COP 30 : le Maghreb sera présent mais avec des attentes

La conférence internationale sur le changement climatique ouvre ce lundi à Belém au Brésil. Les représentants de 146 pays, dont ceux de la Tunisie, du Maroc et de l’Algérie, y sont attendus avec l'espoir d'obtenir plus de soutien.

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La Tunisie a souffert de trois années de sécheresse entre 2021 et 2023

Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie seront sans aucun doute les porteurs de la voix de l’Afrique lors de la conférence internationale sur le changement climatique qui s’ouvre ce lundi à Belém, au Brésil. 

Dix ans après l’Accord de Paris, le continent continue de subir des impacts climatiques dévastateurs — sécheresses, inondations et élévation du niveau de la mer — alors qu’il ne représente que moins de 4 % des émissions mondiales. La question du financement de la lutte contre le réchauffement n’est toujours pas réglée.

Le continent africain estime qu’il a besoin de 1 300 milliards de dollars par an pour la période 2025-2030 pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Les 45 pays les moins développés situés pour la plupart en Afrique demandent qu’au moins 220 milliards de dollars leur soient alloués chaque année.

Mais la COP 29 s’est terminée sur une promesse de soutien financier en deçà des demandes africaines, et cette édition risque de voir se répéter le même scénario.  Ana Toni, la présidente de la conférence, a prévenu que la COP 30 n’avait pas pour objectif de fixer de nouveaux montants, le cap des 300 milliards de dollars d’ici 2035 pour les pays en développement ayant été acté lors de la COP 29. 

Les pays du Maghreb avancent à petit pas

Selon l’ONU Climat, seuls 10 des 200 signataires de l’accord de Paris de 2015 ont soumis leur stratégie actualisée de réduction des gaz à effet de serre d’ici 2035. Les pays du Maghreb sont parmi ces pays qui n’ont pas communiqué leur bilan.

Ainsi, après les accords de Paris, l’Algérie a publié sa première Contribution Déterminée au niveau National (CDN) pour mettre en œuvre les orientations de l’accord, mais ce fut la première et la dernière CDN. Son objectif de réduction d’émissions était alors de 7 à 22 % d’ici 2030 selon le niveau de soutien international. Mais en 2025, l’Algérie continue à dépendre des hydrocarbures, et il y a une quasi absence de stratégie nationale de décarbonation.

Le Maroc plus actif sur le front climatique ?

 Le Brésil, hôte de la conférence, entend en faire un moment de relance de l’ambition mondiale et de validation des nouvelles NDC couvrant la période jusqu’en 2035.

La présidente brésilienne Ana Toni, la présidente de la COP 30, n’a pas hésité à déclarer lors d’une rencontre avec la presse étrangère organisée par l’Association de la presse internationale (AIE), que le Maroc, qui a accueilli la COP 22, était un partenaire actif.

Le Maroc est en effet impliqué dans deux projets sur le continent africain : la “cuisson propre”, programme visant à remplacer les combustibles traditionnels par des méthodes de cuisson moins polluantes, et la Mission 300, projet ambitieux visant à étendre l’accès à l’électricité à 300 millions d’Africains d’ici 2030.

Mais le Maroc, l’Algérie et la Tunisie sont tous confrontés aux mêmes défis. Ils sont en train de devenir des régions de plus en plus arides. Par exemple, entre 1999 et 2002, la Tunisie a connu l’une des plus grosses sécheresses depuis le 15ème siècle, selon le WWF (World Wide Fund For Nature). Ces sécheresses conduisent à une pénurie d’eau chronique, ce qui à long terme peut avoir des conséquences sur les activités économiques comme l’agriculture et l’industrie touristique locale.


Le Maghreb face à la sécheresse

De plus, avec 1 835 km de côtes pour le Maroc et 1148 km pour la Tunisie, ces deux pays sont fortement menacés par la hausse du niveau des mers. Ce sont près de 16 000 hectares de terres agricoles qui risquent d’être submergés par les eaux.

Mais il reste une constante face à ces défis, la mise en œuvre des feuilles de route réactualisées reste conditionnée au respect des engagements financiers des pays du Nord.

Et le contexte actuel est de plus en plus défavorable à la lutte contre le réchauffement climatique, les aides aux développement s’amenuisent en Europe comme aux États-Unis. En outre, la sortie des énergies fossiles n’est pas au programme de la COP 30 et les promesses faites à Bakou ne sont pas suffisantes, selon les pays africains.

Une bonne nouvelle tout de même, le fonds pertes et dommages, lancé lors de la COP 27 entre dans sa phase concrète, les pays en voie de développement peuvent candidater à ce fonds de compensation des pertes et dommages climatiques.