Référendum: les Tunisiens se prononcent sur la Constitution aujourd'hui (AA)

Plus de 11.000 bureaux de vote ont commencé à 5H00 GMT à accueillir les électeurs d'après l'Isie, l'autorité électorale, organisatrice de cette consultation censée, selon M. Saïed, mettre fin à la crise politique provoquée par son coup de force d'il y a exactement un an. Ils fermeront à 21H00 GMT.

Selon l'Isie, 9.296.064 Tunisiens ont été inscrits volontairement ou automatiquement pour participer à ce référendum. Les 356.291 Tunisiens de l'étranger ont commencé à voter samedi et ont jusqu'à lundi pour s'exprimer. Selon l'autorité électorale Isie, plus de 6% des 9,3 millions d'électeurs avaient déjà voté à 8H30 GMT, trois heures et demi après l'ouverture, un chiffre "important et encourageant", a estimé son président Farouk Bouasker, rappelant la très faible affluence à la même heure aux dernières élections de 2019 (1,6%)

La participation est le principal enjeu du référendum pour lequel aucun quorum n'est requis et où le oui est donné favori, l'opposition à M. Saïed ayant pour l'essentiel appelé à ne pas se rendre aux urnes.

Le projet de Constitution instaure un régime ultra-présidentiel accordant de vastes pouvoirs au chef de l'Etat, en rupture avec le système parlementaire en place depuis 2014, auquel Kaïs Saïed impute les conflits récurrents entre le Parlement et le gouvernement des 10 dernières années.

Dans le nouveau texte, le président, chef suprême des armées, exerce le pouvoir exécutif avec l'aide d'un chef de gouvernement qu'il désigne et peut révoquer selon son bon vouloir, sans nécessité d'obtenir la confiance du Parlement. Il entérine les lois et peut aussi soumettre au Parlement des textes législatifs qui ont "la priorité".

Une deuxième chambre devant représenter les régions sera établie pour contrebalancer l'Assemblée des représentants (députés) actuelle.

L'opposition et les ONG ont dénoncé un texte "taillé sur mesure" pour M. Saïed, et une concentration excessive des pouvoirs entre les mains d'un président n'ayant de comptes à rendre à personne.

Sadok Belaïd, le juriste chargé par M. Saïed d'élaborer la nouvelle Constitution, a désavoué le texte final, estimant qu'il pourrait "ouvrir la voie à un régime dictatorial".

"Correction de cap"

Les plus grands partis d'opposition, notamment le mouvement Ennahdha, ont appelé au boycott du scrutin, invoquant un "processus illégal" et sans concertation.

Agé de 64 ans, M. Saïed considère sa refonte de la Constitution comme le prolongement de la "correction de cap" engagée le 25 juillet 2021 quand, arguant de blocages politico-économiques, il a limogé son Premier ministre et gelé le Parlement avant de le dissoudre en mars, mettant en péril la seule démocratie issue du Printemps arabe.

AFP