La police lausannoise, mise en cause après la révélation de messages racistes sur WhatsApp

Une enquête de la RTS dévoile les messages racistes, sexistes et extrémistes échangés entre policiers lausannois sur WhatsApp, sans réaction interne, révélant ainsi la banalisation inquiétante de ces dérives au sein du corps de police.

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Les contenus proviennent de deux groupes WhatsApp, “Pirate F” et “Les Cavaliers”, réunissant environ cinquante policiers et policières. / Others

Les contenus proviennent de deux groupes WhatsApp, “Pirate F” et “Les Cavaliers”, réunissant environ cinquante policiers et policières. Au total, près de 2 500 pages de messages ont été analysées. Certains agents concernés ont quitté la police depuis, tandis que d’autres sont toujours en service.

Les messages publiés montrent des insultes visant des personnes noires, des Roms, des Juifs, des migrants, des défenseurs du climat ou encore des femmes. 

Plusieurs formules discriminatoires apparaissent : remarques sur “des gens noirs qui sentent mauvais”, expression “de bonne négresse”, ou encore allusions à des “safaris” en centre-ville pour désigner des interventions policières impliquant des personnes noires.

La RTS relève aussi l’apparition de références au Ku Klux Klan dans les conversations. Des messages contiennent des “blagues” visant la présence supposée d’”Arabes à Lausanne” ou évoquant un “temps maghrébin” décrit comme “gris, maussade et menaçant”.

Hitler, sexisme et moqueries contre les handicapés

Certaines publications glorifient explicitement Adolf Hitler. Une policière diffuse une image de recrutement de la police lausannoise ; un collègue répond “La Gestapo recrute !” puis “White Power !”. Une image d’Hitler portant la légende “Hitler approves” est ensuite partagée.

Les messages incluent également des propos anti-Juifs. Dans un échange, lorsqu’un ex-policier propose un vêtement à 40 francs, un collègue le traite de “sale Juif”, sans qu’aucune réaction de désapprobation ne soit exprimée par les autres membres du groupe.

De nombreux commentaires sexistes figurent dans les discussions. Un policier relaie un article évoquant les propos d’un religieux saoudien affirmant que les femmes ne disposeraient que d’”un quart de cerveau”. 

L’agent approuve ce message et un collègue le félicite. Dans un autre échange, l’arrivée d’une nouvelle collègue est commentée par un policier qui écrit : “Il y a une nouvelle petite, elle sent le petit lait”.

Les conversations contiennent également des “blagues” sur les personnes handicapées, notamment une question sur “le plat préféré d’un cuisinier trisomique”, à laquelle la réponse donnée est “Trisotto”.

Les discussions montrent en outre la frustration de plusieurs agents quant aux moyens opérationnels de la police lausannoise. 

Après qu’un homme armé a été maîtrisé près du centre cantonal pour requérants d’asile en juin 2023, un policier affirme dans le groupe qu’il l’aurait “perso” abattu. Un collègue répond qu’il aurait fait la même chose.

Certains échanges évoquent même une réticence supposée des policiers à utiliser la force : “On en est venu au point que les collègues n’osent pas tirer”, écrit l’un d’eux.

Selon la RTS, les messages à caractère raciste, sexiste ou extrémiste sont insérés au milieu de conversations courantes portant sur les horaires de travail, les vacances ou les sorties entre collègues, sans qu’aucune condamnation n’apparaisse.