L'Allemagne a en principe décidé de sortir de l'énergie nucléaire à la fin de cette année. (DPA)

Les dernières centrales nucléaires "ne sont pertinentes que pour la production d'électricité et seulement pour une petite partie de celle-ci", mais "cela peut quand même avoir du sens" de ne pas les couper du réseau comme prévu, a affirmé le chancelier allemand.

L'Allemagne a en principe décidé de sortir de l'énergie nucléaire à la fin de cette année.

La raréfaction des livraisons de gaz russe en Allemagne, dans le contexte de la guerre en Ukraine, a toutefois remis sur le tapis la question de maintenir les dernières centrales en activité plus longtemps que prévu.

Berlin doit trancher dans les prochaines semaines sur le sujet en s'appuyant sur une expertise en cours, la deuxième du genre.

Une fois les résultats de ce "test de résistance" connus, "nous tirerons ensuite nos conclusions", a dit le chancelier en visite à Mülheim an der Ruhr (ouest).

Il s'est rendu sur le site de l'industriel Siemens Energy, où une turbine à gaz, récemment réparée au Canada, est destinée à équiper le gazoduc Nord Stream 1 reliant la Russie à l'Allemagne. Mais elle reste actuellement bloquée en Allemagne et Berlin et Moscou divergent sur les raisons.

Olaf Scholz a accusé la Russie d'être responsable du blocage de la livraison de cette turbine sans laquelle le gazoduc ne peut pas, selon Moscou, fonctionner normalement. Le "tuyau" ne fournit depuis mi-juillet que 20% de sa capacité en gaz.

"Il n'y a aucune raison qui empêcherait la livraison" de la turbine "d'avoir lieu" et Moscou doit juste "fournir les informations douanières nécessaires pour son transport vers la Russie", a-t-il martelé.

L'opérateur russe Gazprom a lui accusé à plusieurs reprises Siemens Energy de ne pas avoir envoyé les documents nécessaires pour remettre en marche la turbine. Il a reçu mercredi le soutien de l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, très lié au Kremlin et aux groupes énergétiques russes, et qui a mis en cause Siemens.

L'industriel allemand a lui assuré avoir tout fait pour exporter l'équipement et être en pourparlers avec Gazprom, jusqu'ici sans résultat.

Berlin soupçonne en fait Moscou dans cette affaire d'utiliser la turbine comme "prétexte" pour des pressions politiques sur les Occidentaux dans le cadre de la guerre en Ukraine.

6% de la production d'électricité

Face à l'enlisement de la crise gazière, l'Allemagne, à l'instar de nombreux autres pays européens, cherche à compenser avec d'autres sources d'énergie. Une remise en cause de l'arrêt du nucléaire en fin d'année, décidé en 2011 par Angela Merkel après la catastrophe de Fukushima, serait politiquement une mesure très forte.

Les trois centrales nucléaires encore en activité -en Bavière, Basse-Saxe et Bade-Wurtemberg- concourent pour 6% de la production nette d'électricité en Allemagne.

La question divise néanmoins la coalition gouvernementale, les Verts étant sceptiques, et les libéraux du FDP pour.

M. Scholz a justifié sa prise de position par le fait que l'Allemagne devait se montrer solidaire" avec d'autres pays européens dont les propres centrales sont à l'arrêt, et aussi par un développement des énergies renouvelables en Allemagne plus lent que prévu.

Il est "très différent d'une région à l'autre en Allemagne", a-t-il dit. Or, ces énergies sont censées remplacer l'énergie nucléaire et le charbon.

"C'est particulièrement vrai en Bavière, qui a progressé lentement avec l'expansion de l'énergie éolienne", a-t-il lancé, dans des piques à l'adresse de cette région historiquement dirigée par les conservateurs.