MAE: le soutien de Berlin marque un “regain de volonté politique”pour la candidature d’Ankara à l'UE
Le MAE turc, Hakan Fidan, affirme que le soutien de l’Allemagne pourrait engendrer de “nouveaux progrès” sur le processus d'adhésion de la Türkiye à l'UE.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré, samedi, que de “nouveaux progrès” pourraient bientôt être réalisés dans les efforts d'Ankara pour rejoindre l'UE, faisant référence aux récentes remarques de la chancelière allemande.
S'exprimant lors d'une émission en direct sur A News , Fidan a salué les propos de Friedrich Merz soutenant l'adhésion de la Türkiye à l'UE, les qualifiant de “renouvellement important de la volonté politique”.
“Je crois que de nouveaux progrès seront réalisés avec l'Union européenne durant cette période”, a-t-il indiqué, ajoutant : “Que la chancelière allemande ait publiquement affirmé à Ankara que l'Allemagne souhaite l'adhésion de la Türkiye à l'UE témoigne d'un regain significatif de volonté politique. Le fait que cette prise de position vienne d'Allemagne est important et nous y attachons une grande importance”.
Répondant à une question sur le processus d'adhésion de la Türkiye , Fidan a confié qu'Ankara et Bruxelles opéraient selon un “nouvel ensemble de conditions et de psychologie”, nécessitant des approches et des politiques nouvelles.
Il a souligné que la position du président Recep Tayyip Erdogan suite à sa réélection en mai 2023 a été un facteur déterminant.
“Suite à l’élection, le président m’a clairement fait savoir qu’il attendait un effort maximal sur ce dossier”, a révélé Fidan, précisant que cela constituait un mandat direct sur la politique de l’UE.
Industrie de défense de l'UE
Fidan a également évoqué les récents changements de priorités de l'UE en matière de sécurité et de défense.
Il a déclaré que les efforts déployés par l'UE pour remodeler son architecture de sécurité mettent fortement l'accent sur la revitalisation de l'industrie de défense du bloc.
Il a noté que cette priorité avait pris de l'ampleur après la guerre russo-ukrainienne et s'était encore accélérée sous l'administration Trump.
L'UE, a-t-il dit, prévoit de créer un fonds commun de 150 milliards d'euros (plus de 174 milliards de dollars) à faible taux d'intérêt pour soutenir les capacités de défense, auquel les États membres pourront accéder.
Le bloc a également relevé son plafond d'emprunt en vertu des règles financières et créé un fonds supplémentaire de 800 milliards d'euros (930 milliards de dollars), le décrivant comme un mécanisme permettant de puiser dans l'avenir pour sauver la situation.
Concernant les mécanismes appliqués aux pays candidats, Fidan a souligné que certaines ressources nécessitent l'approbation des États membres de l'UE. “À cet égard, certaines difficultés pourraient se poser pour la Türkiye en raison de la Grèce et de l'administration chypriote grecque”, a-t-il fait savoir.
Malgré cela, a-t-il détaillé, le fonds plus important de 800 milliards d'euros, ainsi que le nombre croissant d'entreprises turques créant des sociétés et des coentreprises dans toute l'UE, permettront à la Türkiye de bénéficier des instruments financiers du bloc.
La présence croissante des entreprises turques dans l'UE, à travers de nouvelles sociétés et des partenariats, permettrait à la Turquie de mieux utiliser ces fonds, a-t-il développé.
Il a déclaré qu'Ankara ambitionne de bâtir une coopération fondée sur la prospérité non seulement avec l'UE, mais aussi avec ses partenaires à l'est, au nord et à travers la Méditerranée.
Fidan a mentionné que l'UE était parvenue à devenir une entité supranationale, mais qu'elle “n'avait pas pu devenir une entité transcendant la civilisation”.
Soulignant les progrès de la Türkiye , il a ajouté que le pays avait réalisé d'importants investissements dans les infrastructures, l'énergie, la défense, la santé, les communications et l'éducation, en grande partie sans recevoir de fonds européens majeurs.
“La Türkiye dispose aujourd’hui d’infrastructures bien supérieures aux normes de nombreux pays européens, et sa population approche les 90 millions d’habitants”, a-t-il assuré.
Les Chypriotes turcs n'accepteront pas un statut de citoyens de seconde zone.
Fidan a également abordé la question de Chypre, soulignant qu'Ankara continuerait de défendre l'égalité des droits souverains des Chypriotes turcs.
“Ils n’accepteront pas un statut de seconde zone, et nous non plus, en tant qu’État garant”, a-t-il soutenu, ajoutant que le modèle à deux États est la formule la plus réaliste et la plus stable.
Il a indiqué avoir rencontré le président de la RTCN, Tufan Erhurman, lors de sa récente visite en Türkıye, où ils ont discuté du renforcement de la coordination en matière de politique étrangère, de communication et d'action conjointe.
“La réunion a été productive et je suis convaincu que nous travaillerons ensemble de manière coordonnée et harmonieuse”, a-t-il signalé.
Fidan a critiqué l'UE pour avoir “importé le problème chypriote grec dans son système”/ affirmant que les règles de prise de décision du bloc avaient été exploitées, conduisant à des blocages internes répétés.
Il a noté que l'UE cherche désormais à passer du vote à l'unanimité au vote à la majorité qualifiée car elle ne peut pas prendre de décisions sur plusieurs questions clés, “ y compris celles liées à la Türkiye”.
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