L'entretien téléphonique entre Biden et Netanyahu a dissipé une brouille qui a duré quelques jours après que le président américain a qualifié d’ "excessive" l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza / Photo: AA (AA)

Un "feu vert" pour les Israéliens, une " mise en demeure" selon les Américains. La conversation téléphonique qu’ont eue Joe Biden et Benjamin Netanyahu après une courte fâcherie, a été rapportée dans des termes où tout le monde trouve son compte.

D’un côté, la Maison Blanche a affirmé que tout au long de son entretien avec le Premier ministre israélien, le président américain a exigé la mise au point d’un plan crédible pour assurer la sécurité de plus d’un million de personnes réfugiées à Rafah, avant de lancer une opération militaire.

La conversation, qui a duré environ 45 minutes, a dissipé une brouille qui a duré quelques jours après que le président Biden a qualifié d’ "excessive" l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza et exprimé son inquiétude face au nombre croissant de victimes civiles dans l'enclave palestinienne.

Un haut responsable de l'administration a déclaré à la presse que l'appel a porté essentiellement sur les efforts déployés pour obtenir la libération des 132 otages encore détenus par le groupe Hamas à Gaza et sur les progrès accomplis au cours des dernières semaines.

Évoquant les pourparlers engagés pour la libération des otages, le porte-parole a indiqué qu’un accord est " pratiquement conclu" bien qu’il reste encore des " lacunes importantes" à combler, ajoutant que M. Biden avait insisté sur la nécessité de tirer parti de ces progrès pour "obtenir la libération de tous les otages dès que possible".

Le responsable a souligné que Biden a insisté qu’"une opération militaire à Rafah ne peut tout simplement pas avoir lieu sans un plan crédible et applicable pour assurer la sécurité et le soutien de plus d'un million de personnes qui y sont actuellement réfugiées (…) et qui n’ont nulle part où aller".

Le soutien apporté par les États-Unis à la sécurité d'Israël à long terme a été renouvelé pour l’occasion par Biden qui a également appelé à des " mesures urgentes et spécifiques" pour augmenter l'aide humanitaire aux civils palestiniens à Gaza, y compris une énorme cargaison de farine américaine qui permettrait de nourrir 1,4 million d'habitants de Gaza pendant six mois, a ajouté le responsable.

Les dirigeants israéliens ont, bien entendu, affirmé aux responsables américains que la mise en sécurité des civils était une " condition préalable évidente" à leurs opérations militaires et même assuré qu’ils n'envisageraient aucune opération sans cela.

Plasticité sémantique

Du côté israélien, les propos de Biden ont été compris comme un consentement tacite à l’exécution des desseins militaires israéliens, comme ce fut le cas lors de l'assaut sur le complexe médical Shifa dans la ville de Gaza et autres opérations militaires controversées.

Un responsable politique israélien qui a préféré garder l’anonymat a déclaré à Yedioth Ahronoth que la conversation entre Biden et Netanyahu avait été "positive" et s'était concentrée sur l'opération terrestre prévue par l'armée à Rafah, sur l'aide humanitaire et sur la question des détenus.

Le journal Maariv a également rapporté sur son site Internet, en citant des responsables israéliens, toujours sous couvert de l’anonymat, que l'appel a porté sur l'opération militaire prévue par Israël à Rafah, et que M. Biden a exprimé son inquiétude à propos des habitants civils de Gaza, présents en grand nombre dans cette zone.

Le quotidien israélien a indiqué que Netanyahu a répondu que l'opération militaire était nécessaire, mais qu'elle n’aurait lieu qu’après l'évacuation des civils.

Les médias israéliens ont retenu particulièrement du communiqué de la Maison Blanche que les deux parties ont réaffirmé l’attachement des États-Unis et Israël à leur "objectif commun d'éliminer le Hamas, de remporter une victoire absolue et d'assurer la sécurité à long terme des Israéliens".

Maariv met en exergue l’ordre de classification desdits objectifs dans la déclaration américaine et qui, selon le journal, dénote du degré de leur importance pour Washington : tout d'abord " le message de soutien, ensuite l'objectif commun des deux pays d'éliminer le Hamas, puis la question des détenus israéliens, puis la question de l'aide humanitaire, et enfin l’opération militaire à Rafah".

Comme lors d’autres étapes fatidiques des conflits arabo-israéliens, l'ambiguïté des positions semble offrir encore une fois des marges de manœuvre dans un sens comme dans l’autre.

Quoiqu’il en soit, et " feu vert ou pas", comme à l’accoutumée, Netanyahu et son cabinet de guerre n’ont pas attendu l’aval des alliés d’Israël pour donner l’ordre de mener des raids sur les camps de réfugiés à Rafah et qui, déjà, occasionnent leur lot de massacres.

TRT Francais