Islamophobie: Chalghoumi, Pina et Bergeaud-Blackler figurent parmi les contributeurs du rapport LR
Le rapport des sénateurs LR qui propose d’interdire le voile et le jeûne du ramadan aux mineurs, est jugé contraire à la laïcité par les spécialistes et rédigé par des contributeurs islamophobes tels que Chalghoumi, Pina et Bergeaud-Blackler.
Vingt-neuf sénateurs Les Républicains ont rendu public, mardi, un rapport de 108 pages consacré à la lutte contre ce qu’ils qualifient d’”islamisme” en France. Le document avance un ensemble de 17 mesures dont plusieurs portent directement sur les pratiques religieuses des musulmans.
Les auteurs recommandent notamment d’interdire le port du voile pour les moins de 16 ans et de prohiber le jeûne du ramadan pour cette même tranche d’âge.
Ils préconisent également de sanctionner financièrement les parents de filles voilées, et de refuser la participation d’accompagnatrices scolaires portant un voile lors des activités organisées par les établissements.
Acharnement contre les musulmans
Au-delà des mesures concernant le voile et le ramadan pour les mineurs, le rapport s’intéresse également aux pratiques religieuses dans le domaine sportif. Il recommande que les compétitions, y compris celles organisées par des clubs amateurs, se déroulent “sans signes religieux visibles”, pointant indirectement encore une fois le voile, pour toutes les catégories d'âge.
Les sénateurs souhaitent également renforcer la “neutralité” des personnels et des intervenants dans les établissements scolaires et universitaires, en renforçant le contrôle autour des acteurs associatifs œuvrant dans les quartiers populaires, en privilégiant les structures qu’ils considèrent comme indépendantes des groupes confessionnels.
Le texte évoque aussi les lieux de culte musulmans et leurs financements. Il préconise d’instaurer une traçabilité complète des fonds reçus depuis l’étranger par les mosquées ou les associations cultuelles, et d’accentuer la surveillance des activités à caractère religieux pouvant, selon les auteurs, contribuer à des formes d’influence extérieure.
Cette préoccupation se retrouve également dans les propositions relatives aux mariages célébrés à l’étranger : le rapport suggère d’auditionner les futurs époux avant l’autorisation du mariage afin d’éviter, selon eux, des situations jugées problématiques.
Balle perdue pour le Crous
Les chapitres consacrés au contrôle administratif recommandent pour leur part de rattacher les visas, les titres de séjour et certains dossiers à caractère migratoire directement au ministère de l’Intérieur.
Les sénateurs proposent également de renforcer les obligations de “neutralité” qui pèsent sur certains élus et responsables publics, en leur interdisant le port de signes religieux dits “ostentatoires”. Le rapport appelle aussi à réaffirmer, dans les espaces éducatifs, culturels et sportifs, le principe de mixité entre filles et garçons.
Dans le rapport, les sénateurs affirment également que certains espaces publics et universitaires seraient exposés à des influences religieuses qu’ils jugent contraires au principe de neutralité.
Ils citent en particulier les services du CROUS, considérant que la présence d’aliments halal pourrait résulter d’une pression exercée par des groupes organisés.
Les auteurs présentent cet ensemble de recommandations comme une contribution à un “réarmement républicain”, qui devrait s’exercer simultanément sur les plans intellectuel, juridique, administratif et politique.
Trois mousquetaires de renom
Le rapport indique par ailleurs que ces travaux ont bénéficié des contributions de trois personnalités controversées connues pour leurs prises de position polémiques sur les questions religieuses liées à l’Islam et au Moyen-Orient, mais aussi leur incompétence en la matière : l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, l’essayiste Céline Pina et l’imam Hassen Chalghoumi.
La “spécialiste” du CNRS, Florence Bergeaud-Blackler, qui est entre autre, l’auteure du rapport sur “l’entrisme des Frères musulmans” en France et se targuait d’avoir appris “l’arabe classique” en Syrie, s’était ridiculisée en direct lors d’un entretien avec la chaîne Thinkerview, révélant qu’elle n’en parlait pas un seul mot.
La concernée est aussi connue pour son obsession islamophobe. Elle affirmait dans le même entretien que “le Conseil français du culte musulman est un peu une mafia”, tandis qu’elle associait récemment la victoire de Zohran Mamdani à New-York, aux attentats du 11 septembre.
