En amont de cet anniversaire, des chars d'assaut et des véhicules blindés russes ont été exhibés comme des trophées dans le centre de la capitale. (Reuters)

Cette année, la fête de l'indépendance revêt une importance particulière aux yeux des Ukrainiens, 31 ans après son émancipation de l'Union soviétique alors dominée par la Russie.

Dans une allocution quotidienne, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a prévenu mardi soir des risques que la Russie mène des "provocations répugnantes" et des "frappes brutales" afin de jeter une ombre sur ce qu'il a décrit comme un jour important pour tous les Ukrainiens.

"Et nous répondrons bien sûr à toute manifestation du terrorisme russe", a ajouté le président ukrainien, qui avait déjà avancé samedi dernier que "la Russie pourrait s'efforcer de faire quelque chose de particulièrement dégoûtant, particulièrement cruel".

Les autorités ukrainiennes ont interdit les rassemblements publics dans la capitale Kiev, tandis qu'un couvre-feu a été imposé à Kharkov, ville de l'est bombardée depuis plusieurs mois par l'armée russe. Consigne a été donnée à de nombreux représentants gouvernementaux de travailler à domicile.

Zelensky n'a donné aucune information sur la manière dont Kiev entendait célébrer la fête de l'indépendance, citant des raisons de sécurité, mais a assuré que le pays ne ferait pas l'impasse.

En amont de cet anniversaire, des chars d'assaut et des véhicules blindés russes ont été exhibés comme des trophées dans le centre de la capitale.

Il a été demandé à la population de prendre avec sérieux toute sirène d'alerte avertissant d'un danger aérien et, le cas échéant, de se mettre à l'abri.

Dans les premières heures de ce 24 août, des explosions ont retenti dans plusieurs villes, comme Kharkiv (nord-est), Zaporijjia et Dnipro (centre), selon les autorités locales.

"En six mois, la vie paisible a été brisée dans chaque famille", a dit Nina Mikhailovna, une retraitée de 80 ans, rencontrée sur la place de l'Indépendance, au cœur de Kiev. "Combien de destructions, combien de morts, qu'est-ce que c'est que ça?", s'est-elle interrogée.

Nouvelle aide américaine

Mardi matin, l'ambassade des Etats-Unis à Kiev a d'ailleurs diffusé un message alarmiste avertissant que la Russie pourrait davantage bombarder "ces prochains jours" l'Ukraine et recommandé aux citoyens américains de quitter "dès maintenant" le pays.

C'est à cette date hautement symbolique que les Etats-Unis vont annoncer une nouvelle aide militaire d'environ 3 milliards de dollars à l'Ukraine, selon un responsable américain.

Il s'agira de la plus grosse enveloppe d'aide militaire américaine depuis le début de la guerre, qui permettra à Kiev d'acquérir de nouvelles armes ou de financer des formations ou opérations. L'argent provient d'un fonds du Pentagone qui peut être utilisé pour des opérations immédiates ou pour l'acquisition d'armements.

Vendredi dernier, le Pentagone avait annoncé une tranche d'aide militaire à l'Ukraine provenant de ce fonds, pour un montant de 775 millions de dollars. Cette nouvelle tranche d'aide comprenait notamment des missiles supplémentaires pour les systèmes américains d'artillerie de précision Himars, qui ont "changé la donne sur le champ de bataille", avait indiqué une haute responsable du département américain de la Défense.

Zaporijjia sous tension

Du côté des tensions autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le centre de l'Ukraine, la Russie et l'Ukraine se sont à nouveau mutuellement accusées mardi, lors d'une réunion du Conseil de sécurité, de la mettre en péril, tandis que le secrétariat général de l'ONU les appelait à cesser toute activité militaire autour du site.

L'ambassadeur russe Vassily Nebenzia a fustigé les Occidentaux qui "vivent dans une réalité parallèle dans laquelle l'armée russe bombarde elle-même le site qu'elle protège". "Personne ne peut imaginer que l'Ukraine viserait une centrale nucléaire en créant un risque énorme de catastrophe nucléaire sur son propre territoire", a répondu l'ambassadeur ukrainien Sergiy Kyslytsya.

A la demande notamment de Washington, Paris et Londres, une autre réunion du Conseil de sécurité est prévue mercredi matin pour marquer les six mois de l'offensive de l'Ukraine par la Russie.

Agences