Macron annonce un service militaire volontaire
La première année, il doit concerner 3.000 jeunes, avec un objectif de 42.500 en 2035. Le service volontaire sera rémunéré 800 euros par mois minimum.
Le président français Emmanuel Macron a ressuscité, ce jeudi, un "service national" de dix mois pour les jeunes majeurs, qui sera "purement militaire" et volontaire, censé "répondre aux besoins des armées" face aux “menaces russes” et aux risques accrus de conflit, avancés par le président.
"La peur n'évite jamais le danger. La seule façon de l'éviter est de s'y préparer", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours au sein de la 27e Brigade d'Infanterie de Montagne (BIM) de Varces, en Isère (Sud-Est).
Il a prévenu que les volontaires serviront "exclusivement sur le territoire national", après avoir assuré dès mardi qu'il ne s'agit pas "d'envoyer nos jeunes en Ukraine".
Une manière d'essayer de faire taire la polémique politique suscitée par les propos du chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, qui avait estimé que le pays devait être prêt à "accepter de perdre ses enfants".
Selon le président, entouré de jeunes et de militaires, "notre jeunesse a soif d'engagement" et "il existe une génération prête à se lever pour la patrie", dans le cadre de l'armée française.
Sans toutefois aller jusqu'à rétablir la conscription, service militaire obligatoire supprimé en France en 1997, ce rétablissement "est une idée portée par ceux qui méconnaissent la réalité de ce que sont nos armées aujourd’hui", a-t-il martelé, toujours jeudi, dans les Alpes.
Emmanuel Macron a donc confirmé que ce nouveau dispositif, baptisé simplement "service national", sera lancé "progressivement dès l'été prochain", avec un début de sélection des candidats dès mi-janvier. Il durera dix mois (un mois de formation, neuf au sein de l'armée).
Effort budgétaire "indispensable"
Disette budgétaire oblige, le dispositif montera en puissance graduellement : la première année, il doit concerner 3.000 jeunes, avec un objectif de 10.000 par an en 2030, puis une ambition de 42.500 en 2035. Ce qui ferait 50.000 par an en cumulant avec les personnes qui font déjà le service militaire volontaire (SMV) et son équivalent ultramarin, le service militaire adapté (SMA), qui perdureront en parallèle car ils ont un objectif différent d'insertion professionnelle.
Les crédits nécessaires sont prévus par l'actualisation de la loi de programmation militaire voulue par Emmanuel Macron, mais qui doit encore être votée. Cet effort budgétaire est "indispensable", a-t-il plaidé à l'intention d'un Parlement plus divisé que jamais.
Les volontaires seront à 80% des jeunes hommes et femmes de 18-19 ans, futurs soldats pour lesquels le service fera office d'"année de césure" avant les études supérieures et sera ainsi valorisé dans Parcoursup. Les autres, futurs aspirants, auront jusqu'à 25 ans, sélectionnés sur la base de leur spécialisation (ingénieurs, infirmiers, traducteurs...).
Ce nouveau dispositif signe aussi l'enterrement du service national universel (SNU) qui était cher au président.
Promesse du candidat Macron en 2017 au nom de la "cohésion nationale", lancé en 2019, le SNU, destiné aux mineurs de 15 à 17 ans, n'a jamais pu être généralisé. Et il "n'est aujourd'hui plus adapté au contexte stratégique" créé par l'offensive russe de l'Ukraine en 2022, reconnaît l'Elysée.
Le service volontaire sera rémunéré 800 euros par mois minimum pour chaque volontaire, qui sera aussi logé, nourri et équipé, selon l'Elysée.
Douze pays en Europe ont préservé ou rétabli la conscription obligatoire. Face à la dégradation de la situation stratégique, une demi-douzaine d’autres ont décidé de rétablir un service volontaire.
Le général Mandon a ainsi déclaré la semaine dernière que le pays devait restaurer sa "force d'âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l'on est" et soit prêt à "accepter de perdre ses enfants".
La déclaration a été jugée "va-t-en-guerre" par une partie de la gauche tandis que, du côté du Rassemblement national (extrême droite), on dénonçait une "faute" et on prévenait que les Français n'étaient pas "prêts à aller mourir pour l'Ukraine".