Un sommet européen des maires contre l’antisémitisme à Paris aux accents sionistes

Un sommet européen des maires contre l’antisémitisme a eu lieu cette semaine à Paris pour la première fois. 130 villes étaient présentes à cet événement organisé par un lobby pro-israélien pour faire adopter le narratif sioniste par les élus locaux

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L’élue de Rosny sous Bois, Shannon Seban et directrice de la branche française de l’ONG Combat antisemitism movement

Pour la première fois, ce sommet s’est tenu en France, sous la présidence de la maire de Paris, Anne Hidalgo. Cet évènement a même eu lieu à la mairie de Paris et a rassemblé des chercheurs, des maires et des élus locaux pour partager des solutions concrètes et efficaces conte l'antisémitisme, explique l’organisation de ce sommet, l’ONG Combat antisemitism movement France.

Cette ONG est une émanation de l'ONG américaine du même nom.  

130 élus de villes européennes de 35 pays étaient présents à Paris pour ce sommet. L’élue de Rosny sous Bois, Shannon Seban et directrice de la branche française de l’ONG Combat antisemitism expliquait sur radio J, la radio communautaire juive vouloir donner des outils techniques aux maires. 

Selon elle, “il y a urgence à agir” car l’antisémitisme est en hausse depuis le 7 octobre 2023 et, insiste-t-elle, seule une petite dizaine des 35 000 communes françaises ont un plan de lutte contre l’antisémitisme. Elle préconise des formations pour les professeurs et les personnels municipaux. 

Le mouvement a remis une récompense à la coordinatrice de la lutte contre l’antisémitisme de la Commission européenne, Katharina von Schnurbein, et a remis le prix du courage à Lassahna Batily, ce français d’origine malienne qui a aidé les clients du supermarché casher de Vincennes lors de la prise d’otage de 2015.

Qui se cache derrière ce sommet ? 

En apparence, la rencontre relève du lobbying classique  au service d’une cause noble puisqu’il s’agit de lutter contre le racisme et les idées reçues.

Sauf que cette organisation connue pour publier chaque semaine un bilan des actes anti-sémites, oeuvre à imposer au niveau des institutions politiques une définition extensive de l’antisémitisme. 

En septembre dernier, le Conseil juif australien dénonçait l'organisation du tout premier sommet similaire à Gold Coast.  Les maires et les conseillers municipaux, élus pour représenter leurs communautés, se sont vus offrir des vols, un hébergement et des repas gratuits pour assister à un sommet contre l'antisémitisme soutenu par des groupes politiques d'extrême droite pro-israéliens, dénoncait l’organisation juive australienne dans un communiqué.

Le Sommet des maires européens contre l'antisémitisme, organisé par le Combat Antisemitism Movement (CAM) basé aux États-Unis, est présentée comme une initiative en faveur de la sécurité communautaire. C’est plus spécifiquement une forme de lobby pour renforcer le soutien à Israël au niveau des collectivités locales, dénonçait le même conseil juif.

Le CAM, financé par de grands donateurs républicains américains, est bien connu pour diffamer les universitaires pro-palestiniens. Proche du gouvernement Netanyahu, il soutient les attaques de Trump contre les responsables de l'ONU et est lié à la Gaza Humanitarian Foundation. 

Le Conseil juif australien, dans son communiqué, concluait qu’“en réalité, il s'agit d'un voyage politique pro-israélien destiné à promouvoir un programme politique unilatéral, en réduisant au silence les critiques légitimes à l'égard d'Israël en les assimilant à de l'antisémitisme.” 

Jillian Segal, tête d'affiche de l'événement australien, milite pour le retrait du financement des universités et des organisations caritatives qui ne suivent pas la définition controversée de l'antisémitisme de l'IHRA, une définition qui, selon les critiques, est utilisé pour punir les défenseurs de la cause palestinienne. Jilian Ségal est également liée à “Advance”, un groupe d’extrême-droite. Ce lobby digital est financé par de riches australiens aux idées proches du populisme américain de Trump. Ils sont contre l’immigration, les impôts, et les énergies renouvelables.

Le Conseil juif d'Australie avait appelé les maires australiens à boycotter l'événement de septembre. En revanche, en France, aucune polémique ou réaction. Le Sommet européen a été accueilli par la maire socialiste de Paris comme si de rien n’était.