés", l'équivalent d'un vote blanc, ont été déposés dans les urnes de cet Etat, répondant à un appel à faire pression sur le président américain pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza.

Ce résultat est inquiétant pour le dirigeant démocrate car il avait remporté de peu cet État face à Donald Trump il y a quatre ans. Chaque défection entame ses chances d'être réélu à la présidentielle de novembre.

Des militants de cette région clé du Midwest avaient lancé la campagne "Listen to Michigan" (Ecoutez le Michigan), pour délivrer un "message puissant et sans équivoque" selon lequel le financement et le soutien de la guerre à Gaza sont "en contradiction avec les valeurs du Parti démocrate".

"Le président Biden finance les bombes qui tombent sur des proches de familles vivant ici-même dans le Michigan, des gens qui ont voté pour lui et qui se sentent complètement trahis", a expliqué Layla Elabed, une responsable du groupe.

A mesure que le nombre de victimes civiles augmente dans l’opération militaire menée par Israël dans la bande de Gaza, Joe Biden a vu son soutien s'éroder significativement parmi les musulmans et les Américains d'origine arabe, un électorat qui avait été décisif dans sa victoire face à Donald Trump en 2020.

Le dirigeant démocrate n'avait remporté cet Etat du nord du pays que de 150.000 voix il y a quatre ans.

"Attentes dépassées"

Réagissant à sa victoire à cette primaire mardi dans un communiqué, Joe Bide a remercié "tous les habitants du Michigan qui ont fait entendre leur voix", sans mentionner ce vote de protestation.

Les responsables de la Maison Blanche affichent une frustration croissante avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et sa conduite de la guerre à Gaza.

Pour autant, les Etats-Unis continuent de livrer quantité d'armes à Israël, tout en menant des efforts pour négocier une seconde trêve à Gaza.

Joe Biden a demandé au Congrès des milliards de dollars d'aide militaire supplémentaire pour Israël, et son gouvernement a opposé son veto à l'ONU à plusieurs résolutions appelant au cessez-le-feu.

Le groupe "Listen to Michigan" voulait mobiliser au moins 10.000 électeurs pour sa campagne, un chiffre pas que symbolique, affirment les militants. Un objectif déjà facilement dépassé.

"Notre mouvement a été victorieux ce soir et a largement dépassé nos attentes", a-t-il souligné dans un communiqué.

"J'ai été fière aujourd'hui (...) de voter blanc", a dit Rashida Tlaib, élue du Michigan d'origine palestinienne, exhortant Joe Biden à écouter "la majorité des Américains qui disent +Assez+. Assez de guerres, assez d'utiliser nos dollars pour financer un génocide".

Trump sur sa lancée

Fatima Elzaghir a aussi voté blanc à ce scrutin, a-t-elle confié mardi à l'AFP.

"Il est évident qu'en appeler à l'empathie n'a pas d'influence sur la plupart des hommes politiques. Alors peut-être le fait que (Biden) veuille remporter le Michigan le poussera-t-il à un cessez-le-feu", a déclaré cette jeune infirmière.

Le seul réel adversaire de Joe Biden pour l'investiture démocrate était Dean Phillips, un riche parlementaire de l'État du Minnesota, qui n'a récolté que 2,8% des votes, selon des premières estimations.

Côté républicain, Donald Trump a déjà remporté haut la main quatre États ayant voté, dont la Caroline du Sud samedi, et le Michigan n'a, pour l'heure, pas interrompu sa marche vers l'investiture républicaine cet été.

Pour ses primaires, le Parti républicain a opté pour un système hybride complexe qui se conclura quatre jours plus tard.

Sa seule adversaire encore en lice, l'ancienne ambassadrice à l'ONU Nikki Haley, a perdu dans son État d'origine, la Caroline du Sud, mais elle refuse d'abandonner, affirmant ne pas croire que Donald Trump puisse vaincre Joe Biden en novembre.

Agences