A Memphis, colère et indignation après la diffusion de l'arrestation de Tyre Nichols (Others)

"Qu'allez-vous faire", demande une manifestante armée d'un mégaphone au "parc des Martyrs" du centre de Memphis, s'adressant à la cheffe de la police de la ville. Les images de l'arrestation de Tyre Nichols, 29 ans, montrent les violences infligées durant de longs instants par les cinq policiers noirs, dans le sillage d'un banal contrôle routier dans cette grande ville de l'Etat du Tennessee, le 7 janvier. Dès 18H00 vendredi soir (00H00 GMT samedi), les quelques dizaines de manifestants se mettent en branle aux cris de "Pas de justice, pas de paix". Ils parviennent rapidement à bloquer un axe majeur de la ville, provoquant d'importants bouchons. "Si nous avons décidé de venir là ce soir, c'est d'abord parce que la famille (de Tyre Nichols) nous a (dit) que si nous manifestions, nous devions le faire pacifiquement", déclare LJ Abraham, une militante associative de Memphis. "Ouvrir les yeux" Le cortège continue son chemin jusqu'à un pont enjambant le fleuve Mississippi et y bloque également la circulation sur ses quatre voies. Pour David Stacks, un habitant de Memphis venu manifester, la mort de Tyre Nichols "devrait rassembler tout le monde, et faire ouvrir les yeux" à la population afro-américaine. "C'est plus important que ce qui se passe dans les quartiers et à travers la ville", dit ce patron d'entreprise noir de 38 ans. Les manifestants présents ne proviennent pas tous de Memphis, certains sont venus d'Etats voisins, en amont de la publication de la vidéo. Pour Monica Johnson, une militante de 24 ans venue d'Atlanta, il est important à présent que la police "rende des comptes" et que l'ensemble des policiers impliqués soient condamnés. "Nous demandons le démantèlement de l'unité Scorpion", en cause dans le passage à tabac de Tyre Nichols, dit-elle. Malgré les troubles attendus par les autorités au moment de la publication de la vidéo, le centre-ville de Memphis reste calme, et les commerces ouverts.

"Peur" Dans la matinée, quelques policiers patrouillaient à cheval mais ce sont surtout les touristes qui arpentaient principalement les rues de la capitale mondiale du blues. Robert Walters, un musicien afro-américain, est venu à Memphis pour être juge d'une compétition de blues. Mais face à la perspective d'une certaine agitation, cet ancien militaire à la retraite de 67 ans avait décidé de partir avant la publication de la vidéo. "De nos jours, vous seriez en droit de penser que des choses comme ça ne se peuvent pas se produire", dit-il à propos de l'arrestation brutale de Tyre Nichols. "Je suis un homme noir en Amérique. Et cette peur est toujours quelque chose avec laquelle mon fils et moi avons grandi", ajoute-t-il. Le fait que les policiers impliqués soient afro-américains l'a "blessé", et représente pour lui une "forte déception". "Cela montre bien que tout le monde peut tomber dans ce piège de la soif du pouvoir", affirme Robert Walters, avant de conclure: "cela ne devrait pas se produire. Point."

AFP