"La Suède et de la Finlande ne doivent pas s'attendre à une approche positive de notre part, à moins qu'elles ne mettent fin à leur soutien au terrorisme. Il ne faut pas s'attendre à des concessions de la part de la Turquie", a-t-il insisté (AA)

Le président de la Turquie a appelé les parties ayant signé la semaine dernière à Istanbul un accord visant à débloquer les exportations ukrainiennes de céréales en mer Noire, à respecter cet accord.

Erdogan a accordé une interview lundi à la chaîne nationale TRT Haber. "Nous attendons de chacun qu'il assume sa signature et agisse conformément à ses responsabilités. Avec cet accord, les effets de la crise alimentaire mondiale, qui atteint des dimensions graves, commenceront à s'atténuer", a-t-il dit.

Vendredi, la Turquie, les Nations unies, la Russie et l'Ukraine ont signé un accord historique pour la reprise des exportations de céréales par les ports ukrainiens d'Odessa, de Tchornomorsk et de Yuzhnyi, après des mois de blocage dus à la guerre entre la Russie et l'Ukraine, qui en est à son sixième mois.

Dans le cadre de l'accord, un centre de coordination conjoint a été mis en place à Istanbul pour effectuer des inspections à l'entrée et à la sortie des ports, et pour garantir la sécurité des routes.

Au sujet de l'attaque russe du week-end contre le port d'Odessa, Erdogan a déclaré qu'elle "attriste" la Turquie, ajoutant qu'un échec constituerait un préjudice contre tout le monde.

Les candidatures de la Suède et de la Finlande à l'OTAN

Selon Erdogan, la Turquie n'adoptera pas une attitude positive à l'égard des demandes d'adhésion à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) de la Suède et de la Finlande si ces pays ne respectent pas leurs promesses de lutte contre le terrorisme.

"La Suède et de la Finlande ne doivent pas s'attendre à une approche positive de notre part, à moins qu'elles ne mettent fin à leur soutien au terrorisme. Il ne faut pas s'attendre à des concessions de la part de la Turquie", a-t-il insisté.

Recep Tayyip Erdogan a indiqué que la Turquie a rappelé avec insistance aux deux pays de ne pas apporter leur soutien au groupe YPG/PKK ou à l'organisation terroriste FETO, le groupe à l'origine de la tentative de coup d'État de 2016 en Turquie.

"Il n'y a pas que la Suède et la Finlande. Malheureusement, l'Allemagne agit aussi ainsi, tout comme la France, le Royaume-Uni, l'Italie. Presque tous les pays scandinaves sont comme ça", a-t-il ajouté, décriant la tolérance ou le soutien de l'Occident aux groupes terroristes.

La Suède et la Finlande ont officiellement demandé à rejoindre l'OTAN en juin, une décision motivée par la guerre de la Russie en Ukraine. Mais la Turquie, membre de l'Alliance depuis plus de 70 ans, a émis des objections à ces candidatures, reprochant aux pays concernés de tolérer, voire de soutenir, les groupes terroristes.

Un accord trilatéral signé entre les pays en juin prévoit que la Finlande et la Suède ne fournissent pas de soutien aux YPG/PYD, la branche syrienne du PKK, ni au FETO. Ankara a aussi promis de soutenir pleinement la Finlande et la Suède contre les menaces à leur sécurité nationale.

Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les États-Unis. Il est responsable de la mort de 40 000 personnes, dont des femmes, des enfants et des nourrissons.

Attaque dans le nord de l'Irak

Au sujet de l'attaque meurtrière de la semaine dernière à Dahuk, en Irak, Erdogan a indiqué qu'elle a montré une fois de plus le vrai visage du PKK.

La semaine dernière, neuf personnes ont perdu la vie et 23 ont été blessées dans une attaque dans le district de Zakho, dans la province de Dahuk, au nord de l'Irak.

Des sources de sécurité turques ont démenti les allégations du groupe PKK attribuant l'attaque aux tirs d'artillerie des forces turques. La Turquie a déclaré qu'elle n'avait mené aucune attaque contre des civils dans le nord de l'Irak.

"C'est l'une des actions habituelles des groupes terroristes jusqu'à présent. L'attaque visait à perturber les développements positifs entre la Turquie et l'Irak", a souligné le chef de l'État turc.

Ankara a exhorté les responsables du gouvernement irakien à ne pas faire de déclarations sous l'influence de la rhétorique et de la propagande de la perfide organisation terroriste PKK.

Processus de normalisation avec l'Arménie

Concernant le processus de normalisation en cours avec l'Arménie voisine, Erdogan a déclaré que la Turquie attend des mesures concrètes.

"Nous attendons d'eux qu'ils aillent au-delà de la rhétorique et prennent des mesures concrètes. Nous sommes sérieux et résolus dans le processus de normalisation avec l'Arménie", a-t-il dit.

Selon lui, la ligne rouge de la Turquie a toujours été son proche allié, l'Azerbaïdjan, voisin et parfois rival de l'Arménie.

"Nous visons également à établir une normalisation complète et des relations de bon voisinage avec l'Arménie", a-t-il ajouté.

En décembre dernier, Ankara et Erevan ont nommé des représentants spéciaux pour les pourparlers sur la normalisation des relations. La première réunion a eu lieu à Moscou le 14 janvier. Les parties ont tenu quatre réunions jusqu'à présent.

Dans le cadre des efforts de normalisation, en février dernier, la Turquie et l'Arménie ont repris leurs vols commerciaux après une interruption de deux ans.

Les États-Unis continuent de coopérer avec les terroristes

"La coopération de l'Amérique avec l'organisation terroriste (PKK/YPG) entraînera la chute dans la fosse qu'elle a elle-même creusée", a-t-il affirmé.

Le Commandement central américain (CENTCOM) a fait l'éloge dimanche de trois terroristes du PKK/YPG qui ont été tués vendredi dans le nord de la Syrie. Le CENTCOM a également présenté ses condoléances aux familles des terroristes.

La Turquie déplore depuis longtemps le soutien des États-Unis aux terroristes YPG/PKK. Alors que les États-Unis affirment qu'ils combattent les terroristes de Daech avec l'aide de leurs alliés YPG/PKK, la Turquie, elle, affirme qu'utiliser un groupe terroriste pour en combattre un autre n'a aucun sens.

Relations avec l'Egypte

Recep Tayyip Erdogan a également donné son aval à des discussions de haut niveau avec l'Égypte.

"Les discussions se poursuivent à un échelon inférieur, mais il n'y a aucune raison de ne pas tenir des discussions à un plus haut niveau", a-t-il fait savoir.

Les relations de la Turquie avec l'Égypte sont restées tendues depuis 2013, lorsque Mohamed Morsi, premier président égyptien librement élu et dirigeant des Frères musulmans, a été renversé par un coup d'État militaire sanglant, avant de mourir pendant son séjour en prison.

Erdogan a ajouté qu'Ankara et Le Caire devraient éviter de faire des déclarations qui "blessent".

Le président turc a d'ailleurs noté que la normalisation des liens avec l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis "se déroule bien".

AA