L’essayiste Céline Pina avait tristement défrayé la chronique après avoir affirmé dès novembre 2023, en plein génocide palestinien, sur la chaîne d’extrême droite Cnews, qu’"une bombe qui explose tuera sans doute des enfants, mais ces enfants ne mourront pas en ayant l’impression que l’humanité a trahi tout ce qu’ils étaient en droit d’attendre".
Céline Pina avait également comparé le voile porté par les musulmanes à un “brassard nazi” sur la chaine Public Sénat.
L’inénarrable Hassen Chalghoumi qu’on ne présente plus, érigé malgré lui en porte-parole des musulmans de France - et malgré eux -, fait quant à lui depuis très longtemps l’unanimité, en devenant la risée de tous les Français dans un pays fracturé.
“Contraires à la laïcité”, selon un spécialiste
Nicolas Cadène, ancien rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, souligne avant tout que les 17 propositions des sénateurs LR ne sont pas un vrai rapport du Sénat mais un simple tract politique de droite destiné à faire de la surenchère électorale.
Il les considère contraires à la laïcité, contre-productives et même dangereuses, car elles transforment la laïcité en instrument de suspicion généralisée contre les musulmans au lieu de la garder comme principe de liberté et de neutralité de l’État.
Selon lui, ces mesures sont d’abord juridiquement très fragiles car elles violent l’égalité devant la loi, la liberté de conscience et la jurisprudence constante qui réserve la neutralité religieuse aux seuls agents publics et non aux simples citoyens.
Elles ciblent presque exclusivement des pratiques musulmanes visibles (voile, foulard, jeûne) alors que la laïcité interdit à l’État de discriminer une religion en particulier.
Cadène estime également qu’elles sont politiquement inefficaces car en stigmatisant des millions de personnes qui ne représentent aucune menace, elles nourrissent le sentiment d’humiliation et de rejet qui, précisément, favorise le repli communautaire et donne des arguments aux islamistes radicaux.
L’ex-rapporteur démonte l’idée d’interdire le foulard aux mères accompagnatrices scolaires, car ces femmes ne sont pas agentes publiques, leur imposer la neutralité est donc absurde et discriminatoire.
Il rejette aussi l’interdiction de tout foulard “perçu comme tel” dans le sport amateur : les règlements sportifs permettent déjà d’interdire un vêtement pour des raisons objectives de sécurité ou d’hygiène ; aller plus loin, c’est graver la discrimination dans la loi.
Cadène trouve “absurde” d’exiger une neutralité permanente des élus locaux : on élit des gens pour leurs convictions, pas pour qu’ils soient muets sur leurs idées. Il refuse qu’on interdise à des mineurs de moins de 16 ans certaines pratiques religieuses comme le jeûne : l’État n’a pas à se faire “juge religieux”.
Quant à l’interdiction du voile pour les mineures, il rappelle que le droit existant protège déjà les enfants contre toute forme d’emprise ou de pression, et qu’il vaudrait mieux renforcer les services sociaux que multiplier les lois stigmatisantes.
En résumé, pour Nicolas Cadène, ces propositions font exactement l’inverse de ce que doit faire la laïcité. Au lieu de protéger la liberté et l’égalité, elles ciblent une population, mélangent ordre public et ordre moral, et finissent par renforcer les communautarismes qu’elles prétendent combattre.
Par ailleurs, une autre question qui s’impose est celle de savoir comment les autorités vont empêcher les musulmans de jeûner.
Le député LFI, Antoine Léaument, a ironisé sur l’impossibilité d’appliquer une telle mesure. ”Ils comptent faire quoi ? Gaver des jeunes avec un entonnoir à la cantine pour les forcer à manger ? L’islamophobie n’aura donc aucune limite dans ce pays ?”.
Dans le débat public, des intervenants interrogent également la manière dont les principes de laïcité seraient appliqués si de telles mesures venaient à être adoptées, en rappelant que ces principes s’appliquent à l’ensemble des religions reconnues par la loi française, qu’il s’agisse du port de la kippa par les mineurs juifs ou de toute autre pratique visible dans l’espace public.