Accord avec le Mercosur, fonds russes : l’Union européenne choisit la prudence

Réunis à Bruxelles, les chefs d'État européens reportent la signature de l’accord avec les pays du Mercosur à janvier. Ils choisissent aussi de ne pas toucher à l’argent russe bloqué dans l’UE et accordent un prêt de 90 milliards d’euros à l’Ukraine

By
Près de 8 000 agriculteurs ont manifesté ce jeudi à Bruxellesa lors que le Conseil européen discutait du traité avec le Mercosur / Reuters

Deux dossiers chauds attendaient les chefs d’Etat européens réunis jeudi à Bruxelles, l’accord de libre-échange avec le Mercosur et les fonds russes bloqués dans l’Union européenne.

Les agriculteurs ont choisi de se rappeler au bon souvenir des dirigeants européens. Près de 7 300 fermiers ont manifesté leur colère contre l’accord UE-Mercosur dans le quartier européen. Dans la soirée, la présidente de la Commission européenne a annoncé le report de la signature de l'accord UE-Mercosur à janvier, faute de feu vert d’une majorité qualifiée d'États membres pour signer samedi prochain ce texte avec les pays d’Amérique du sud.

Si l’Espagne, l’Allemagne poussaient pour une signature rapide, la France, la Pologne et l’Italie demandaient plus de temps car ils font face à la grogne de leurs agriculteurs qui craignent l’arrivée sur le marché européen de la viande brésilienne et argentine, du soja etc… Ces produits ne sont pas soumis aux mêmes règles environnementales et médicales et les syndicats agricoles estiment que l’accord avec le Mercosur équivaut à une concurrence déloyale.

Il va “redevenir utile” de parler avec Poutine

Les pays européens étaient également divisés sur le dossier ukrainien. Le président du Conseil européen a annoncé en soirée un prêt de 90 milliards d’euros à l’Ukraine, un prêt à taux zéro. 


La Commission européenne souhaitait utiliser une partie de l’argent russe bloqué dans l’Union européenne depuis 4 ans pour aider Kiev mais la Belgique a refusé tout net. Ces 210 milliards d’euros sont bloqués par la société belge Euroclear et le pays craignait les recours en justice de la Russie. La Belgique a également mis en avant l’effet négatif d’une telle décision sur les futurs investisseurs qui souhaiteraient placer leur argent dans l’Union.

Un émissaire du Kremlin pour les questions économiques, Kirill Dmitriev, a salué vendredi une victoire du "bon sens", après l’annonce de cette décision.

Les besoins de financement de l’effort de guerre sont estimés à 137 milliards : 90 milliards sont donc pris en charge par l’UE (deux tiers), le reste étant assuré par d’autres alliés, dont la Norvège et le Canada. 

Signe d’un possible changement de braquet de l’Union européenne vis-à-vis de la Russie, Emmanuel Macron, le président français a, lors de ce conseil européen, déclaré qu’il “va redevenir utile” de parler à Poutine, le président russe.