Les railleries avaient commencé dimanche soir sur le recyclage de 12 ministres de l’ancien Premier ministre. La présentation du nouveau gouvernement avait plus l’air d’un copier-coller que d’une rupture comme prévu. Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, avait comparé cette équipe au radeau de la Méduse de Géricault.

Sébastien Lecornu, le Premier ministre, a expliqué dans une brève allocution les raisons de sa décision de ce lundi matin. Le chef du gouvernement démissionnaire explique avoir cherché à construire un chemin mais que les conditions pour se présenter devant les députés n’étaient pas réunies et il blâme l’attitude des partis politiques, de l'opposition mais aussi du socle commun. 

“La composition du gouvernement a réveillé les appétits des partis du socle commun”, a-t-il regretté.

Par ces mots, il évoque le comportement des Républicains qui ont fait monter les enchères tout le week-end exigeant plus de ministres et refusant tout net la nomination de Bruno Le Maire, ex-ministre de l’Economie, au ministère des Armées. Les Républicains ne voulaient pas être associés au bilan d’un gouvernement où siégeait Bruno Le Maire, un ministre associé au déficit du budget français.

Retailleau blâmé pour l’échec du gouvernement Lecornu

Trois heures après sa nomination, Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, menaçait de quitter l'exécutif. 

Sébastien Lecornu aura été Premier ministre moins d’un mois. Avant son départ, il a lancé un message aux Français: “il suffirait de peu pour que ça fonctionne”, en appelant députés et élus à plus d’humilité et moins d’égos. Il critique à la fin de son intervention les lignes rouges que tous ont mis en avant, sans vouloir construire de lignes vertes pour travailler ensemble.

Sa dernière phrase est cinglante: “il faut préférer son pays à son parti.”

Sébastien Lecornu est ainsi devenu le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Il aura en tout cas livré aux Français un scénario digne de la IVe République, connue pour son instabilité politique.
Les réactions se multiplient à gauche comme à droite et la plupart des partis politiques réunissent leurs états-majors aujourd’hui.
En réaction à l’annonce de la démission du Premier ministre, Marine Le Pen, cheffe du Rassemblement national a appelé ce lundi le président de la République pour dissoudre l’Assemblée nationale, considérant que c’est le seul moyen pour sortir de la crise.

Olivier Faure, secrétaire général du parti socialiste, choisit de saluer le geste du Premier ministre: “ je me demandais s’il restait un gaulliste dans ce pays, il y en avait un et il vient de démissionner avec dignité et honneur.”