Des pays arabes condamnent la reconnaissance par Israël de la région du Somaliland

L’Arabie saoudite, la Palestine, l’Égypte, le Koweït, l’Irak, la Jordanie et le Qatar rejettent la décision israélienne jugée illégale, avertissant qu’elle menace la stabilité régionale et l’unité de la Somalie.

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Réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe à Istanbul, le 20 juin 2025 / Reuters

Plusieurs pays arabes ont condamné, vendredi, la décision d’Israël de reconnaître le Somaliland, région sécessionniste de la Somalie, rejetant cette initiative comme une violation du droit international et réaffirmant leur soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Somalie.

L’Arabie saoudite a déclaré que cette démarche israélienne entérinait des “mesures unilatérales et séparatistes“ contraires au droit international. Dans un communiqué, le ministère saoudien des Affaires étrangères a souligné le “plein soutien” du royaume à la souveraineté de la Somalie ainsi qu’à l’unité et à l’intégrité de son territoire. 

Riyad a également rejeté les “tentatives d’imposer des entités parallèles” susceptibles de porter atteinte à la stabilité du pays, tout en réaffirmant son appui aux institutions étatiques légitimes somaliennes.

La Palestine a, elle aussi, rejeté la reconnaissance israélienne du Somaliland, la qualifiant de menace pour la sécurité arabe et régionale. 

Le ministère palestinien des Affaires étrangères a déclaré soutenir pleinement l’unité, la souveraineté et l’indépendance politique de la Somalie, conformément au droit international, au consensus arabe et international ainsi qu’aux décisions de l’Organisation de la coopération islamique. 

Il a averti que toute reconnaissance du Somaliland ou toute mesure visant à légitimer la sécession sape la stabilité et la souveraineté de la Somalie, estimant que cette initiative s’inscrit dans “les efforts plus larges d’Israël pour déstabiliser la paix régionale et internationale”. 

Le ministère a également rappelé qu’Israël avait déjà évoqué le Somaliland comme destination potentielle pour le déplacement de Palestiniens, notamment depuis Gaza.

L’Égypte a indiqué avoir coordonné sa position avec des partenaires régionaux pour s’opposer à cette décision. 

Dans un communiqué, le ministère égyptien des Affaires étrangères a précisé que le chef de la diplomatie, Badr Abdelatty, avait eu des entretiens téléphoniques avec ses homologues de Somalie, de Türkiye et de Djibouti afin d’évoquer les  “développements dangereux” dans la Corne de l’Afrique liés à la reconnaissance israélienne du Somaliland. 

Les ministres sont convenus d’un “rejet total et d’une condamnation” de cette reconnaissance et ont réaffirmé leur plein soutien à l’unité, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Somalie. Ils ont également rejeté toute mesure unilatérale susceptible de compromettre la stabilité du pays, mis en garde contre un précédent dangereux consistant à reconnaître l’indépendance de parties d’États souverains, et souligné la nécessité de respecter la Charte des Nations unies et le droit international.

Le Koweït a également rejeté cette reconnaissance, la qualifiant de mesure contraire au droit international. Dans un communiqué, le ministère koweïtien des Affaires étrangères a réaffirmé le plein soutien du pays à la souveraineté de la Somalie sur l’ensemble de son territoire et à ses institutions étatiques légitimes.

L’Irak a condamné la décision israélienne comme une “violation flagrante” de la souveraineté des États et du droit international. En tant que président en exercice de la Ligue arabe, Bagdad a estimé que cette reconnaissance portait atteinte à l’unité de la Somalie et menaçait la stabilité de la Corne de l’Afrique, appelant la communauté internationale à adopter une position claire contre ce qu’il a qualifié de “pratiques illégales”.

La Jordanie a, de son côté, rejeté toute tentative d’imposer des entités parallèles mettant en péril l’unité et l’intégrité territoriale de la Somalie. Amman a réaffirmé son soutien aux institutions légitimes somaliennes et son opposition à toute mesure compromettant la sécurité et la stabilité du pays, selon l’agence officielle Petra.

Le Qatar a également exprimé une opposition ferme, qualifiant cette reconnaissance de précédent dangereux et de démarche unilatérale violant le droit international et portant atteinte à la souveraineté, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la Somalie. 

Dans un communiqué, le ministère qatari des Affaires étrangères a rejeté toute tentative d’établir ou d’imposer des entités parallèles susceptibles de saper l’unité du pays, réaffirmant son plein soutien aux institutions légitimes somaliennes ainsi qu’à la préservation de la sécurité et de la stabilité de la Somalie. 

Le ministère a ajouté qu’Israël devrait plutôt reconnaître l’État de Palestine et œuvrer à mettre fin à la guerre à Gaza, accusant Israël de saper la légitimité internationale et d’alimenter l’instabilité régionale.

Israël est devenu, vendredi, le premier pays au monde à reconnaître le Somaliland comme État souverain.

Le Somaliland, qui a proclamé son indépendance vis-à-vis de la Somalie en 1991 sans obtenir de reconnaissance internationale, fonctionne comme une entité administrative, politique et sécuritaire indépendante de facto, le gouvernement central somalien étant incapable d’y exercer son autorité, tandis que les dirigeants du Somaliland n’ont pas réussi à obtenir une reconnaissance internationale.

Le gouvernement somalien refuse de reconnaître le Somaliland comme État indépendant, le considère comme une partie intégrante de son territoire et estime que tout accord direct ou toute interaction avec cette région constitue une violation de la souveraineté et de l’unité de la Somalie.